biotechnologieNeo P1, la première plante biotechnologique pour dépolluer l’air intérieur

CES 2023 : Neo P1, la première plante biotechnologique pour dépolluer l’air intérieur

biotechnologieNeo P1, la première plante biotechnologique, développée par Neoplants, est sur le point d’être disponible en précommande. La start-up francilienne présentera son innovation au CES de Las Vegas, qui s’ouvre de jeudi à dimanche
Les recherches pour parvenir à la Neo P1, première plante biotechnologique de Neoplants, disponible en 2023, ont nécessité quatre années.
Les recherches pour parvenir à la Neo P1, première plante biotechnologique de Neoplants, disponible en 2023, ont nécessité quatre années. - Neoplants / Neoplants
Laure Gamaury

Laure Gamaury

L'essentiel

  • Le CES La Vegas 2023 se tient de jeudi à dimanche. Ce salon est l’événement mondial le plus connu dans le secteur des nouvelles technologies, l’occasion pour les entreprises et start-up de présenter leurs innovations.
  • Neoplants, née en 2018, dans l’incubateur Station F à Paris, est sur le point de proposer sa première plante dépolluante d’intérieur.
  • Pour les deux cofondateurs, leur message est sans appel : « La biologie est la technologie la plus avancée au monde et elle doit demain, faire partie des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique. »

«Depuis trop longtemps, les progrès de la technologie se font au détriment de notre environnement. Notre équipe considère la nature comme la technologie la plus sophistiquée, pose d’emblée Lionel Mora, CEO et cofondateur de Neoplants. Il est désormais essentiel d’utiliser notre talent humain en innovant afin de la considérer comme un allié et de travailler avec elle, plutôt que de la consommer. » Pour y parvenir, il a donc imaginé avec son acolyte Patrick Torbey, CTO en charge de la R & D, un produit innovant, au sein de l’incubateur Entrepreneur First de Station F à Paris : la plante dépolluante pour la maison ou le bureau, dont l’ADN a été modifié pour capter non seulement le CO2, mais également les quatre principaux polluants de l’air intérieur.


Patrick Torbey, CTO, à gauche et Lionel Mora, CEO, à droite, les co-créateurs de Neoplants, une start-up qui est née en 2018 à Station F, à Paris.
Patrick Torbey, CTO, à gauche et Lionel Mora, CEO, à droite, les co-créateurs de Neoplants, une start-up qui est née en 2018 à Station F, à Paris. - Neoplants

Après quatre ans de recherche, Neoplants est sur le point de proposer en précommande au cours du premier trimestre 2023, le premier produit de sa gamme : la Neo P1. Cette plante biotechnologique doit faire son entrée dans le monde au CES de Las Vegas où les deux cofondateurs ont prévu de la présenter. « C’est une innovation de rupture qui combine deeptech, biotech et qui s’adresse au grand public. On n’entre dans aucune case », analyse encore Lionel Mora. Il compte sur ce sommet de la tech pour diffuser son message : « La biologie est la technologie la plus avancée au monde et elle doit demain, faire partie des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique. »

« Travailler sur un projet qui fait sens, avec un impact positif »

Les deux boss de la start-up Neoplants se sont rencontrés en septembre 2018 et l’idée a immédiatement germé. « J’ai appris à utiliser des techniques d’édition du génome, qui permettent de changer la génétique d’un organisme, de lui rajouter ou de lui enlever des caractéristiques. Je voulais montrer la force de ces outils pour avoir un impact positif dans le monde et la vie des gens », raconte Patrick Torbey, titulaire d’un doctorat en génétique de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm.

De son côté, Lionel Mora sortait de quatre ans chez Google à Londres, où il travaillait sur le lancement de nouvelles catégories de produits. « En bon Millenial qui se respecte, j’avais envie de travailler sur un projet qui fait sens, avec un impact positif. A l’époque, on avait de très belles plantes autour de nous à Station F, et le déclic s’est produit très rapidement en discutant. Pour nous, la fonction la plus noble et la plus puissante à donner aux plantes, était de purifier l’air. On n’est jamais revenus de cette conversation ». Neoplants est ainsi née.

Un laboratoire à Saint-Ouen sur le point d’ouvrir

Débutent alors pour les deux entrepreneurs quatre années de développement, marquées par une première levée de fonds à l’été 2019 et une seconde à l’été 2021. « Les débuts étaient compliqués, on n’avait pas de ressource, Patrick squattait les labos d’étudiants pour les recherches », se remémore Lionel Mora. Un premier partenariat avec l’Institut de biologie des plantes de Paris-Saclay leur permet d’avancer. « Ça a été une vraie chance de côtoyer au quotidien des équipes de la recherche publique française et de profiter d’infrastructures mises à disposition pendant trois ans », déroule encore le cofondateur de Neoplants.

« Dès notre première levée de fonds, on a eu le luxe de pouvoir choisir nos investisseurs, et notamment un fond de la Silicon Valley, True Ventures, qui n’avait jamais investi dans une start-up française. A ce moment, notre objectif principal était de prouver que techniquement, notre idée était viable », ajoute Lionel Mora. Deux ans plus tard, Neoplants lance sa deuxième levée de fonds pour un projet sur le point de se réaliser : ouvrir son propre siège à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et construire l’un des laboratoires de biotechnologie les plus avancés. « Nous sommes désormais presque 25 et il était important pour nous de nous projeter à plus long terme dans des locaux indépendants », précise encore le CEO.

Pourquoi Neo P1 ne sera-t-elle pas disponible en France ?

S’ils affirment que leurs « néoplantes » sont bien des produits tech, les deux entrepreneurs ne perdent pas de vue leur objectif principal. « Aujourd’hui, on développe la première génération de plantes biotechnologiques, qui sont non seulement capables de capter mais aussi d’éliminer les polluants de l’air. L’idée est d’utiliser ce premier cas d’usage pour développer les technologies fondamentales, et ensuite passer de l’intérieur à l’extérieur, de la qualité de l’air au climat », rappellent-ils.


NOTRE DOSSIER CES las vegas

Mais impossible pour l’instant de trouver la Neo P1 en France en 2023, le premier produit estampillé Neoplants sera lancé sur le marché américain. « La régulation européenne actuellement prend trois ans et demi à quatre ans à partir du dépôt du dossier d’autorisation de mise sur le marché. Ce qui est une éternité pour une boîte comme nous, regrette Patrick Torbey. Nous sommes deux fondateurs français, avec désormais un laboratoire et toute la R & D basés en France, on ramène des talents du monde entier, mais on ne peut pas attendre aussi longtemps pour commercialiser notre produit. » « Même si le programme French Tech Green20, dont nous faisons partie, nous apporte beaucoup, il est bien plus pragmatique de nous lancer aux Etats-Unis, où la régulation ne se fait que sur des bases scientifiques, contrairement à l’Union européenne où le vote politique entre dans le game », complète Lionel Mora.

En attendant que la Neo P1 arrive de notre côté de l’Atlantique, les amateurs de plantes, qui les tuent régulièrement à coup de sur ou de sous-arrosage, pourront s’inspirer de l’expérience-utilisateur de Neoplants. « On a ajouté un réservoir dans le pot, qui a deux fonctions : maximiser l’échange d’air entre la plante et le substrat et permettre d’arroser de façon autonome durant deux semaines ». Bref, la solution rêvée pour réduire le risque de mortalité de nos chères plantes de 90 à 95 %, selon les experts de Neoplants.

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