la flippanceL’année 2022 ou la menace d’un « Armageddon »

Rétro 2022 : Quand la menace d’un « Armageddon » n’a jamais été aussi proche

la flippanceDébut octobre, au moment où le conflit en Ukraine s’enlise, Joe Biden évoque le risque d’une « apocalypse » nucléaire
Des policiers examinent les fragments collectés des roquettes russes qui ont frappé Kharkiv, le samedi 3 décembre 2022.
Des policiers examinent les fragments collectés des roquettes russes qui ont frappé Kharkiv, le samedi 3 décembre 2022.  - Libkos/AP/SIPA / SIPA
Marion Pignot

M.P. avec AFP

L'essentiel

  • Comme chaque année, la rédaction de 20 Minutes vous accompagne durant les fêtes de décembre. Et comme chaque à cette période, on revient sur l’année écoulée et on prévoit celle à venir.
  • Jusqu’au 31 décembre, retrouvez tous les grands événements de 2022, des plus catas aux plus sympas. Dans ce troisième épisode, retour l’année où la perspective d’un « Armageddon » s’est faite soudainement plus réelle
  • « Nous n’avons pas été confrontés à la perspective d’un Armageddon depuis Kennedy et la crise des missiles cubains en 1962 », a effectivement lancé Joe Biden en octobre. Pas faux et sa phrase a fait tressaillir le monde entier.

Menaces de recourir à l’arme nucléaire, catastrophe climatique, etc. L’année 2022 aura été celle où la perspective d’un « Armageddon » s’est faite soudainement plus réelle. C’est début octobre, au moment où le conflit en Ukraine s’enlise, que Joe Biden, à la tête du seul pays ayant utilisé l’arme atomique en temps de guerre, évoque le risque d’une « apocalypse » nucléaire.

Le président américain réagissait aux menaces du président russe Vladimir Poutine d’utiliser l’arme fatale en Ukraine, pays ravagé par les bombes russes ayant fait des milliers de morts et dont l’invasion, le 24 février, aura bouleversé l’ordre géopolitique et la stabilité mondiale. « Nous n’avons pas été confrontés à la perspective d’un Armageddon depuis Kennedy et la crise des missiles cubains en 1962 », lance alors Joe Biden dans un registre dramatique qui fait tressaillir le monde entier. D’aucuns évoquent la mémoire de la Deuxième guerre mondiale et craignent même une troisième.

L’Agence internationale de l’énergie atomique dénonce « une folie »

La menace d’une catastrophe est également dans tous les esprits au moment où la centrale nucléaire de Zaporojie en Ukraine, la plus grande d’Europe, est dangereusement la cible de tirs. Les appels à y créer un périmètre de sécurité sont restés lettre morte et le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, dénonce « une folie ». « Qui que ce soit, arrêtez cette folie ! », exhorte-t-il mi-novembre, alors que Russes et Ukrainiens s’accusent mutuellement d’être responsables des tirs.



La chute mi-novembre d’un missile en Pologne fait craindre là encore le pire, que l’Alliance atlantique ne soit entraînée malgré elle dans une guerre contre la Russie aux conséquences imprévisibles. « Dieu merci », souffle un diplomate américain sous couvert de l’anonymat lorsqu’il apparaît que le missile, selon toute probabilité, ne venait pas de la Russie mais de la défense anti-aérienne ukrainienne. Et c’est ainsi qu’en 2022, sans oublier l’Iran et la Corée du Nord, la menace nucléaire aura été omniprésente.

« Cela changerait complètement la donne »

Le pays communiste reclus, doté de l’arme atomique, pourrait notamment faire bientôt un nouvel essai nucléaire. Dans un rapport annuel, la Global Challenges Foundation, un centre de recherches suédois, estime que le risque d’un recours à l’arme nucléaire n’a jamais été aussi fort que depuis 1945 lorsque les Etats-Unis bombardaient Hiroshima et Nagasaki, au Japon. Toute éventuelle frappe nucléaire russe concernerait sans doute une petite arme « tactique » mais les experts redoutent l’escalade.

« Cela changerait complètement la donne », prévient Kennette Benedict, chercheuse à l’université de Chicago et conseillère du Bulletin des scientifiques atomiques, qui livrera en janvier les dernières prédictions de « l’horloge de l’apocalypse », actuellement fixée à 100 secondes avant minuit.

Dans ce contexte d’anxiété généralisée et d’un monde déjà à cran après l’épidémie de Covid-19 et la flambée de l’inflation, la planète a dépassé en 2022 le seuil des 8 milliards d’habitants, selon l’ONU. Et elle est menacée d’une catastrophe d’un autre type : celle du réchauffement de la Terre.

« Une question de vie ou de mort »

Des inondations historiques au Pakistan cet automne aux incendies aux Etats-Unis ou dans l’Amazonie brésilienne, en passant par les canicules exceptionnelles en Europe et la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, les catastrophes naturelles se succèdent, imputées par les scientifiques à ce réchauffement de la planète dû aux émissions de gaz à effet de serre. Les records de chaleur s’enchaînent en Chine, dans le sud de la France ou encore au Québec et jusqu’aux confins de l’Arctique, attisant une prise de conscience sur la nécessité d’agir.

« Il s’agit pour nous d’une question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd’hui et pour notre survie demain », met ainsi en garde en octobre le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, avant la conférence annuelle sur le climat (COP27) de novembre en Egypte.

Celle-ci accouche finalement d’un bilan mitigé avec un accord sur l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique mais sans grande ambition sur la réduction de ces gaz à effet de serre. Les engagements pris à Charm el-Cheikh, s’ils sont intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4°C en 2100 et, au rythme actuel des émissions, sur celle d’un catastrophique +2,8°C.


notre dossier sur le nucléaire

« Ce dont nous avons réellement besoin ce sont des évaluations plus affinées sur comment les risques (causés par le changement climatique) pourraient se répercuter en cascade à travers le monde », estime Luke Kemp de l’université Cambridge, qui déplore une relative « dédramatisation » de certains acteurs y compris scientifiques.

Pour autant, tout n’a pas été pour le pire cette année alors que des campagnes de vaccination massives ont permis de, peut-être, tourner la page de l’épidémie de Covid-19, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estimant récemment qu’au moins 90 % de la population mondiale présente une forme d’immunité. Et l’un des plus ardents critiques du « pessimisme » ambiant, Steven Pinker, de l’université Harvard, relève que, globalement, la violence a drastiquement diminué dans le monde au cours des temps modernes.