Fête« Nos jours sont comptés »… Ce club électro de Rennes bientôt exproprié ?

Rennes : « Nos jours sont comptés »… La boîte électro 1988 Live Club menacée d’expropriation

FêteAuparavant connue comme le Pym’s, la discothèque du Colombier est dans le secteur urbain EuroRennes convoité par la métropole
Le 1988 Live Club, discothèque plutôt spécialisée dans l'électro, est menacée d'expropriation par un projet de rénovation urbaine porté par Rennes Métropole.
Le 1988 Live Club, discothèque plutôt spécialisée dans l'électro, est menacée d'expropriation par un projet de rénovation urbaine porté par Rennes Métropole.  - 1988 Live Club / 1988 Live Club
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Installée sur la dalle du Colombier depuis 1979, la discothèque Le Pym’s, devenue le 1988 Live Club, est l’un des établissements phares des nuits rennaises.
  • Depuis dix ans, le club propose des soirées électros pointues et veut fêter son anniversaire en musique.
  • Un arrêté préfectoral évoquant une potentielle expropriation fait craindre une fermeture, même si la métropole se montre rassurante.

Dans le paysage de celle qu’on a longtemps qualifiée comme capitale du rock, le 1988 Live Club est un oiseau rare. Installée depuis 1979 au Colombier, la discothèque que l’on appelait auparavant Le Pym’s est l’un des rares endroits de Rennes où les passionnés de musique techno peuvent venir danser. Pas hyper riche sur le plan des boîtes de nuit, la capitale bretonne l’est encore moins si l’on veut éviter le traditionnel mélange de tubes r’n’b et dance. Il y a dix ans, le « 88 » avait donc amorcé une métamorphose pour s’ouvrir au jazz, au hip-hop et à l’électro. Un choix payant qui lui a permis de faire jouer quelques pointures comme le DJ allemand Boris Brejcha, l’expérimentée Jennifer Cardini et même la légende de Détroit Derrick May, considéré comme l’un des pères de la techno.

Pour ses dix ans, le club s’est offert une belle fête qui doit démarrer ce mercredi et se poursuivre jusqu’à dimanche. Pendant quatre jours, les murs de la place du Colombier risquent de trembler. D’abord avec les concerts de punk des Ramoneurs de Menhirs ou de Punish Yourself. Mais surtout avec de l’électro à toutes les sauces, avec comme invités de marque l’énigmatique SNTS, qui joue masqué, et la légende dub anglaise Mad Professor. Tout était réuni pour célébrer cette première décennie, avant que l’avenir ne s’en trouve soudainement noirci. En décembre, les équipes du 88 ont découvert dans un arrêté préfectoral que le club devrait faire l’objet d’une expropriation d’ici cinq ans. « Nos jours sont comptés », regrette, amer, le patron du club.

« On ferme aussi la rue Saint-Michel ? »

A la tête de la boîte de nuit depuis 2009, Sébastien Betin savait que son établissement était sur l’emprise du vaste projet EuroRennes. Sans voisin depuis le déménagement du Cinéville en 2019, le 88 est le dernier occupant d’un bâtiment vieillissant qui fait tache aux yeux de certains urbanistes. « Je suis sidéré. L’an dernier, on avait proposé un pré-projet de club XXL. On aurait pu reprendre tout le bâtiment, proposer des résidences d’artistes, une salle de 1.000 places. Il y avait un super potentiel. On nous a juste dit non. Non pour les nuisances sonores et non pour l’ivresse publique. Mais dans ce cas, on ferme aussi la rue Saint-Michel ? ».

Sébastien Betin a racheté le Pym's en 2009 et a su transformer la discothèque du Colombier en un club électro très prisé des Rennais.
Sébastien Betin a racheté le Pym's en 2009 et a su transformer la discothèque du Colombier en un club électro très prisé des Rennais.  - C. Allain/20 Minutes

Sollicitée, la métropole se veut rassurante quant à l’avenir des lieux. « Le secteur du Colombier fait partie du projet urbain Eurorennes. Ce projet impliquera une intervention sur l’ancien site du Cinéville. À ce stade, rien n’est statué sur la place du 1988 Live Club dans le futur projet et, en conséquence, l’acquisition du bâtiment par expropriation n’est absolument pas engagée. Les échanges vont se poursuivre », promet la collectivité, contactée par 20 Minutes. Insuffisant pour rassurer les équipes du club de nuit. « Aujourd’hui, on fait travailler 45 personnes ici. On accueille des jeunes qui veulent s’amuser, qui peuvent le faire en centre-ville, sans avoir à prendre la voiture après. Et on cherche à nous écarter ? Je veux rester autonome, mais j’aimerais être respecté, qu’on nous laisse une liberté », témoigne Sébastien Betin.

Le problème du club électro, c’est qu’il n’est pas propriétaire de ses locaux, qu’il loue à la Soredic, gestionnaire du Cinéville. Son avenir pourrait donc être lié à la vente ou à la démolition de l’ancien cinéma, vide de toute occupation depuis son déménagement en octobre 2019. Mais surtout au futur visage de la vieillissante dalle du Colombier, que la ville cherche depuis des années à transformer. Mais en quoi ? Toutes les pistes jusqu’ici évoquées comme l’extension du centre commercial Colombia ont pour l’heure été mises de côté. Tout laisse à penser que le 88 puisse rester là encore quelques années. Et après ? Mystère.