HEMICYCLEL’Assemblée nationale s’offre un tour de chauffe sur les retraites

Réforme des retraites : L’Assemblée nationale s’offre un petit tour de chauffe

HEMICYCLEChacun, au gouvernement comme dans l’opposition, a pu tester ses arguments avant le débat sur la réforme des retraites, à partir du mois de février
Elisabeth Borne a présenté son projet de réforme des retraites
Elisabeth Borne a présenté son projet de réforme des retraites - Julien de Rosa / AFP
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • Elisabeth Borne a présenté ce mardi soir sa réforme des retraites qui augmente l’âge de départ en retraite à 64 ans et la durée de cotisation à 43 ans.
  • La réforme n’arrivera sur le bureau de l’Assemblée que début février, mais en cette rentrée, le sujet était déjà au cœur des questions au gouvernement.
  • Chacun est déjà dans son rôle.

«C’est un jour grave » : le député socialiste Arthur Delaporte y est allé franco pour commencer le point presse de son groupe. Le Normand ne parlait pas de la rentrée que l’Assemblée nationale a effectuée aujourd’hui. Il faisait surtout allusion à la réforme des retraites, « la réforme la plus injuste des deux quinquennats Macron », que la Première ministre, Elisabeth Borne, a présentée ce mardi soir à Matignon. Le temps du débat parlementaire viendra, à partir de début février, mais ce mardi après-midi, lors des premières questions au gouvernement de 2023, les députées et députés se sont offert un petit tout de chauffe. Elisabeth Borne n’a pas défloré le contenu précis de sa réforme : « Les quelques minutes que j’ai ne vont pas me permettre de vous en dire beaucoup plus », a lancé dès sa première réponse la Première ministre.

Elle répondait à Olivier Marleix, le président du groupe Les Républicains (LR). Un début en douceur puisque le parti semble disposer à suivre le gouvernement. « La droite française a toujours assumé la réforme des retraites, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy », a prévenu Olivier Marleix, comme pour tester ses arguments sur le soutien de La droite. Le fond de sa question était sur les petites pensions. LR tient en effet particulièrement aux 1.200 euros minimum de retraite pour une carrière complète. « J’ai bien entendu la demande votre groupe, j’aurai l’occasion d’y revenir, nous sommes prêts à y travailler », a répondu Elisabeth Borne. Le rendez-vous semble pris.



« C’est une réforme juste pour payer vos cadeaux aux plus riches »

La majorité a pu compter sur le soutien d'une voix symbolique : celle d’Eric Woeth. L’ex-LR aujourd’hui député Renaissance a été à la manœuvre de la réforme des retraites de 2010 sous Nicolas Sarkozy. Il a défendu la mesure d’âge, qui crée notamment l’ire des syndicats réformistes, comme la CFDT. « Refuser de parler de l’âge dans une réforme des retraites, c’est passer à côté du débat. C’est un peu comme parler de mariage sans parler d’amour », a osé le Picard. Un peu de répit avant les questions de la Nupes.

Chaque groupe de l’alliance de la gauche est monté au front pour demander au gouvernement de renoncer à sa réforme. En déployant principalement trois arguments. D’abord sur « l’injustice ». « Vous prévoyez d’enlever des années à la vie et de la vie aux années », a tenté, un peu poète, l’insoumise Clémence Guetté. Plusieurs ont aussi dénoncé les buts, d’après eux cachés, de la réforme : « C’est une réforme juste pour payer vos cadeaux aux plus riches, il n’y a aucune urgence à réformer », a expliqué l’écologiste Sophie Taillé-Polian.

« Puisque vous parlez de démocratie… »

Enfin, c’est sur la méthode du gouvernement que la gauche a porté son coup final : le passage par une loi de finance rectificatrice et non une loi ordinaire, qui contraint les débats. « Il faudra expliquer et assumer que vous refusez le temps du débat démocratique, car vous en avez peur, juge le respecté président du groupe communiste André Chassaigne. Cette confiscation du débat sera un coup terrible pour notre démocratie. » Les communistes promeuvent même l’idée d’un référendum sur les retraites. Interpellée, Elisabeth Borne a argué de « la concertation intense » avec les partenaires sociaux. Mais la meilleure défense, on le sait bien, c’est l’attaque : « Puisque vous parlez de démocratie, j’espère que le débat pourra se passer dans les meilleures conditions et sans obstruction. » A bon entendeur : les insoumis ont notamment annoncé 1.000 amendements par députés pour retarder au maximum l’adoption du texte.