BercyLa France compte faire des milliards d’économie dans ses dépenses publiques

Dette : La France bien décidée à réduire ses dépenses publiques sans « couper à la hache »

BercyPour le ministre de l’Economie, il est plus que temps de réduire la dette face aux menaces de sanctions économiques
Bruno Le Maire, Elisabeth Borne et Gabriel Attal, ce lundi, à la sortie des Assises des finances publiques.
Bruno Le Maire, Elisabeth Borne et Gabriel Attal, ce lundi, à la sortie des Assises des finances publiques. - Alexis Jumeau / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Fini l’argent magique ? Ce mantra, répété à l’envi par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, depuis la crise Covid peine à voir le jour. Nouvelle tentative ce lundi, où le gouvernement a indiqué avoir identifié « au moins 10 milliards d’euros d’économies » potentielles, principalement dans les dépenses de santé et les avantages fiscaux des carburants. Et le tout n’est censé être qu’une « étape » pour contribuer d’ici 2027 au redressement des comptes dégradés de la France.

Il faut dire que la France a manqué plusieurs fois de se faire taper sur les doigts par l’agence S & P Global, qui note la capacité d’un pays à rembourser sa dette – dette plutôt colossale dans le cadre de la France. Le pire a été évité en juin, avec une note maintenue à AA, l’une des meilleures possibles. Reste que Bruno le Maire n’a pas envie de rejouer avec le feu et que le projet de budget pour 2024 « nécessitera au moins 12 milliards d’euros d’économies », selon Bercy.

Le temps de se serrer la ceinture

« Maintenant que nous revenons à la normale, qui comprendrait que nous continuions à dépenser autant ? », a déclaré le ministre de l’Economie, en ouvrant à Bercy les Assises des finances publiques. Ces économies devront être trouvées sur la santé, en luttant contre l’explosion des arrêts maladie et « les dérives » des dépenses en médicaments, a-t-il détaillé.



Les aides au logement avec la suppression du dispositif Pinel et la refonte du Prêt à taux zéro (PTZ), pour une économie de deux milliards d’euros, ainsi que le soutien à l’emploi en cette période de chômage bas sont également dans le viseur du gouvernement, plus particulièrement l’apprentissage et le compte personnel de formation.

Des économies partout

Autre cible, les avantages fiscaux sur les carburants dont bénéficient certaines professions comme les transporteurs routiers ou les agriculteurs, alors que la France engage le virage de la transition énergétique. Ils seront supprimés progressivement d’ici 2030, avec un accompagnement pour permettre à ces professions d’opérer cette bascule.

Interrogée sur la nécessité de trouver d’autres économies pour le projet de budget 2024, une source à Bercy a indiqué qu'« il y en aura d’autres » qui totaliseront « sans doute davantage » que 12 milliards d’euros, citant une évaluation de la Cour des comptes. Les Assises ne sont qu’une « étape », a-t-elle ajouté.

« Pas d’une politique à la hache »

L’objectif est de réduire à 108,3 % du PIB (Produit intérieur brut) en 2027 le lourd endettement de la France (contre 111,6 % fin 2022), qui la range du côté des mauvais élèves européens, et de ramener sous l’objectif européen de 3 % le déficit public (4,7 % fin 2022). Pour cela, le gouvernement mise aussi sur la fin de ce fameux « argent magique » avec l’arrêt du bouclier énergétique, mais aussi les gains des réformes comme celles des retraites ou de l’assurance-chômage, et le plein-emploi.

Bruno Le Maire a toutefois rejeté « l’austérité » et dit ne pas vouloir d’une « politique de la hache, qui tuerait notre croissance (…) en taillant à l’aveugle dans les dépenses ». Mais « nous devons assumer de devoir faire des économies quand nous constatons que des dispositifs n’atteignent pas leurs résultats ou pas suffisamment », a déclaré en clôture des Assises la Première ministre Élisabeth Borne.

Bon courage quand même

Ces efforts sont jugés d’autant plus nécessaires que l’environnement économique se durcit, avec le rétablissement l’an prochain des règles budgétaires européennes et la forte remontée des taux d’intérêt qui alourdit significativement la charge de la dette. Le gouvernement pourrait aussi, en présentant son prochain budget, réviser sa prévision de croissance pour 2023, actuellement de 1 % et jugée optimiste par la plupart des instituts économiques.

Mais entre refus d’alourdir la fiscalité et tension sociale face à une inflation élevée, l’entreprise de maîtrise de la dépense s’annonce délicate. Surtout après une douloureuse réforme des retraites et sans majorité absolue à l’Assemblée nationale. Preuve en est si vraiment il y en avait besoin, les trois principales associations d’élus locaux avaient boudé ces Assises, estimant être en désaccord avec l’analyse de la situation. Bonne ambiance.

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