Facebook : Les algorithmes gérant les offres d’emploi jugés « sexistes » par trois associations
DISCRIMINATION 2.0•Les annonces d’auxiliaire petite enfance et de secrétaire ont été proposées à plus de 90 % à des femmes20 Minutes avec agences
Trois associations ont annoncé ce lundi qu’elles saisissaient la Défenseure des droits et la Cnil pour « discrimination sexiste » concernant des offres d’emploi mises en avant par les algorithmes de Facebook. Les trois associations plaignantes sont la Fondation des Femmes, Femmes Ingénieures et Global Witness.
En mars 2022, cette dernière ONG a réalisé un test en créant cinq offres d’emploi formulées de manière neutre pour plusieurs métiers : secrétaire, pilote de ligne, auxiliaire petite enfance, psychologue, responsable d’une structure informatique. Global Witness a ensuite laissé les algorithmes du réseau social sélectionner l’audience ciblée par ces annonces.
Un ciblage genré dans de nombreux pays
Résultat : l’annonce « Petite enfance » a ciblé des femmes à 94 %, l’annonce « Secrétaire » à 92 % et l’annonce « Psychologue » à 80 %, selon un communiqué des trois associations. A l’inverse, « l’annonce pour un poste de pilote de ligne a été proposée à 85 % d’hommes et celle de responsable de structure informatique à 68 % d’hommes », indique le document.
Global Witness a réalisé une campagne similaire au Royaume-Uni, en Irlande, en Inde, au Pays-Bas et en Afrique du Sud. « Ces résultats, qui révèlent comment Facebook diffuse des annonces d’offres d’emploi de manière massive à un genre plutôt qu’à un autre, ont été relevés dans presque toutes les annonces et dans tous les pays où nous les avons publiés », commente l’ONG.
Des accusations réfutées par Meta
Ces résultats montrent les « biais sexistes des systèmes automatisés de Facebook dans le ciblage des audiences », dénonce la Fondation des Femmes. « [Les algorithmes] placent le recruteur de bonne foi dans une position d’illégalité » en ne permettant pas « l’égal accès des hommes et des femmes à l’emploi ». Ils perpétuent des « stéréotypes sexistes » : aux femmes les métiers du soin, aux hommes les postes à responsabilité, écartant de fait d’emplois mieux rémunérés.
Les trois associations ont également saisi la Cnil pour « manquement potentiel avec le règlement général sur la protection des données (RGPD) » et avec la loi informatique et libertés. Elles estiment que le traitement des données par les algorithmes est « opaque et illicite » et « crée des discriminations en raison du sexe ».
« Nous n’autorisons pas les annonceurs à cibler [les] publicités en fonction du sexe », a réagi un porte-parole de Meta, sollicité par l’AFP. « Nous continuons à travailler avec des parties prenantes et des experts du monde universitaire, des groupes de défense des droits de l’homme et d’autres disciplines sur les meilleures façons d’étudier et d’aborder l’équité algorithmique. »
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