POST-NECROLOGIE (4/5)Ils vont nous quitter en 2023… Il est mort le respect

Ils vont nous quitter en 2023… Il est mort le respect

POST-NECROLOGIE (4/5)Attention spoiler : le respect va mourir dans les mois à venir. « 20 Minutes » fait son éloge funèbre
Une chose est sûre, c'est qu'en 2023, le respect sera mort. A moins qu'il ne le soit déjà
Une chose est sûre, c'est qu'en 2023, le respect sera mort. A moins qu'il ne le soit déjà - 20 Minutes / Imgflip.com
Pauline Ferrari

Pauline Ferrari

L'essentiel

  • 20 Minutes prend un peu d’avance sur 2023 et sort sa boule de cristal pour préparer les nécrologies de l’année à venir.
  • Désolé pour le spoiler, mais toute la semaine, nous allons donc vous dévoiler qui va mourir l’année prochaine.
  • Aujourd’hui, voici la nécrologie du respect. Paix à son âme, petit ange parti trop tôt

Vous pouvez juger ça malsain ou porte-poisse mais voilà la triste vérité : les rédactions ont l’habitude de préparer des nécrologies de personnalité qui risquent de nous quitter dans les mois à venir. Ne reculant devant rien pour plus de transparence, 20 Minutes a décidé de dévoiler quelques-unes des nécrologies que nous avons mises au frigo pour 2023. Aujourd’hui, nous vous dévoilons la nécrologie du respect.

R-E-S-P-E-C-T, comme chantait Aretha Franklin. Une notion qui va finir par devenir rare, voire introuvable, comme le papier toilette ou la farine en plein confinement. Du côté des cabinets de conseil, des agences d’influence, des dirigeants de réseaux sociaux ou de la ligne 8 du métro parisien, on le sent à plein nez : le respect est en train de nous quitter.


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Cela faisait déjà plusieurs années que cela nous pendait au nez. Déjà, dans le Larousse, le mot « respect » est associé à : « sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ». Cela suppose deux éléments indissociables : des sentiments et de la considération, choses qui sont, elles aussi, en voie de disparition depuis quelques années. Mais alors, comment expliquer qu’il n’y ait plus de respect, et que 2023 soit le signe de l’apocalypse des bons sentiments ? Analyse.

Polarisation, j’écris ton nom

Ce n’est un secret pour personne : l’année 2022 a été marquée par le rachat de Twitter par Elon Musk. En conséquence, les commentaires racistes et discriminants ont explosé, et le réseau social ressemble plus à un ring de boxe qu’à un endroit où partager ce qu’on pense. De quoi virer à l’angoisse, tandis que cela fait plusieurs années que les chercheurs en psychologie sociale nous alertent : les réseaux sociaux nous enferment dans nos idées et favorisent la polarisation des opinions. En effet, les algorithmes font remonter les publications les plus commentées, partagées, discutées, et donc souvent celles où se déversent les avis négatifs ou les insultes.


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Cela n’est pas seulement remarquable sur la sphère Internet, même si les algorithmes y contribuent : l’heure est aux clashs, aux petites phrases, aux opinions extrêmes, des commentaires sous nos articles aux plateaux de télévision. Bien loin des phrases lissées de l’ORTF, notre époque est à la violence, au dénigrement. Les extraits tournent et font le buzz sur les réseaux, qui engendrent leur lot de stress et de réactions en chaîne. En bref, il est difficile d’ouvrir les réseaux sociaux sans constater la violence que ceux-ci peuvent avoir, et enterrer un peu plus le respect des uns et des autres.

On ne dit plus ni bonjour, ni merci, ni merde

Sans verser dans la rhétorique de boomer du « c’était mieux avant », l’invasion de nos espaces intimes par le numérique nous a rendu corvéables à merci. Sans un jour ne se passe sans que l’on soit noyé sous la quantité d’e-mails, de notifications, de spams, de bots russes loufoques, de mauvaises nouvelles. Une abondance d’informations qui ne tourne pas autour du pot, qui agresse dès le réveil. Par des petits shots de dopamine, le Web nous a rendus accros, ou a remplacé notre doudou d’enfance. Alors que les retraites de détox digitales se multiplient et qu’on râle pour quelques ados qui dansent sur TikTok, les temps d’écran augmentent et la politesse disparaît (surtout) du côté des adultes.

Ceux et celles qui surfent sur cette mort du respect, c’est bien sûr les publicitaires, qui ont su tourner à leur avantage les millions de données que nous laissons en ligne. Marketing ciblé, publicités personnalisées et stratégies agressives : toute la journée, de notre influenceuse préférée à nos recherches Google, alors que notre vie est scrutée, il reste toujours quelque chose à acheter. Les publicités nous entourent et ont fait la loi sur le Web : n’importe quelle tendance dénuée de tout intérêt mercantile se retrouve récupérée et monétisée. En bref, le consumérisme a gagné, et ça, ça ne date pas de 2023.

De discriminations en fausses informations, la fin du respect des autres (et de nous-même)

Si on peut avoir l’impression qu’on avance, qu’on vit dans une société bien moins raciste/sexiste/LGBTphobe/validiste que nos parents ou nos grands-parents, la mort du respect peut nous faire douter. En 2021, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 3.790 atteintes commises « en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre », soit une augmentation de 22 % par rapport à 2020. Il y a quelques jours, une tuerie raciste a eu lieu en plein Paris. À la télévision, le sexisme, la misogynie et la transphobie s’expriment librement. Alors on peut avoir la sensation que 2023 est l’année de mort du respect envers les autres : au sens de l’Autre, l’altérité, celui qui n’est pas nous, qui est différent.


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Sans tomber dans le discours typique des Miss France, où est passé le respect ? De discriminations en fausses informations, de photomontages en commentaires insultants, la violence est aussi (et surtout) hors ligne. Une tendance qui aurait tendance à se poursuivre pour l’année à venir, où on oppose sans cesse un supposé « manque de respect » vis-à-vis des aînés à tous les mouvements progressistes. Sans oublier que la mort du respect des autres, c’est avant tout une mort du respect envers nous-même, de notre complexité en tant qu’être humain. Et que oui, ça paraît basique, mais tout être humain mérite le respect, peu importe son orientation sexuelle, identité de genre, origine ou classe sociale.

Le respect est mort, vive le respect ?

La mort du respect a une conséquence non négligeable, à l’œuvre depuis les premiers confinements : la dégradation de notre santé mentale. Les chiffres de personnes diagnostiquées avec des troubles anxieux et dépressifs explosent, le stress est omniprésent, la France est l’un des plus grands consommateurs d’antidépresseurs, tout le monde est tendu comme à la caisse d’un supermarché un 24 décembre. Les générations s’opposent, ça crie dans tous les sens, et à moins qu’on se plie à l’exercice d’une thérapie de groupe à l’échelle nationale, ça ne cessera pas de sitôt.

Alors pour 2023, si le respect est mort, que nous reste-t-il ? La bienveillance, cette notion galvaudée par le développement personnel et qui s’impose dans le monde de l’entreprise ? La résilience, soit la capacité à surmonter les traumatismes, sans interroger ce qui a pu causer ces traumatismes ? La tolérance, mot étendard et un peu fourre-tout qui désigne souvent tout sauf de l’acceptation et du respect ? A mesure que le respect se fane et meurt de sa belle mort, il nous faut redéfinir ce qu’on attend vis-à-vis des autres et de nous-même. Et tout ça, sans s’entretuer.