RELIGIONSur l’île de Ré, la statue de la Vierge doit descendre de son promontoire

Ile de Ré : La statue de la Vierge installée au milieu d'un carrefour devra bien être démontée

RELIGIONLa cour administrative d’appel de Bordeaux confirme l’obligation pour la commune de La Flotte-en-Ré, sur l’île de Ré, de déplacer une statue de la Vierge Marie réinstallée en 2020 sur un emplacement public
La statue de la Vierge de La Flotte-en-Ré
La statue de la Vierge de La Flotte-en-Ré - change.org / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • La cour administrative d’appel de Bordeaux vient de confirmer le jugement du tribunal administratif de Poitiers qui avait ordonné le déplacement d’une statue de la Vierge.
  • Installée à un croisement de rues sur le domaine de la commune de La Flotte, sur l’île de Ré, la justice estime que cet édifice tombe sous le coup de la loi de la séparation des Eglises et de l’Etat.
  • La cour d’appel reconnaît dans son arrêt que « la commune n’avait pas l’intention d’exprimer une préférence religieuse » mais estime que « la statue présente par elle-même un caractère religieux. »

La statue de la Vierge Marie va devoir quitter son promontoire, sur le domaine de la commune de La Flotte, sur l’île de Ré (Charente-Maritime). La cour administrative d’appel de Bordeaux a confirmé, dans un arrêt du 12 janvier, le jugement du tribunal administratif de Poitiers qui avait annulé la décision de refus du maire, de déplacer une statue de la Vierge Marie située à un croisement de rues. La cour d’appel enjoint la commune à cette autorité à son enlèvement dans un délai de six mois.

Dans cet arrêt, la cour estime « que la statue se trouve sur un emplacement public au sens des dispositions de l’article de loi concernant la séparation des Eglises et de l’État, dès lors que le terrain d’implantation de l’édifice relève du domaine de la commune. Or, ces dispositions législatives s’opposent en principe à l’installation, par les personnes publiques, d’un signe ou emblème manifestant la reconnaissance d’un culte ou marquant une préférence religieuse dans un emplacement public ».

Reconstruite à l’identique en 2020

C’est déjà sur ce principe de séparation des Eglises et de l’Etat que le tribunal administratif de Poitiers avait ordonné un démontage, en mars 2022, de cette statue. La sculpture avait été réalisée en 1945 pour une famille, après le retour d’un père et son fils de la Seconde Guerre mondiale. D’abord exposée dans un jardin privé, elle a ensuite été donnée à la commune qui l’a installée en 1983 sur le domaine public. Mais la statue avait été endommagée au printemps 2020, après avoir été percutée par un automobiliste. La municipalité avait alors décidé de la reconstruire à l’identique, au même emplacement. C’est alors qu’une association, La Libre pensée 17, avait saisi la justice pour réclamer ce retrait.

La cour d’appel reconnaît dans son arrêt que « la commune n’avait pas l’intention d’exprimer une préférence religieuse en l’y installant en 2020 à la suite de l’accident de circulation qui avait endommagé l’original », toutefois, elle constate également « que la figure de la Vierge Marie est un personnage important de la religion chrétienne, en particulier catholique, et que la statue présente par elle-même un caractère religieux ».

L’édifice ne peut donc être considéré au même titre qu’une statue de roi ou de Napoléon, comme l’avait soutenu lors de l’audience le maire de la commune.