FOOTBALLDéclassé, en rupture avec ses virages, l’OL fait-il face à sa pire crise ?

OL-RC Strasbourg : Déclassement, joueurs et dirigeants insultés par les virages… Lyon fait-il face à sa pire crise ?

FOOTBALLL’Olympique Lyonnais a vécu une (nouvelle) soirée cauchemardesque, samedi, en s’inclinant (1-2) contre Strasbourg, et en subissant les foudres de ses deux principaux groupes de supporteurs
Thiago Mendes et Alexandre Lacazette sont comme anéantis, après avoir gâché une opportunité en or d'égaliser, en fin de rencontre samedi face à Strasbourg (1-2).
Thiago Mendes et Alexandre Lacazette sont comme anéantis, après avoir gâché une opportunité en or d'égaliser, en fin de rencontre samedi face à Strasbourg (1-2).  - OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP / AFP
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L’Olympique Lyonnais s’est incliné pour la huitième fois de la saison, samedi contre le RC Strasbourg (1-2) en Ligue 1.
  • Si ce revers semble impensable vu comme les hommes de Laurent Blanc ont dominé l’intégralité de la rencontre (28 tirs à 8), il en dit long sur les difficultés du club (8e) à rebondir et à continuer de croire en une qualification européenne.
  • La soirée a surtout révélé une fracture profonde entre le club et ses deux virages de supporteurs, qui ont ciblé avec insistance des joueurs, ainsi que Vincent Ponsot et Bruno Cheyrou.

Au Parc OL,

On se prépare à tout ou presque, lorsqu’on suit chaque semaine les péripéties de l’Olympique Lyonnais en Ligue 1. Mais il faut l’avouer, on ne pensait pas se rendre sur Google Translate, au milieu de la nuit, pour s’assurer que le mot incompetents est plus compréhensible pour John Textor que le mythique I recup the ball de Nabil Fekir. Et oui, car les banderoles ont fusé samedi soir à l’occasion d’une huitième défaite en Ligue 1 cette saison contre le RC Strasbourg (1-2), dont celle-ci, bien ciselée par le virage sud : « John, the house is burning, fire the incompetents » (« John, la maison brûle, vire les incompétents »).

A 20h58, juste avant le coup d’envoi, la punchline posait les bases d’une soirée cauchemardesque pour les joueurs de Laurent Blanc, parallèlement à l’immense chèvre brandie par le virage nord pour accompagner une banderole dans le même registre : « Ne laissons pas notre club partir en fumée ». Car forcément, le déclassement acté de l’OL, à la fois privé de tout titre depuis 2012, mais également de qualification en Ligue des champions depuis 2019, a de quoi alerter les supporteurs lyonnais, remplis de nostalgie lorsqu’ils évoquent les sept sacres consécutifs en Ligue 1 dans les années 2000.


« On est si proche de la relégation »

Et comment mieux marquer ce constat, pour la première au Parc OL de l’homme d’affaires américain John Textor dans le costume d’actionnaire majoritaire officiel du club, qu’en s’inclinant contre le 19e du championnat, qui ne comptait jusque-là qu’un seul succès en 18 journées, et aucune victoire à Lyon en Ligue 1 depuis 1979 ? Histoire de faire ça avec panache, l’OL (actuel 8e) a anéanti une prestation enfin cohérente (28 tirs à 8, 72 % de possession de balle) en encaissant notamment un deuxième but burlesque, avec au départ un corner en sa faveur, et au final un enchaînement de boulettes dont il a le secret (0-2, 32e).

« On s’est punis tout seuls avec nos maladresses en première période », confirme Laurent Blanc. « Il y a un sentiment de honte, forcément, quand on voit l’écart très décevant entre notre classement, ce qu’on fait actuellement, et nos ambitions, glisse même Alexandre Lacazette, dont le penalty de l’espoir n’a pas suffi samedi (1-2, 45e+2). C'est dangereux de voir qu’on est si proche de la relégation. » Bon, il y a encore une marge de 10 points avec la zone rouge, mais en même temps, l’écart est autrement plus conséquent avec le podium (à 17 points), tandis que le Top 5 pourrait être à 12 points en fonction des résultats de ce dimanche.

« C’est toute l’équipe qui est touchée »

Le capitaine lyonnais, qui reconnaissait la veille « ne pas regarder le classement ni les écarts avec les places européennes », tente bien de se reprendre : « Quand on joue à l’OL, on ne peut penser qu’au haut de tableau. Il n’y a qu’une victoire qui va nous aider à sortir la tête de l’eau ». Même samedi prochain en Coupe de France contre Chambéry (National 3), et en prime à domicile, ça compte ? Il faudra à n’en pas douter une sacrée série pour permettre à ce groupe, qui reste sur un but inscrit en 270 minutes de jeu (sur un penalty litigieux), de se remettre la tête à l’endroit.

Et plus encore pour tenter de reconquérir des virages de supporteurs qui ont déversé toute leur rancœur samedi, après s’être tant contenus durant de longues semaines. Des étendards à l’effigie d’Houssem Aouar, Moussa Dembélé et Karl Toko Ekambi avec la mention « Dégagez », une bronca rarement vue au moment de la sortie de l’attaquant camerounais, ainsi que des insultes à son encontre… Les Bad Gones et les Lyon 1950 n’y sont pas allés de main morte contre Strasbourg. « Karl est forcément déçu, et une situation pareille n’est jamais facile, a commenté Alexandre Lacazette. On est un collectif, on va essayer de l’aider pour avancer. C’est toute l’équipe qui est touchée. »

« On a identifié le mal »

Jean-Michel Aulas, qui a évoqué « un sentiment de gâchis » quant à cette soirée à l’envers, n’est pas apparu plus choqué que ça par le traitement ciblant certains joueurs : « Les supporteurs ont le droit de dire ce qu’ils pensent des joueurs, de l’équipe, c’est le jeu. » Une position nuancée pas si surprenante étant donné que le président lyonnais reconnaît volontiers vouloir renouveler de manière importante l’effectif d’ici au 31 janvier.

« Depuis deux jours, on a travaillé avec John pour se donner les moyens de relancer la mécanique, avec un certain nombre d’initiatives rapides durant le mercato. On va faire bouger les choses de manière significative avant la fin du mois. Il faut vraiment créer une étincelle qui va changer l’état d’esprit. On a identifié le mal tel qu’il est perçu par les supporteurs, mais aussi évidemment par nous. » »


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Il n’y aurait donc par exemple rien d’étonnant à voir Karl Toko Ekambi (0 but sur ses 12 derniers matchs depuis le 11 septembre), qui a rejoint les vestiaires fou de rage dès son remplacement samedi, non sans fracasser une poubelle, quitter Lyon cet hiver. Mais les joueurs cités n’étaient pas les seules personnes dans le viseur des groupes de supporteurs. Ceux-ci ont en effet réclamé la démission du directeur du football Vincent Ponsot (insulté au passage par le virage sud) et du responsable du recrutement Bruno Cheyrou. Et ça, ça ne passe pas du tout du côté de Jean-Michel Aulas, remonté comme rarement.

Des attaques « injustes » contre Ponsot et Cheyrou

« Quand ils attaquent des dirigeants qui sont exemplaires, c’est moi qu’ils attaquent, balance-t-il. Il faut qu’ils arrêtent, c’est particulièrement injuste. On a deux dirigeants de grande qualité qui travaillent jour et nuit pour le club, pour nous, pour eux. Je ne peux donc pas accepter ce style d’expression qui est sans aucune réalité avec le travail réalisé. Qu’on laisse tranquille Vincent Ponsot et Bruno Cheyrou. Je suis le premier à pouvoir les juger parce que je les ai embauchés. John est peiné par le résultat et il a comme moi mal vécu ce match sur le plan des initiatives des tribunes. Ces attitudes ne sont pas dignes d’un très grand club comme l’Olympique Lyonnais. »

JMA ne cesse de défendre le bilan de ses deux dirigeants clés depuis le départ controversé de Juninho en décembre 2021. Mais il est clair que si, aux yeux des principaux groupes de supporteurs, il reste en partie sur un piédestal pour l’ensemble de son œuvre dans les années 2000, cela n’est pas le cas pour Vincent Ponsot et Bruno Cheyrou. Les virages les associent pleinement à la longue période de disette du club.


Laurent Blanc pose avec le président lyonnais Jean-Michel Aulas et les dirigeants du club Bruno Cheyrou et Vincent Ponsot, lors de sa conférence de presse de présentation à Décines, le 10 octobre dernier.
Laurent Blanc pose avec le président lyonnais Jean-Michel Aulas et les dirigeants du club Bruno Cheyrou et Vincent Ponsot, lors de sa conférence de presse de présentation à Décines, le 10 octobre dernier. - LAURENT CIPRIANI/AP/SIPA

« Il va y avoir des turbulences »

Conscient que son club, qui a perdu ses trois meilleurs joueurs depuis deux ans (Memphis Depay, Bruno Guimaraes et Lucas Paqueta), s’enfonce lentement mais sûrement dans le ventre mou du championnat, Jean-Michel Aulas se veut rassurant : « C’est vrai qu’on a un club qui souffre en ce moment. Mais il y a des infrastructures incroyables et un coach de grande qualité. » Tout Laurent Blanc qu’il est, il n’a permis à l’OL de ne prendre que 11 points sur ses 9 premiers matchs, ce qui est insuffisant pour lorgner de nouveau vers l’Europe. L’ancien entraîneur du PSG n’a pas fui le sujet de la crise, qui a pour de bon pris samedi la forme de cassure profonde avec les virages.

« On était déjà dans une situation difficile avant ce match-là, alors vous pouvez imaginer notre situation maintenant. Mais j’ai dit aux joueurs qu’il fallait assumer certaines choses. Si on en est là, c’est aussi de notre faute. Il faut assumer tout ce qui va avec, et on sait qu’il va y avoir des turbulences. » »

Ces « turbulences », qui n’ont déjà pas manqué face à Strasbourg (avec même d’importants débordements avant et après le match), ne risquent pas de faire perdre à Jean-Michel Aulas (73 ans) ses bonnes vieilles techniques de repli dans la méthode Coué : « Le match de ce soir est probablement l’un des meilleurs que nous avons fait depuis le début de la saison. Ça montre qu’on a retrouvé notre dynamisme, l’intensité et la vitesse qu’on avait demandés à l’équipe depuis quelque temps. Je voudrais que tout le monde prenne conscience que le club va se redresser. J’en prends la responsabilité. On n’est pas le seul club en Europe à avoir ces difficultés. Regardez Chelsea et d’autres ».


Notre dossier sur l'OL

Tiens tiens, et si le tandem Textor-Aulas posait 120 millions d’euros pour devancer in extremis les Blues sur le dossier Mykhaylo Mudryk, et ainsi se relancer comme par magie en 2023 ? OK, c’est aussi crédible que de voir Karl Toko Ekambi se muer en capo dans le virage nord après s’être rabiboché avec les Bad Gones, ou de dévouvrir l’OL sur le podium de la Ligue 1 en juin.