SolidaritéUn maire paye le loyer de ses commerces étranglés par la crise énergétique

Crise énergétique : Un maire paye le loyer de ses commerces étranglés

SolidaritéGuy Paris, maire de Sagy dans le Val-d’Oise, se refuse à voir son boucher et son boulanger, écrasés par les factures d’électricité et la hausse des matières premières, mettre la clé sous la porte
Une facture d'électricité (illustration)
Une facture d'électricité (illustration) - Sebastien Salom / Gomis/SIPA/Archives
Aude Lorriaux

A.L.

«Quand on nous disait que le prix de l’électricité allait augmenter de trois ou quatre fois, on n’y croyait pas… Oui on attend toujours le dernier moment pour se réveiller, les chiffres annoncés étaient tellement hallucinants qu’on s’était dit que ce n’était pas possible. » Mais le pire est arrivé, et Guy Paris, maire de Sagy, petite commune du Val-d’Oise, et auteur de ces phrases, a dû sortir l’artillerie lourde pour sauver ses commerçants. Il va offrir six mois de loyer à son boucher et son boulanger dont les factures ont explosé, selon des informations qu’a recueillies 20 Minutes auprès de l’élu, confirmant une information de France Bleu.

La consommation électrique du boucher est passée de 500 à 1.000 euros par mois depuis août, dans un contexte où les clients et clientes, qui se serrent aussi la ceinture, se font plus rares. Il a licencié son fils au mois de septembre, selon le maire. Le boulanger voit sa facture multipliée par 2,5 à 5.000 euros par mois au total. Il licencie une vendeuse et s’apprête peut-être à le faire pour une pâtissière. Sans compter la hausse des matières premières.

Un sauvetage « primordial »

Les aides de l’Etat aideront, mais pas assez. Le maire de cette commune d’un millier d’âmes a fait le calcul, le boulanger n’économisera tout au plus que 1.200 euros, il lui restera donc 1.800 euros sur les 3.000 euros de surcoût par mois. Cette exonération de loyer, au total 500 euros par mois pour chaque commerce pendant six mois, s’imposait donc. Pas question en effet de laisser s’envoler deux commerces « créés de toutes pièces » en 2003 et 2007, selon les mots du maire, lorsque la mairie a décidé d’acheter des locaux et de les aménager pour faciliter leur installation. Voilà donc 20 ans et 16 ans qu’ils sont en place.



Pour le maire, cela fera un trou de 6.000 euros en moins dans les recettes, sachant que la facture énergétique de la mairie va déjà augmenter de 25.000 euros en 2023 pour chauffer ses locaux et ceux des deux écoles du village. Mais, lâche Guy Paris, « on a considéré que le sauvetage de nos deux commerces était primordial ». Le maire espère maintenant que l’Etat va intensifier son effort pour les petits commerces.