pour la scienceVolontaires pour tester des sextoys, Cécile et Damien nous racontent

« Le principal, c’est le confort », et « le côté intuitif »… La mission de Cécile et Damien ? Tester des sextoys

pour la scienceA l’occasion de la Journée mondiale de l’orgasme ce mercredi, deux testeurs de sextoys racontent leur mission visant à faire progresser la science de l’orgasme
Le Lovehoney group fait tester tous ses sextoys aux membres de son panel.
Le Lovehoney group fait tester tous ses sextoys aux membres de son panel. - SCHALL & SCHNABEL / Lovehoney
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Leader mondial du secteur des sextoys, le groupe allemand Lovehoney recherche 500 testeurs.
  • A l’occasion ce mercredi de la Journée mondiale de l’orgasme, 20 Minutes passe au crible cette mission bien particulière.

«Et la couleur, vous la trouvez jolie la couleur ? » « Et la forme, vous l’aimez ? ». « Et la prise en main, elle est assez intuitive ? » Quand vous entrez dans une boutique coquine à la recherche du sextoy qui vous transportera au septième ciel, vous n’imagineriez jamais toutes les questions qu’il a fallu se poser au cours de la longue phase de recherche et développement (R&D) par laquelle les marques de jouets pour adultes doivent en passer au préalable. Tout au long de ce processus, l’avis des premières personnes concernées – futurs utilisateurs et utilisatrices - est capital.

C’est pour cette raison que le Lovehoney Group, leader international du secteur avec ses marques Womanizer, Arcwwave et We-Vibe, propose aux personnes volontaires de se masturber pour la science. Et recherche en France 500 personnes pour intégrer son panel, qui compte à ce jour 17.000 testeurs et testrices dans 90 pays. En quoi consiste cette mission au juste ? A l’occasion de la Journée internationale de l’orgasme, 20 Minutes s’intéresse à ces bonnes âmes qui font bénévolement progresser la science de la jouissance.

« J’adore donner mon avis »

Pour le Lovehoney Group, ces tests ont pour « objectif de développer des produits qui répondent aux besoins et aux souhaits des clients, explique Elisabeth Neumann, responsable des tests utilisateurs de la firme. Nos marques proposent des produits sex-tech au design innovant, élégant et de grande qualité. Mais cela n’est possible que si nous prenons en compte les avis et commentaires de nos utilisateurs ».

Parmi eux, Cécile, 46 ans. Plus de vingt ans après avoir acheté son « tout premier sextoy à Pigalle, à l’époque des canards vibrants », elle a rejoint le panel en mai dernier. « Ça fait des années que je participe à des panels de consommateurs pour plein de produits. J’adore donner mon avis, et je trouve ça amusant de participer à l’élaboration d’un sextoy ».

Déjà client du Lovehoney Group, Damien, 40 ans, est devenu testeur il y a un peu plus d’un an. « J’avais acheté des sextoys connectés, pour offrir, donc j’étais déjà inscrit sur le site. C’est comme ça que j’ai reçu un mail me proposant de rejoindre le panel, et j’ai trouvé ça marrant ». En pratique, « on s’inscrit, on répond à quelques questions simples pour déterminer notre profil : âge, sexe, orientation sexuelle, si on est en couple, le type de sextoy qu’on est prêt à tester », indique Cécile. Puis, « on reçoit des questionnaires toutes les trois semaines, un mois. Ça prend une dizaine de minutes, et ce n’est pas intrusif », précise Damien.

« Parler librement » et « démocratiser les sextoys »

Et les sextoys, Damien en est adepte depuis une dizaine d’années. « Mais en trouver pour les mecs, au départ, ce n’était pas simple. Aujourd’hui, il y a des avancées, mais le choix est beaucoup plus restreint que pour les femmes. Ce panel, c’est un moyen de démocratiser les sextoys pour tout le monde, notamment les hommes, pour qui c’est peut-être plus compliqué d’en parler, ou d’envisager d’en utiliser ». Car c’est avec ses amies femmes que le jeune quadra en parle le plus librement, « sans aucun tabou ». C’est aussi à ses amies qu’il en offre. « Pendant le premier confinement, ma meilleure pote était seule chez elle et s’emmerdait, alors pour son anniversaire, je lui ai fait livrer un Womanizer. Elle m’en remercie encore et en a parlé à ses copines. Du coup, je leur en ai offert aussi », raconte cet ami attentionné.

« Pendant la crise sanitaire, on a eu peur, subi beaucoup de contraintes. Faire des rencontres n’était plus possible, rappelle Cécile. Ça a nourri chez beaucoup une quête de bien-être. Et au même titre qu’une séance de yoga, un sextoy procure apaisement et joie. J’ai des copines qui utilisent le leur tous les jours, c’est devenu un élément essentiel de leur bien-être général et sexuel. Alors pouvoir en parler librement, ça fait du bien ».

Sa voix dans le panel, Cécile tient donc à la faire entendre. « On est dans une société hypernormalisée, où chacun se voit coller une étiquette. Avec ce panel, on est libre de notre parole, notre avis compte, souligne-t-elle. En 2022, je trouve ça génial qu’on me demande mon avis pour ces produits ».



« Ce sera un peu grâce à moi »

Sa mission de testeuse, Cécile la prend donc très à cœur : « Je trouve super d’avoir un impact sur la conception des futurs sextoys, leur forme, leur couleur, leur toucher. J’adore l’idée que mes retours participent à ce que d’autres femmes aient un produit adapté à leur envie, leur expérience. Je me dis que ce sera un peu grâce à moi ».

Autant de détails auxquels Damien est sensible. « Au fil du temps, j’ai pu voir les différences dans la conception des différents sextoys. Pour les femmes, ce sont des objets glamours, colorés et sexy. Alors que, pour les mecs, c’est souvent des objets hyper technologiques, très gris, voire à led. Ça ressemble à des rasoirs électriques. Autant j’aime bien ce côté techno et un peu geek, autant j’aimerais que les sextoys masculins aient un aspect qui inspire davantage le plaisir, sans quoi ça déshumanise l’expérience. Donc j’ai envie de pousser pour rendre l’objet plus humain ».

Si pour l’heure, elle n’a fait que répondre aux questionnaires, Cécile est prête à se masturber pour la science : « J’ai hâte de tester un sextoy en cours d’élaboration et de faire un retour d’expérience ! » Et elle sait déjà les points auxquels elle sera la plus attentive. « Le principal, c’est le confort, si c’est joli tant mieux, mais c’est d’abord quelque chose qu’on utilise, donc il faut que ce soit confortable, simple et rapide à nettoyer ».

« J’ai dû regarder un tuto »

Damien, lui, a déjà eu cette chance. « J’ai reçu un masturbateur pénien à air pulsé, se souvient-il. Mais il s’est révélé un peu trop technologique. Je l’ai testé à l’instinct, mais au bout de 30 secondes, j’ai dû aller choper le mode d’emploi et regarder un tuto pour comprendre comment marchait le truc, parce que c’était pas du tout intuitif. Donc mon retour c’était : la technologie c’est bien, mais il faut veiller à garder le côté plaisir intuitif ».

Petit détail qui ne gâche rien, « c’est une nouvelle version d’un modèle qui existe et vaut 200 euros, donc c’est cool de l’avoir gratos parce que les sextoys masculins, c’est cher. Et c’est cool aussi de découvrir de nouvelles choses, d’avoir l’occasion d’explorer avec précision ce que j’aime sexuellement, et éventuellement de le tester à deux », confie Damien.

Petite récompense supplémentaire, « on a des points quand on répond aux questionnaires, que l’on peut convertir en jouets », se réjouissent Cécile et Damien, songeant déjà au prochain qui rejoindra leur collection. « Tester des sextoys fait qu’on en parle beaucoup plus autour de nous, ajoute Damien. Et plus on pratique, plus on a envie de pratiquer, ça alimente une certaine appétence ».