FOOTBALLEst-on face au mercato le plus incompréhensible de l’histoire de l’OL ?

Ligue 1 : L’OL est-il en passe de signer le mercato le plus incompréhensible de son histoire ?

FOOTBALLAlors que la récente arrivée de John Textor aux commandes de l’Olympique Lyonnais avait suscité un léger vent d’espoir, le mercato hivernal du club synthétise jusque-là tous ses profonds maux
Enfin installé dans le 11 lyonnais depuis la reprise de la Ligue 1, le milieu offensif Rayan Cherki (19 ans) est courtisé cet hiver par le PSG. Son éventuel départ serait lourd de sens sur la politique sportive de l'OL.
Enfin installé dans le 11 lyonnais depuis la reprise de la Ligue 1, le milieu offensif Rayan Cherki (19 ans) est courtisé cet hiver par le PSG. Son éventuel départ serait lourd de sens sur la politique sportive de l'OL. - PHOTO Mourad ALLILI / SIPA
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • A la peine en Ligue 1 (9e), l’Olympique Lyonnais galère à se renforcer durant ce mercato hivernal.
  • A cinq jours de la fin du marché des transferts, le club n’a officialisé que l’arrivée de Dejan Lovren, et ce jeudi le départ en prêt payant (sans option d’achat) de Karl Toko Ekambi.
  • 20 Minutes revient sur tous les dossiers chauds de ce mercato, qui illustrent finalement, chacun dans leur registre, les maux qui accompagnent le déclassement de l’OL depuis de longs mois.

La parenthèse enchantée des supporteurs lyonnais n’aura duré qu’un mois. Ils étaient parvenus, grâce à cette trêve inédite liée à la Coupe du monde au Qatar, à mettre sous le tapis la morosité totale dans laquelle se trouve leur équipe. Ils se sont même surpris à reprendre espoir, tant Laurent Blanc avait annoncé que son groupe allait en profiter pour se régénérer sur le plan athlétique. Mais, un mois après la reprise, avec deux nouveaux fiascos subis (0-1 contre Clermont et 1-2 face à Strasbourg) et une 9e place en Ligue 1, le désenchantement est absolu.

Pire, le mercato hivernal, qui constituait le principal motif d’espoir, en raison de la reprise du club par l’Américain John Textor, penche vers l’incompréhensible, voire le grotesque, à cinq jours du terme. Jean-Michel Aulas parle ce jeudi de « grand mouvement de l’hiver », mais Dejan Lovren est jusque-là la seule recrue, tandis qu’aucun indésirable (Aouar, Dembélé, Boateng, Reine-Adélaïde) ne devrait s’en aller. Seul le prêt de Karl Toko Ekambi vient d’être officialisé par Rennes. Dossier par dossier, 20 Minutes vous raconte à quel point ce marché des transferts synthétise les maux de l’OL.


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  • Dejan Lovren, 9/10 sur le barème Boateng, et 6/10 sur le barème Tolisso

Un coup double officialisé dès le 2 janvier pour attaquer en fanfare ce mercato crucial, qui dit mieux ? A savoir un joueur en pleine controverse depuis la fin de la Coupe du monde, pour avoir entonné un chant nationaliste croate, et même effectué un salut fasciste. Autant dire que recruter Dejan Lovren vous garantit une belle semaine inaugurale de bad buzz, et même un long sujet de Mediapart. Une galère médiatique d’emblée qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre défenseur, Jérôme Boateng, engagé un an et demi plus tôt par l’OL. Celui-ci avait dû comparaître au tribunal de Munich pour violences conjugales sur son ex-compagne… quatre jours après son premier entraînement à Lyon.

De même, ce « retour à l’ADN lyonnais » fixé par le trio Aulas-Ponsot-Cheyrou présente déjà de vraies limites. Surtout en constatant que Corentin Tolisso n’a disputé qu’une rencontre en intégralité depuis le mois d’août, au sortir de quatre années gâchées par des pépins physiques au Bayern. Et là, Lovren signe un contrat jusqu’en juin 2025, malgré ses 33 ans et sa vingtaine de matchs disputés par saison depuis 2018. Qui plus est, contrairement à Corentin Tolisso, les bons souvenirs laissés par le Croate lors de son premier passage (de 2010 à 2013) se comptent sur les doigts d’une main.


Dejan Lovren, ici lors du 16e de finale de Coupe de France, samedi face à Chambéry (3-0), a retrouvé Lyon cet hiver.
Dejan Lovren, ici lors du 16e de finale de Coupe de France, samedi face à Chambéry (3-0), a retrouvé Lyon cet hiver. - Mourad ALLILI/SIPA
  • Karl Toko Ekambi, 9/10 sur le barème Beauvue-Marcelo

La bronca puis les insultes à son égard, le 14 janvier face à Strasbourg, ont sans doute marqué un point de non-retour. S’il y a bien un départ qu’il fallait à tout prix finaliser pour l’OL cet hiver, c’est celui de Karl Toko Ekambi. Cela tant pour sa saison en tout point désastreuse (aucun but inscrit depuis mi-septembre) que pour sa relation orageuse avec le virage nord. En célébrant un but contre Montpellier (5-2 le 23 avril) avec un doigt devant la bouche en guise de provocation, l’international camerounais s’est mis à dos pour de bon les Bad Gones, tout comme Claudio Beauvue et Marcelo avant lui, à la suite d’épisodes comparables.

Mais il ne s’agit que d’un prêt payant (1,5 M€ + 1 M€ de bonus) à Rennes (coucou FloMau), sans option d’achat, loin de l’indemnité de 15,5 M€ que Lyon avait réglée à Villarreal. L’OL pourrait ainsi se retrouver avec un bon casse-tête à gérer dans six mois, puisque Toko Ekambi aura encore une année de contrat avant de pouvoir s’engager où il le souhaite, comme Moussa Dembélé et Houssem Aouar s’apprêtent à le faire cet été. Supporteurs lyonnais, on ne peut que vous déconseiller le OL-Rennes du 9 avril. Spoiler : 1-5, triplé d’un Toko injouable et chambreur.


En pleine saison cauchemardesque, Karl Toko Ekambi vient d'être prêté ce jeudi au Stade Rennais, à un an et demi de la fin de son contrat à Lyon.
En pleine saison cauchemardesque, Karl Toko Ekambi vient d'être prêté ce jeudi au Stade Rennais, à un an et demi de la fin de son contrat à Lyon. - Eurasia Sport Images/SPP/Shutter
  • Joao Gomes, 10/10 sur le barème Onana-Azmoun

Le jackpot de ce mercato pour rendre furax les supporteurs lyonnais. A savoir un joueur sur lequel l’OL fait une fixette, alors que les médias faisaient écho, dès le départ, de la volonté de Joao Gomes de privilégier Wolverhampton. Tant qu’à faire, Bruno Cheyrou a lui-même confié son souhait de recruter le milieu de Flamengo dans la presse, une stratégie qui porte rarement ses fruits. « C’est un joueur qu’on observe depuis un an et demi, indiquait le directeur du recrutement lyonnais à L'Equipe le 17 février. Une fenêtre s’est ouverte et on essaie de s’engouffrer. Ce joueur, je l’aime beaucoup et ce serait un doux rêve de le recruter. » Un « doux rêve » qui ne se concrétisera donc pas, et ce timing de scouting du joueur, « il y a un an et demi », rappelle à quel point Juninho, qui était encore directeur sportif de l’OL, avait un œil précieux sur les jeunes Brésiliens.

Difficile désormais pour les supporteurs lyonnais d’envisager le recrutement de virtuoses comme Bruno Guimaraes et Lucas Paqueta. Neuf jours après l’interview de Bruno Cheyrou, et malgré son voyage à Rio, mais aussi celui de John Textor, pour tenter de convaincre Joao Gomes, ce dernier rejoint la liste des André Onana et Sardar Azmoun. A savoir ces joueurs dont l’OL pensait tant finaliser la venue qu’il n’avait pas prévu de véritable plan B. Preuve de la dégringolade d’attractivité du club depuis deux ans, Onana a privilégié l’Inter Milan, Azmoun le Bayer Leverkusen, Joao Gomes les Wolves (17es de PL), et l’attaquant français Wilson Isidor (22 ans, Lokomotiv Moscou), pisté par Lyon, semble se voir davantage à Lorient qu’à l’OL. Et ça, ce n’est pas anodin.

  • Romain Faivre, 8/10 sur le barème Terrier

Vous vous souvenez de l’intenable milieu offensif brestois Romain Faivre, ensuite auteur d’un doublé à Lorient le 4 mars 2022, un mois après son arrivée à Lyon ? Celui-ci est porté disparu depuis de longues semaines, et il ne compte que trois (fades) titularisations cette saison avec l’OL. Même s’il n’a que 24 ans, on a du mal à le voir rebondir au sein d’une équipe lyonnaise en crise. Le manque de caractère dont souffre Romain Faivre renvoie à l’impasse dans laquelle se trouvait Martin Terrier dans le contexte lyonnais (de 2018 à 2020), avant qu’il n’explose à Rennes.

Révélés dans des modestes équipes de Ligue 1 (Strasbourg et Brest), Terrier et Faivre n’avaient peut-être pas la carrure, à moins de 25 ans, pour résister à la pression d’un club supposé batailler pour la qualification en Ligue des champions. La semaine dernière, Laurent Blanc a confirmé le spleen de l’intéressé : « Je l’adore mais il n’est pas heureux à Lyon depuis plus de trois mois et il veut partir. C’est dur car il y a un contrat [jusqu’en 2026] et le club a misé beaucoup sur lui ». Très exactement 15 M€ (+ 2 M€ de bonus) que Lyon a peu de chances de récupérer au vu de sa méforme qui perdure. Mais on ne serait pas surpris qu’il s’éclate vite en rejoignant les Merlus de Régis Le Bris.


Frustré de son rôle de remplaçant, Romain Faivre vit lui aussi très mal cette saison galère, tant sur le plan individuel que collectif.
Frustré de son rôle de remplaçant, Romain Faivre vit lui aussi très mal cette saison galère, tant sur le plan individuel que collectif. - Adil Benayache/SIPA
  • Mohamed El Arouch, 7/10 sur le barème Martial

Comme par hasard, on a découvert ce jeudi le visage juvénile de Mohamed El Arouch (18 ans) lors de l’entraînement du groupe professionnel de l’OL. Il s’agit d’une première avec Laurent Blanc, tant le prometteur milieu de terrain arrivait loin dans la hiérarchie. C’est surtout la conséquence d’un coup de pression médiatique lancé par son entourage, qui a fait circuler ses envies d’ailleurs supposées, malgré un contrat jusqu’en 2025 avec son club formateur.

Le vainqueur de la dernière Coupe Gambardella pourrait-il devenir d’ici le 31 janvier le nouvel Anthony Martial, parti à 18 ans à l’AS Monaco pour une bouchée de pain (5 M€) après seulement 4 apparitions avec les pros à Lyon ? Deux ans plus tard, celui-ci était vendu pour 80 M€ (bonus compris) à Manchester United. Jean-Michel Aulas redoute forcément un tel scénario pour Mohamed El Arouch. Peut-être a-t-il même pris conscience cet hiver qu’il était illogique de voir un tel potentiel à 0 minute de jeu en L1, lorsque Mendes, Faivre, Aouar et Reine-Adélaïde, tous loin de leur meilleur niveau cette saison, ont encore leur chance.

  • Jeff Reine-Adélaïde, 6/10 sur le barème Réveillère-Fekir

Peut-on se remettre de deux ruptures des ligaments croisés en 14 mois ? La question se pose forcément tant Jeff Reine-Adélaïde, la recrue la plus chère de l’histoire de l’OL en 2019 (25 M€), est en souffrance. Un changement d’air cet hiver aurait pu soulager tout le monde et libérer un peu de place dans l’effectif pour Mohamed El Arouch. Mais comme rien n’est simple côté lyonnais, l’offre d’un prêt avec une option d’achat de 12 M€ du Séville FC s’est envolée à la visite médicale mardi.



L’Equipe révèle que le club andalou a été alerté par le « manque de rythme » de JRA. Celui-là même que les spectateurs du Parc OL constatent chaque semaine. Parmi les précédents célèbres de joueurs lyonnais en partance mais recalés à la visite médicale, on songe à Anthony Réveillère au PSG en 2012, puis à Nabil Fekir à Liverpool en 2018. Sauf que le retour de ces deux tauliers n’avait alors pas été perçu comme des mauvaises nouvelles sur le plan sportif.

  • Malo Gusto et Rayan Cherki, 7/10 sur le barème Ndombele-Mendy

Durant l’été 2019, Jean-Michel Aulas avait touché le jackpot, avec 123 millions d’euros combinés (bonus compris) pour les transferts de Tanguy Ndombele (Tottenham) et de Ferland Mendy (Real Madrid). Deux saisons de Ligue 1 dans les pattes et les néo-internationaux tricolores quittaient précipitamment Lyon. Trois ans et demi plus tard, les timings de départ des meilleurs jeunes semblent encore plus prématurés. Malo Gusto et Rayan Cherki n’ont que 19 piges (contre 22 et 24 alors pour Ndombele et Mendy) et surtout même pas une saison pleine de Ligue 1 dans la peau de titulaires.


Notre dossier sur l'OL

Pour autant, leurs noms sont associés avec insistance à Chelsea et au PSG dès cet hiver. Les sommes évoquées (environ 20 M€) sont moins folles qu’en 2019, au vu de leurs références encore limitées. Nul doute que perdre deux symboles de réussite issus de l’académie lyonnaise ressemblerait au coup de grâce pour les supporteurs. Même s'ils ont la sensation de l’avoir déjà reçu à de nombreuses reprises ces derniers mois.