PROCÈSYoucef Tebbal condamné à douze ans de prison pour la mort d’Axelle Dorier

Mort d’Axelle Dorier : Youcef Tebbal condamné à douze ans de prison

PROCÈSYoucef Tebbal et Mohamed Yelloule ont été reconnus coupables de la mort de la jeune femme de 22 ans, percutée en voiture et traînée sur 807 m le 19 juillet 2020 à Lyon
A l'issue de quatre jours de procès, la cour d'assises du Rhône a rendu son verdict dans l'affaire de la mort d'Axelle Dorier, percutée par la voiture de Youcef Tebbal et traînée sur 807m
A l'issue de quatre jours de procès, la cour d'assises du Rhône a rendu son verdict dans l'affaire de la mort d'Axelle Dorier, percutée par la voiture de Youcef Tebbal et traînée sur 807m  - E. Martin / 20 Minutes / 20 Minutes
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Les juges et les jurés ont reconnu coupables Youcef Tebbal et Mohamed Yelloule d’avoir tué Axelle Dorier, le 19 juillet 2020, en la percutant en voiture et en la traînant sur 807 mètres.
  • La cour d’assises du Rhône a rendu son verdict après 3h30 de délibérations.
  • Le conducteur a été condamné à douze ans de prison, et son passager à cinq ans dont trois ans avec suris mais il n’ira pas en détention.

Le verdict est tombé. Après 3h30 de délibérations et quatre jours de procès, la cour d’assises du Rhône a reconnu coupables Youcef Tebbal et Mohamed Yeloulle de la mort d’Axelle Dorier, le 19 juillet 2020 à Lyon.

Youcef Tebbal, âgé de 24 ans, le conducteur du véhicule qui a percuté et traîné la jeune femme sur 807 mètres, a été condamné à douze ans de prison pour « violence avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Son passager au moment des faits, Mohamed Yelloule, a quant à lui écopé de 5 ans d’emprisonnement dont trois avec sursis pour « non-assistance à personne en danger ». En revanche, il ne sera pas incarcéré, puisqu’il bénéficiera d’un aménagement de peine.

L’avocat de Youcef Tebbal satisfait

La cour d’assises n’a pas suivi les réquisitions de l’avocat général Romain Ducrocq, qui avait demandé seize ans de réclusion criminelle à l’encontre du premier et cinq ans d’emprisonnement, dont un an ferme sans « demande d’incarcération », contre le second.

David Metaxas, le conseil du premier, avait annoncé qu’il ferait appel « si la cour d’assises suivait les réquisitions ». Ce ne sera donc pas le cas, le conseil étant « satisfait » d’avoir « gagné quatre ans » par rapport aux réquisitions et soulagé que la question du meurtre ne soit pas retenue.

Une décision qui est difficilement passée du côté de la famille. Théo, un des frères d’Axelle, trouvait déjà que les réquisitions étaient « une honte » et s'est emporté au moment de l'annonce du verdict en cassant une vitre, a constaté Le Progrès. L'avocat, Me Gabriel Versini, a tenté de le canaliser et de « temporiser au maximum la rancoeur de la famille Dorier qui est légitime quand on a perdu son enfant et sa sœur dans des conditions aussi horribles ». « Les parties civiles s'attendaient à une décision « plus ferme, plus solide », a souligné l'avocat tout en admettant que « justice avait été rendue ».

Une bouteille de 18 cm pour « se rendre compte »

Lors de sa plaidoirie, l’avocat avait appuyé sur la souffrance de la perte d’un être cher, qui ne « pourra jamais cesser » et sur quoi « il n’était pas possible de mettre de mots ». « Quand vous donnez la vie vous ne pouvez pas imaginer que vous allez assister à sa mort », s’était-il exclamé en parlant de la mère d’Axelle qu’il a comparée à « la mater dolorosa ». « Quand quelqu’un meurt, on se doit d’assumer, de se responsabiliser », a-t-il ensuite lâché en direction du box des accusés, tous les deux, têtes baissées.

Pour permettre aux jurés de « se rendre compte » , Gabriel Versini avait brandi une petite bouteille d’eau, de 50 cl avec une marque pour indiquer ce que « représenter 18 cm », soit l’espace entre le sol et la voiture, où le corps d’Axelle était coincé. « Vous aurez une autre vision des bouteilles d’eau, mais vous aurez surtout une autre vision du corps d’Axelle, de ses pleurs, de ses appels à l’aide. Cette jeune femme s’est vue mourir pendant des dizaines de secondes et a atteint le maximum de la souffrance, sept sur sept. »

Cette mort extrêmement douloureuse est due, a-t-il rappelé, aux 807 m sur lesquels Axelle a été traînée, soit « la distance entre la cour d’assises et la place de la République ». Comme l’avaient dit les experts durant les jours d’audience, cette mort aurait pu être évitée « si les deux hommes s’étaient arrêtés au bout de 100 m ».

Pas d’homicide involontaire

La vie d’Axelle a d’ailleurs basculé en « neuf minutes », a souligné l’avocat général pendant ses réquisitions. Même s’il ne demandait pas la peine maximale, il avait précisé qu’il lui était « impossible de prononcer en dessous de dix ans » pour le conducteur de la Golf, comme l’avait suggéré sa défense en demandant la requalification des faits en « homicide involontaire ».

Son avocat avait insisté pendant une heure, ne s’adressant quasi exclusivement qu’aux jurés et adoptant une posture de prof de droit pour leur expliquer les trois options qui s’offraient à eux pour aller délibérer : le meurtre, les violences avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner et l’homicide involontaire. Cela, en leur répétant inlassablement « Youcef Tebbal avait-il l’intention de tuer Axelle Dorier ? » La cour d’assises a finalement tranché pour qu’il reste en prison, où il est depuis juillet 2020.