ProcèsDeux militants écologistes jugés après une action contre la ligne 18

Grand Paris Express : Deux militants écologistes jugés après une action contre la ligne 18

ProcèsLe 15 octobre 2021, deux militants écologistes sont montés dans une grue pour y déployer une banderole contre la future ligne 18 du Grand Paris Express. Après un report, ils seront jugés ce vendredi à Evry pour « entrave à la liberté de travailler »
La banderole a été déployée au sommet d'une grue, dans un chantier de construction d'un centre culturel.
La banderole a été déployée au sommet d'une grue, dans un chantier de construction d'un centre culturel. - CCL18 / CCL18
Guillaume Novello

Guillaume Novello

L'essentiel

  • Ce vendredi au tribunal correctionnel d’Evry, seront jugés deux militants écologistes pour « entrave à la liberté de travailler ».
  • Le 15 octobre 2021, ils étaient montés au sommet d’une grue d’un chantier du plateau de Saclay pour y déployer une banderole « SOS Stop ligne 18 » pour dénoncer le projet du Grand Paris Express.
  • Pour le collectif contre la ligne 18 (CCL18) qui a soutenu cet « acte de désobéissance civile », ce projet ferroviaire « n’est pas utile pour les usagers et il coûte trop cher ».

Le 15 octobre 2021, deux militants écologistes s’introduisaient dans un chantier sur le plateau de Saclay (Essonne). Equipés d’un matériel d’escalade, ils grimpaient au sommet de la grue pour y déployer une banderole « SOS Stop ligne 18 » pour protester contre la future ligne du Grand Paris Express, avant d’être interpellés calmement par les gendarmes. Ce vendredi matin à 9 heures, les deux hommes ont rendez-vous au tribunal correctionnel d’Evry pour y répondre des faits d'« entrave à la liberté de travailler », après une plainte déposée par l’entreprise Estèves Frères qui opérait sur le chantier.

« Nous avons porté plainte car nous craignions des dégâts sur la grue qui auraient pu se chiffrer en milliers d’euros, même si ça n’a pas été le cas, parce que le chef de chantier, qui a 25 ans de boîte, a été menacé, et parce que pendant toute une journée, 15 personnes ont été payées à jouer aux cartes au lieu de travailler », explique la PME familiale. Pour Api, l’un des deux activistes monte-en-l’air, membre d’Extinction Rebellion, « l’opération n’a bloqué le chantier que pendant une ou deux heures et nous n’avons rien dégradé ».



Et surtout, il ne regrette rien car pour lui, c’était le moyen de se faire entendre contre un « projet complètement délirant », à savoir la future ligne 18 qui doit relier Versailles à Orly en desservant le plateau de Saclay. Le collectif contre la ligne 18 (CCL18) qui a soutenu cet « acte de désobéissance civile » estime que le projet ferroviaire « n’est pas utile pour les usagers et qu’il coûte trop cher ». « Le nombre de voyageurs potentiels a été largement surestimé », appuie Api.

A l’extérieur du tribunal, le procès de la Société du Grand Paris

De plus, selon Lucile, membre du CCL18, la ligne 18 participe à l’artificialisation des terres du plateau de Saclay. « Il y a en tout 2.300 hectares de terres de très bonne qualité, parmi les plus fertiles d’Europe, 400 hectares ont déjà été détruits par Paris-Saclay et avec la ligne 18, ce sera bien plus », s’insurge-t-elle. L’action d’octobre 2021 a d’ailleurs été la conclusion d’une semaine de camp organisé sur le plateau de Saclay par les Soulèvements de la Terre pour protester contre l’artificialisation des sols. « Il y avait autant de policiers que de militants », se souvient Api. Pour lui, il y a un « décalage entre les actes et la répression ».

Le procès de ce vendredi était initialement prévu en avril dernier mais il a été reporté car « le plaignant n’a pas été informé du procès », indique Lucile. « Le système judiciaire dysfonctionne par manque de moyens », dénonce Api, qui se dit « atterré ». Ceci dit, il n’est pas « trop inquiet » quant à l’issue du procès car « les charges ont l’air fragiles » et parce qu’il y a un « collectif qui soutient derrière ». Ainsi dès 9h30, sera jouée à l’extérieur du tribunal une « pièce de théâtre retraçant le seul procès légitime qui aurait dû avoir lieu : celui de la Société du Grand Paris*, responsable de la destruction des terres agricoles », indique le CCL18. Des prises de paroles sont également prévues.

« Il y a toujours un risque mais je ne suis pas non plus jugé pour des actes gravissimes. Mais s’il y a une facture de 10.000 euros de dommages et intérêts, ça va être compliqué de la payer », explique celui qui s’implique à temps plein dans l’activisme écologique et a vécu les deux dernières années dans un squat et une ZAD. « Après si ça peut permettre d’économiser les 4 milliards d’euros qu’on jette par les fenêtres avec cette ligne…. »

*Contactée, la SGP n’a pas souhaité commenter l’affaire.