FéminicideLes messages manipulateurs du mari de Karine Esquivillon sur les réseaux

Meurtre de Karine Esquivillon : Les messages manipulateurs du mari sur les réseaux sociaux

FéminicideAvant d’avouer aux enquêteurs avoir tué son épouse, Michel Pialle a défendu pendant plus de deux mois la thèse d’un départ volontaire de la victime. Allant jusqu’à multiplier les publications sur Facebook pour tenter de crédibiliser son discours
Le domicile de la famille Pialle-Esquivillon à Maché, au nord-ouest de La Roche-sur-Yon (Vendée).
Le domicile de la famille Pialle-Esquivillon à Maché, au nord-ouest de La Roche-sur-Yon (Vendée). - L.Venance/AFP / AFP
Frédéric Brenon

F.B.

L'essentiel

  • Après l’avoir fait passer pendant plus de deux mois pour une disparition « volontaire », le mari de Karine Esquivillon a avoué aux enquêteurs l’homicide de la quinquagénaire. Il lui aurait tiré dessus « accidentellement » avec une carabine qu’il nettoyait.
  • A la fin de sa garde à vue, Michel Pialle a mené les gendarmes jusqu’à un bois situé à Challans, à une quinzaine de kilomètres de son domicile, où se trouvait le corps de Karine Esquivillon, 54 ans.
  • Le suspect a été mis en examen pour « meurtre par conjoint » et écroué.

Le terrible dénouement est arrivé vendredi. Le corps de Karine Esquivillon, cette mère de famille disparue depuis le 27 mars, a été retrouvé dans un bois près de Challans (Vendée) après les aveux de son mari. Ce dernier a déclaré avoir tué accidentellement son épouse en nettoyant une carabine 22 Long rifle, au domicile familial, à Maché (Vendée). Ayant « pris peur », Michel Pialle explique avoir ensuite caché le corps dans un bois. Pendant plus de deux mois, il avait clamé un autre discours : celui du départ volontaire de sa compagne. Une version défendue avec vigueur auprès des enquêteurs, des proches de la famille, ainsi que des journalistes auxquels il avait accepté de répondre. Mais Michel Pialle était allé encore plus loin pour tenter de rendre crédible son mensonge : il avait posté de lui-même de nombreux messages sur les réseaux sociaux et partagé des articles traitant de l’affaire.

Sur Facebook, la première publication du mari au sujet de son épouse disparue est intervenue le 9 mai, soit plus d’un mois après le départ supposé de Karine Esquivillon, moment choisi par la gendarmerie pour ouvrir une information judiciaire contre X pour enlèvement et séquestration. Michel Pialle relaie l’appel à témoins des autorités en ajoutant « surtout qu’elle manque à beaucoup et particulièrement à ses enfants et à sa famille !! ». A partir de cette date, le quinquagénaire publiera pas moins de 17 posts sur le réseau social.



« Personne n’est plus détesté que celui qui dit la vérité »

Le 12 mai, partageant un article de France 3, Michel Pialle écrit ainsi : « À partager partout !! Et beaucoup dans tout le Sud ! Et si possible Espagne et Portugal voir Italie… L’attente est infernale ! Nous souhaitons juste des nouvelles simplement… Merci à toutes et à tous ! » Le 17 mai, le mari épingle en haut de sa page Facebook un nouveau message : « Elle manque à tout le monde ! Et tout particulièrement à ses enfants, sa famille, ses proches et à moi-même bien évidemment ! C’est un enfer et un emprisonnement psychologique que de ne pas savoir… »

Le 26 mai, le ton change. Ayant conscience des doutes exprimés par les observateurs et une partie de son entourage, Michel Pialle poste une citation de Platon : « Personne n’est plus détesté que celui qui dit la vérité », complétant cette citation d’un commentaire personnel : « c’est malheureux mais vrai ». Le 1er juin, Michel Pialle diffuse un article de BFM dans lequel il exprime son intention de déposer plainte pour cyberharcèlement.

« On a tous besoin de savoir que tu vas bien »

Le 4 juin, jour de la Fête des mères, le père de famille publie des dessins de ses enfants adressés à Karine Esquivillon. « Karine si tu nous lis… Sache que nous pensons tous très fort à toi ! Les enfants te souhaitent une bonne fête des mères, ils t’aiment et tu leur manques beaucoup ! Donne des nouvelles s’il te plaît », écrit-il.

Le 6 juin, une semaine avant son arrestation, Michel Pialle publie à nouveau sur Facebook un message qui, avec du recul, fait froid dans le dos : « Karine, si tu peux nous lire ou nous entendre, Eva-Louise, Jules, Bérénice, Antoine et Thomas attendent comme moi des nouvelles de toi… Juste au moins des nouvelles on t’en supplie. On a tous besoin de savoir que tu vas bien, on ne t’ennuiera pas, n’aie pas peur des questions, il n’y en aura pas si tu ne veux pas en parler… Mais téléphone, rends-toi dans une gendarmerie qui puisse confirmer que tu vas bien et que tu es libre… Envoie une vidéo avec un journal du jour ou autre. Mais stp donne des nouvelles ! »

Le 16 juin, après deux jours de garde à vue, Michel Pialle a fini par avouer avoir donné la mort à sa compagne et a indiqué aux enquêteurs où trouver le corps. Il a été mis en examen pour « meurtre sur conjoint » et placé en détention provisoire.