californieLes avocats d’Elon Musk plaident un tweet « précipité » mais pas mensonger

Procès d’Elon Musk : Tweet mensonger ou « précipité », les avocats débattent avant le témoignage du patron de Tesla

californieLe fantasque milliardaire devrait venir s'expliquer à la barre, peut-être dès vendredi
L'un des avocats d'Elon Musk, Alex Spiro, à sa sortie du tribunal de San Francisco, le 18 janvier 2023.
L'un des avocats d'Elon Musk, Alex Spiro, à sa sortie du tribunal de San Francisco, le 18 janvier 2023. - Jeff Chiu/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Ce sont deux phrases qui pourraient lui coûter cher. Plus de quatre ans après avoir tweeté qu’il allait sortir Tesla de la Bourse, Elon Musk doit rendre des comptes au tribunal face aux investisseurs qui s’estiment lésés par ses déclarations, après avoir déjà subi les foudres des autorités.

« Elon Musk, (alors) PDG de Tesla, a menti, et ses mensonges ont fait perdre des millions de dollars à des personnes », a lancé Nicholas Porritt, avocat des plaignants, des investisseurs rassemblés dans une action collective.

Le 10 août 2018, ils avaient porté plainte contre le dirigeant d’entreprises, pour avoir « artificiellement manipulé le prix du titre de Tesla afin de complètement ruiner les investisseurs » qui pariaient sur la baisse du cours.

Elon Musk attendu à la barre

Le procès pour fraude s’est ouvert mardi à San Francisco avec la sélection d’un jury de neuf personnes, et doit durer trois semaines. Elon Musk lui-même doit venir à la barre, peut-être dès vendredi.

Il avait créé la stupeur le 7 août 2018 en affirmant qu’il voulait retirer son groupe de la Bourse en déboursant 420 dollars par action, puis que le financement était « sécurisé ». Quelques jours plus tard il avait indiqué être en discussion avec notamment le fonds souverain saoudien.

Selon la défense, Elon Musk avait bien l’intention de sortir Tesla de la Bourse, et ne doutait pas du financement, grâce à des assurances de ce fonds. Alexander Spiro, l’avocat du milliardaire, a reconnu que son client avait rédigé ce tweet « de façon précipitée » après qu’un article du Financial Times eut révélé que le fonds saoudien était monté au capital de Tesla.

« Blague »

Le choix des mots était « imprudent », mais « ce n’est pas une fraude », a martelé l’avocat. « Pendant tout ce processus, M. Musk n’a pas vendu une seule action. Aucun dirigeant de Tesla, aucun membre du conseil d’administration n’a vendu une seule action. Dans les vrais cas de fraude, les gens (…) veulent en profiter », a-t-il insisté.

Le titre du constructeur de voitures électriques avait bondi jusqu’à 386,48 dollars dans la foulée des tweets. Le 16 août, il était redescendu à 335,45 dollars.

A cette date, le New York Times avait publié une interview d’Elon Musk « qui confirmait les pires rumeurs », a avancé Nicholas Porritt, notamment que « personne du conseil d’administration n’avait relu les tweets composés depuis sa voiture en route pour l’aéroport, et que le prix, 420 dollars, était une blague ». Aux Etats-Unis, le nombre « four twenty » est associé à la consommation de cannabis. Quand le milliardaire a proposé de racheter Twitter au printemps dernier, il a choisi un prix de 54,20 dollars par action.

Dans le collimateur du gendarme boursier

« Je peux vous dire que ce n’était pas une blague pour les investisseurs », a assené Nicholas Porritt. Glen Littleton, le principal plaignant, a raconté aux jurés comment l’annonce fracassante d’Elon Musk avait bien failli « anéantir » tous ses investissements.

Selon son avocat, cette affaire est aussi importante parce qu’elle concerne le respect des lois qui régissent les marchés financiers - des marchés dont dépendent notamment les fonds de pensions et compagnies d’assurance.

Tesla avait rapidement abandonné l’idée de sortir de la cote. Mais le gendarme boursier américain, la SEC, estimant que le patron n’avait pas apporté la preuve de son financement, lui avait imposé de céder la présidence du conseil d’administration, de payer une amende de 20 millions de dollars et exigé par la suite que ses tweets directement liés à l’activité de Tesla soient pré-approuvés par un juriste compétent.

« Elon Musk voit ce procès comme un moyen de faire réexaminer cette décision de la SEC », commente Josh White, ancien économiste de l’agence fédérale. « Il pense qu’il n’a rien fait de mal et qu’il a le droit de dire ce qu’il veut sur Twitter ».