ARTA Paris, Mélanie d'@lestrottoirs met de la couleur sur les plaques d’égouts

Paris : Sous les pieds des passants, Mélanie d'@lestrottoirs met de la couleur sur les plaques d’égouts

ARTMunie de peinture acrylique, « qui s’efface facilement », elle s’installe au gré de ses déambulations et de ses voyages au milieu de l’espace urbain
Une plaque d'égout colorée à Paris, le 17 novembre 2022.
Une plaque d'égout colorée à Paris, le 17 novembre 2022. - @lestrottoirs / @lestrottoirs
Laure Gamaury

Laure Gamaury

L'essentiel

  • Mélanie derrière le compte Instagram @lestrottoirs a fait des plaques d’égout le centre de ses œuvres de street-art.
  • Munie de peinture acrylique, « qui s’efface facilement », elle s’installe au gré de ses déambulations et de ses voyages au milieu de l’espace urbain
  • Pour elle, c'est un moyen de « redonner du sens à la vie urbaine parisienne, de la beauté à Paris, qui est souvent décrite comme un environnement agressif ».

Parisiens et Parisiennes, vous avez peut-être déjà repéré les jolies colorations des plaques d’égout dans la capitale. Derrière ces joyeuses gouttes chatoyantes, une street artiste qui apprécie particulièrement « de mettre un peu de couleurs dans un truc sale, gris et auquel personne ne prête attention ». « Et puis, ajoute-t-elle, me voir assise pendant une heure au milieu d’un trottoir interpelle les passants sur le fait de prendre son temps pour déambuler et observer les petits détails des rues parisiennes ».


Une plaque d'égout colorée à Paris, le 10 avril 2021.
Une plaque d'égout colorée à Paris, le 10 avril 2021. - @lestrottoirs

A la manière des enfants qui teintent à la craie les trottoirs trop gris, Mélanie derrière le compte Instagram @lestrottoirs a fait des plaques d’égout le centre de ses œuvres de street-art. Cette journaliste parisienne a débuté en observant les autres. « J’ai ouvert ce compte en 2016 et au début, je repérais des choses originales sur les trottoirs et les prenais en photo avec mes pieds apparents ».

« Quand je peins, je ne pense à rien d’autre »

Mélanie s’est lancée dans ses propres œuvres il y a environ deux ans et demi, « après des discussions sur Instagram avec l’artiste Flix Robotico, un Vénézuélien basé au Portugal, qui crée pas mal d’œuvres très graphiques sur les murs. Il avait peint quelques plaques, en lien avec une expo qu’il avait faite à la fondation Cartier à Paris, et l’idée m’a paru sympa ». Elle confie également avoir eu un déclic quand elle a rencontré dans le sud de la France, une association qui écrivait sur des bouches d’égout des messages écologistes, pour ne pas gaspiller l’eau ou jeter n’importe quoi.



Munie de peinture acrylique, « qui s’efface facilement », elle s’installe au gré de ses déambulations et de ses voyages au milieu de l’espace urbain et se plonge alors totalement dans son projet : « à la manière du puzzle, quand je peins, je ne pense à rien d’autre et ça me fait du bien ». Elle confie également que le support des trottoirs s’est naturellement imposé. « Il se trouve qu’après quelques mois à peindre les plaques d’égout, j’ai été contactée par une fonderie, qui s’est avérée avoit un lien avec celle de mon arrière-grand-père. Une information que j’ignorais ».

Ce lien ténu à son aïeul est un clin d’œil qu’elle affectionne pour raconter son cheminement. « Je savais que mon arrière-grand-père avait une fonderie à côté de Lyon dans les années 1950 environ. J’avais repeint certaines plaques qui appartiennent à la fonderie EJ, qui est située à côté de Beauvais. Ils m’ont contactée et m’ont raconté que leur siège social était à côté de Lyon. Et en échangeant avec eux, je me suis rendu compte qu’ils étaient installés dans les locaux de l’ancienne fonderie de mon arrière-grand-père. »

« Ça redonne du sens à la vie urbaine parisienne »

Et le regard des gens dans tout ça ? « Au début, j’avais des craintes mais les passants se sont rapidement montrés enthousiastes et interpellés par mes créations ». Elle ajoute que le support du trottoir, « par terre, c’est sale, personne ne regarde », a sûrement facilité son projet, comme l’utilisation de pinceaux et de marqueurs, et non de bombes de peinture. « Comme je ne peins pas sur les murs, mon art est rarement considéré comme de la dégradation, contrairement aux autres œuvres de street-art. J’ai régulièrement des gens qui s’arrêtent 10-15 minutes, souvent quand ils ont des enfants, qui sont très curieux ».


Une plaque d'égout colorée à Porto au Portugal, en août 2022.
Une plaque d'égout colorée à Porto au Portugal, en août 2022. - @lestrottoirs

Si elle compte les réactions négatives sur les doigts d’une seule main en deux ans et demi, Mélanie confie justement que la réaction des passants l’a poussée à persévérer dans son projet. « Ça redonne du sens à la vie urbaine parisienne, de la beauté à Paris, qui est souvent décrite comme un environnement agressif. A Paris, on ne trouve pas de modèles très originaux de plaques d’égouts mais la couleur permet de mettre en avant des plaques superbes qui non peintes, passent totalement inaperçues ». Un peu de douceur dans un monde de brutes ? Plutôt une touche de poésie et de couleurs dans un environnement bien gris.