MEDECINEPourquoi n’a-t-on toujours pas trouvé de traitement contre Alzheimer ?

Alzheimer : Pourquoi n’a-t-on toujours pas trouvé de traitement contre cette maladie ?

MEDECINELes premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer apparaissent vingt, voire trente ans après le début de l’affection
900.000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France.
900.000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France. - Canva / Canva
Lise Abou Mansour

Lise Abou Mansour

L'essentiel

  • Près de 900.000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France.
  • Bien que cette maladie ait été décrite pour la première fois il y a plus de cent ans, aucun traitement ne permet pour l’instant de faire reculer la dégénérescence du cerveau des personnes atteintes.
  • S’il est si difficile de trouver un médicament contre cette maladie, c’est d’abord parce que les premiers symptômes apparaissent vingt, voire trente ans après le début de l’affection.

Près de 900.000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France. Ce chiffre ne fait qu’augmenter d’année en année. Car le principal facteur de risque de cette pathologie est l’âge et à mesure que l’espérance de vie augmente, le nombre de cas d’Alzheimer croît.

Bien que cette maladie ait été décrite pour la première fois il y a plus de cent ans, aucun traitement ne permet pour l’instant de faire reculer la dégénérescence du cerveau des personnes atteintes. Et encore moins de la faire disparaître.

Un délai à l’apparition des symptômes

S’il est si difficile de trouver un médicament contre cette maladie, c’est d’abord parce que les premiers symptômes apparaissent vingt, voire trente ans après le début de l’affection. Pendant ce laps de temps, les neurones se sont considérablement dégradés. « Chez ces patients, le cerveau est déjà trop abîmé. Même si on stoppe le processus de la maladie, elles ne peuvent pas vivre avec des fonctions intellectuelles et cognitives satisfaisantes », explique Philippe Amouyel, directeur général de la Fondation Alzheimer et praticien hospitalier au CHU de Lille.

Plusieurs médicaments ont pourtant montré leur efficacité contre les lésions au niveau des neurones. « Les trois derniers actuellement en développement nettoient jusqu’à 80 % des lésions des patients, au terme de l’essai », assure Bruno Dubois, professeur de neurologie et membre de l’Académie de médecine. Malheureusement, même si ces traitements ont permis de diminuer ces lésions, les chercheurs se sont rendu compte que la mémoire des malades ne revenait pas pour autant. « Or, on n’est pas là pour soigner des lésions, mais des symptômes, rappelle le professeur. Donc on était très déçu. »

Des essais sur des patients à un stade trop avancé

Si ces essais n’ont montré aucun effet sur les symptômes, c’est peut-être parce que, jusqu’au milieu des années 2010, les médicaments étaient testés sur des patients dont la maladie était à un stade déjà bien avancé. Comme pour les autres maladies, les chercheurs attendaient qu’il y ait des symptômes pour effectuer les tests. « Quand on a une maladie d’Alzheimer avancée, on a de telles lésions cérébrales. Il était illusoire d’espérer qu’on puisse revenir en arrière voire même bloquer les choses », se dit aujourd’hui Bruno Dubois.

Une fois fait ce constat, les chercheurs ont décidé d’inclure dans leurs essais des patients à un stade moins avancé de leur maladie. « Depuis cinq à six ans, on fait des essais cliniques sur des personnes soit à des stades très précoces de la maladie d’Alzheimer, soit à des stades d’atteinte légère des fonctions cognitives dont on sait qu’elle va devenir un Alzheimer », explique Philippe Amouyel. Avec cette nouvelle approche, les essais commencent à porter leurs fruits.

Mais il préfère prévenir, « même si on parvient à trouver un traitement qui fonctionne, il ne bénéficiera qu’aux patients ayant un Alzheimer extrêmement précoce ou ceux pour qui la maladie est déjà là mais dont les symptômes ne sont pas encore apparus. »


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De faibles moyens financiers

Environ 55,2 millions de personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Une cible très large - et une réelle manne financière - pour les laboratoires pharmaceutiques. De très gros laboratoires se sont donc lancés à la recherche d’un traitement contre cette maladie dégénérative. D’autant plus qu’en 2000, un travail prometteur a montré sur un modèle de souris une disparition des lésions d’Alzheimer après l’injection d’anticorps monoclonaux. « A l’époque, c’était spectaculaire, se remémore le professeur de neurologie. Les laboratoires se sont tous engagés dans cette voie en se disant qu’ils avaient trouvé la solution. »

Mais de la fin des années 1990 jusqu’à 2015, tous les médicaments mis en essai par de gros laboratoires se sont révélés être des échecs. Zéro réponse. Pas d’utilisation. Pas de mise sur le marché. « Ça a donné l’idée que c’était difficile de développer un médicament contre Alzheimer », regrette Philippe Amouyel. Une grosse perte financière pour les laboratoires pharmaceutiques qui avaient investi des milliards d’euros et de dollars dans ces recherches. « Ils ont donc ensuite moins investi dans ce secteur et ont préféré se tourner vers le cancer ou les maladies infectieuses, pour lesquels les recherches étaient plus prometteuses », analyse Philippe Amouyel.

De nouveaux essais et médicaments

Mais selon le directeur général de la Fondation Alzheimer, depuis quelques années, des petits laboratoires, des start-up ou des sociétés de biotechnologie ont pris le relais. Ils mettent au point des molécules qui sont ensuite essayées en phases 1 et 2 sur des patients plus précoces. « Si les résultats sont intéressants, les grands laboratoires s’y intéressent et mettent en place les grands essais cliniques. »

Un nouveau médicament expérimental, le Lecanemab, vient d’ailleurs de recevoir une autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis. S’il présente des résultats prometteurs dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer, il peut provoquer de lourds effets secondaires. « On ne peut pas dire qu’on n’a pas de résultat. lls sont relativement modestes, mais ils arrivent », conclut Bruno Dubois.