reforme« On n’est pas des potiches »… LR en mode équilibriste sur les retraites

Retraites : « On n’est pas des potiches »… Les Républicains en position d’équilibriste

reformeLes élus de droite ont conditionné leur soutien au projet de loi de réforme des retraites, annoncé par Elisabeth Borne ce mardi soir, à plusieurs mesures fortes
Eric Ciotti et Olivier Marleix à l'Assemblée nationale. Paris, FRANCE-08/11/2020
Eric Ciotti et Olivier Marleix à l'Assemblée nationale. Paris, FRANCE-08/11/2020 - Jacques Witt/SIPA / SIPA
Thibaut Le Gal avec R.G-V.

Thibaut Le Gal avec R.G-V.

L'essentiel

  • Elisabeth Borne a dévoilé ce mardi soir le projet de loi de réforme des retraites et compte sur la droite pour le faire adopter sans passer par un 49-3.
  • Les Républicains ont indiqué être « prêts à soutenir une réforme », listant « quelques conditions essentielles », sur les petites pensions et les carrières longues notamment.
  • Des demandes visiblement bien reçues par l’exécutif, mais certains élus LR se montrent prudents, car la droite est déjà accusée d’être la « bouée de sauvetage » d’Emmanuel Macron.

Les Républicains, nouveaux partenaires de la macronie ? Elisabeth Borne a dévoilé ce mardi en fin de journée sa réforme des retraites, dont le fameux report de l’âge légal de départ à 64 ans en 2030. Faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale, l’exécutif compte sur les élus LR pour faire passer son texte sans avoir recours une nouvelle fois à l’article 49-3.

« Nous avons toujours eu le courage de réformer les retraites pour sauver notre système par répartition, donc nous sommes prêts à soutenir ce texte », a prévenu, ce mardi midi, Olivier Marleix. Le patron des députés LR a toutefois listé les conditions nécessaires à ce soutien lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. Un exercice de contorsion : dans l’opposition mais déjà accusé d’être « la bouée de sauvetage » d’Emmanuel Macron.

La droite pose ses conditions

Avant les annonces, à l’Assemblée mardi, Olivier Marleix a préféré insister sur la position de force de son groupe. Et lister les mesures que la droite qui doivent impérativement apparaître dans le projet de loi du gouvernement. « On souhaite que la durée cotisation l’emporte sur les critères d’âge. Le rythme ne doit pas être brutal », évoquant « un trimestre par an » de relèvement de l’âge légal, « ce qui amène à 63 ans à la fin du quinquennat, avec une clause de revoyure et 64 ans sur le quinquennat suivant ». Le chef de file LR à l’Assemblée a également demandé des garanties sur les carrières longues, et souhaité que la retraite minimale annoncée à 1.200 euros par mois concerne aussi les retraités actuels. « On sera attentifs à ce que l’argent des cotisations aille bien aux retraites et ne serve pas à financer autre chose », a-t-il ajouté.

Une position pas éloignée de celle de Bruno Retailleau au Sénat, ou du nouveau patron du parti, Eric Ciotti, qui s’était dit prêt le week-end dernier à « voter une réforme juste ». Les souhaits de la droite ont d’ailleurs été bien reçus par l’exécutif, selon Olivier Marleix. « Nous prenons acte que la Première ministre a entendu un certain nombre de demandes », a-t-il salué après la présentation du projet.

Mais le parti de droite n’est pas totalement aligné sur le sujet. En fin de matinée, Aurélien Pradié, député LR du Lot, se montrait plus prudent. « Il y a encore un petit bout de chemin, avec trois semaines de débats parlementaires, le vote n’est jamais acquis à l’avance. On n’est pas des potiches », disait-il, un poil agacé, en passant devant les journalistes. « On n’est pas encore sur une réforme totalement juste. Mon vote n’est pas acquis », pestait également le député du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger.

« On ne va pas s’opposer par principe »

Derrière ces remous, pointe la crainte de certains élus LR d’apparaître comme des soutiens au gouvernement. La droite a donc déjà préparé son argumentaire : si elle vote le texte, ce sera parce qu’elle a réussi à faire plier le gouvernement sur certaines mesures. « Ils trouvent toutes les raisons du monde pour expliquer qu’ils voteront le texte, en disant qu’ils ont fait bouger une demi-virgule ici ou là. Ils seront, en réalité, une fois encore la bouée de sauvetage d’Emmanuel Macron », cingle le député RN Sébastien Chenu.

« On ne va pas s’opposer par principe à des mesures que l’on défend depuis trente ans », balaie Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes. « Si le texte est voté sans passage en force, qui mettrait le feu dans le pays, c’est qu’on aura obtenu des points importants. On aura montré que l’on est une force utile, prête à revenir au pouvoir », ajoute-t-il. Mais la droite, qui défendait la retraite à 65 ans lors de la dernière campagne présidentielle, peut-elle encore varier de discours sur le sujet ? Un député de la majorité craint de nouveaux revirements en cas de manifestations importantes ces prochaines semaines. « La rue, ça leur fait peur, car leurs postes de députés ne sont plus acquis comme par le passé. Ils savent qu’ils peuvent être battus face un bon candidat RN. Donc si ça chauffe dans la rue, on va les perdre par grappes de dix ».