RUGBYDu désespoir à la gloire, comment Ntamack a renversé la finale du Top 14

Stade Toulousain - La Rochelle : Du désespoir à la gloire, Ntamack a renversé la finale du Top 14

RUGBYRomain Ntamack a fini par s’approprier une fin de match où rien ne lui réussissait, en inscrivant un essai de classe mondiale
Romain Ntamack a renversé la finale du Top 14
Romain Ntamack a renversé la finale du Top 14 - AFP / AFP
William Pereira

William Pereira

Au Stade de France,

Le monde est divisé en deux catégories. Les enthousiastes qui se laissent volontiers aller à l’euphorie dès que l’occasion se présente, et les pragmatiques, ou moins poliment pisse-froid, dont l’activité favorite consiste à expliquer au premier groupe que son extase est démesurée. Théorie vérifiée pas plus tard que samedi soir. Romain Ntamack a à peine eu le temps de célébrer son essai, un chef-d’œuvre d’esquive et d’élégance au service d’un scénario de match hollywoodien, que les relativistes pointaient déjà du doigt l’erreur défensive rochelaise pour atténuer l’exploit. Oui, Ulupano Seuteni se fait promener comme un chien en laisse par Dupont puis Ntamack au départ de l’action, le coach rochelais Ronan O’Gara dira en zone mixte qu’il « a été manipulé par Romain, ça arrive ». Oui sa mauvaise anticipation ouvre une brèche et oui, sans ça, l’ouvreur toulousain aurait probablement eu beaucoup plus de mal à passer.

Mais quelle tristesse de fermer les yeux sur la rédemption géniale d’un joueur encore englué dans une médiocrité inhabituelle cinq minutes plus tôt. D’un en-avant stupide concédé après avoir voulu contrôler du pied un ballon aérien et une touche pas trouvée en jouant une pénalité quasi décisive, Romain Ntamack est passé à héros absolu du 22e titre toulousain. C’est Thomas Ramos qui en parle le mieux, au micro de France 2. « Quand il rate son coup de pied en touche, t’as l’impression qu’il a loupé son match et en fait, le mec te met un essai de 60 mètres sorti de tu sais pas où. »


L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Quel athlète, quel joueur ! »

Tout est épique, dans cette percée du numéro 10, jusqu’à la célébration face au virage jaune médusé, ses larmes à la fin du match et même les crampes de François Cros au bout de 10 mètres à essayer de suivre l’action. Sa chevauchée a enflammé le Stade de France, fait le tour des réseaux, été commentée dans 36 langues différentes - notre préférence va à l’Anglais et son « la cwème de la cwème » - et même conquis sa victime. « Quel athlète, quel joueur, c’est un essai exceptionnel, a félicité O’Gara. Quand tu marques un essai comme ça, tu mérites de gagner. » Classe.

Aussi curieux que cela puisse paraître, ce solo de rockstar puise ses origines dans la force collective toulousaine. Le Stade a su ne pas lâcher le match ni Ntamack après la fameuse touche ratée. « Quand je rate mon coup de pied en touche pour revenir dans leur camp, dans ma tête je pense que c’est terminé, racontera le demi d’ouverture au micro de France 2. Mais ma chance, c’est que j’étais le seul à croire que c’était terminé et que les 14 autres sur le terrain m’ont tous dit ''il reste 5 minutes, c’est pas fini, on va aller la chercher'' [la victoire] ».


L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies


Ntamack ému et soulagé après la victoire

Vu de l’extérieur, on avait l’impression du contraire. Plus le temps avançait, plus la résignation gagnait les Toulousains, c’était écrit sur leur gueule et dans leur langage corporel. Bras ballants, mains sur les hanches, pire, sur les genoux, bouche ouverte à la recherche d’oxygène, les signes extérieurs de lassitude se multipliaient à mesure que les hommes d’Ugo Mola commettaient des fautes évitables, dont deux déboucheront sur des pénalités que l’on pensait fatales. Seul Romain Ntamack avait les ressources pour changer le cours du destin collectif. Il avait trop raté auparavant pour ne pas se dire, « foutu pour foutu, et si je la tentais, cette percée ». 50 mètres, après tout, ce n’est pas tant que ça.

« C’est un fait marquant que je vais retenir toute ma vie, c’est sûr et certain, souriait l’homme providentiel en zone mixte. Marquer un essai victorieux, en finale du Top 14… Je ne sais même pas si j’en ai rêvé petit mais c’est une réalité maintenant. Je suis super fier, super heureux et je suis soulagé pour le club. » Et pour lui aussi. Mais il ne le dira pas.

Sujets liés