CLANDESTINITé« GCC », trois lettres, 14 incendies et beaucoup de mystères en Corse

Corse : « GCC », trois lettres, 14 incendies et beaucoup de mystères

CLANDESTINITéCe sigle, apposé depuis quelques mois en guise de revendications sur des villas et autres lieux incendiés, intrigue les enquêteurs
Quatorze incendies criminels ont été siglés GCC depuis cet été. Ici un restaurant de plage en juillet, du côté de Pietrosella.
Quatorze incendies criminels ont été siglés GCC depuis cet été. Ici un restaurant de plage en juillet, du côté de Pietrosella. - POCHARD-CASABIANCA / AFP
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • En Corse, quatorze incendies criminels ont été signés du GCC depuis l’été.
  • Une inscription figurent sur les murs, mais sans revendication officielle toutefois.
  • De quoi interroger Thierry Dominici, spécialiste du nationalisme corse à l’université de Bordeaux.

Il y a bien le Groupe chiroptères Corse qui répond à l’acronyme GCC. Il serait toutefois bien improbable que des amoureux des chauves-souris, quoiqu’elles œuvrent la nuit, n’aient incendié quatorze villas, bungalows et autres propriétés de Français du continent à côté desquels ce tag a pu être retrouvé depuis ces derniers mois. Un tag d’abord identifié en Corse du Sud, du côté de Sartène, avant d’essaimer jusqu’en Haute-Corse dernièrement.

Faux nez du FLNC ou pieds nickelés ?

De quoi signer la constitution d’un nouveau groupe indépendantiste clandestin en Corse ou une rémanence du FLNC, qui lui, a bien revendiqué son retour à l’action en juillet dernier ? Ce serait avancer un peu trop vite sur la question, selon Thierry Dominici, de l’université de Bordeaux et spécialiste du nationalisme corse : « Ce n’est pas parce qu’il y a une certaine revendication que cela correspond à un réel mouvement. » Pour lui, différentes hypothèses sont envisageables. A commencer par une politique « de faux nez », culturellement présente chez les nationalistes corses. « Une manière de tester l’opinion publique, et de voir si ces actions sont acceptées par les populations. »

Les actions derrière « GCC », qui pourrait être l’acronyme de Ghjuventù corsa clandestinu (jeunesse corse clandestine), pousse toutefois le chercheur à s'interroger : « Dans les années pré-FLNC, beaucoup de groupes s’étaient constitués avec un nom commençant par G, pour Ghjuventù [jeunesse, donc] ». Mais, en l’état, étant donné leurs cibles – on parle essentiellement de bungalow, cabanons et d’engins de chantier – et moyens d’actions assez rudimentaires, Thierry Dominici penche plutôt pour un groupe sans réelle consistance. « Ça me fait penser à l’époque (2004) des jeunes de I Clandestini corsi [qui avaient pratiqué quelques attentats racistes]. Après leur interpellation, on s’était rendu compte qu’ils étaient six et qu’on avait affaire à des pieds nickelés », poursuit-il.



Un argument avancé notamment à la lumière d’absence de revendications faites auprès des services de l’Etat. « Le but des mouvements nationalistes est d’être à un moment donné reconnu par l’Etat pour avoir un dialogue. Et là, ce n’est absolument pas le cas. » Reste que les services de police et de gendarmerie français semblent prendre la chose au sérieux. A la suite de la dernière action de ce mystérieux « GCC », mené le 9 janvier, le Parquet national antiterroriste avait annoncé s’être saisi de l’enquête. Interrogée par La Provence, une source policière avait confié, pour l’heure, « se perdre en conjectures » dans l’identification des individus derrière ce sigle.