ENQUETELe juge d’instruction Claise se retire du dossier Qatargate

Corruption au parlement européen : Le juge d’instruction Claise se retire du dossier Qatargate

ENQUETE« Des éléments sont apparus récemment » qui « pourraient susciter certaines questions quant au fonctionnement objectif de l’enquête », souligne le communiqué
Un drapeau européen devant le Parlement européen.
Un drapeau européen devant le Parlement européen. - Patrick Hertzog AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le juge belge chargé de l’enquête sur les soupçons de corruption au sein du Parlement européen impliquant le Qatar et le Maroc a décidé « par mesure de précaution » de se dessaisir du dossier, a annoncé lundi soir le parquet fédéral. L’enquête dirigée depuis un an par Michel Claise va être reprise par une juge d’instruction « déjà intervenue précédemment dans le dossier », selon un communiqué. Le parquet précise que la décision de retrait émane du juge Claise lui-même.

« Des éléments sont apparus récemment » qui « pourraient susciter certaines questions quant au fonctionnement objectif de l’enquête », souligne le texte. Joint par l’AFP, un porte-parole du parquet a refusé de donner davantage d’explications. Il n’est pas question de « mettre en doute la probité » du juge ni d’aucun enquêteur impliqué dans ce dossier, insiste le parquet, mais de « maintenir une nécessaire séparation entre la vie privée et familiale et les responsabilités professionnelles ».

Ce scandale dit du Qatargate a éclaté en décembre 2022 quand les enquêteurs belges, lors d’une série de perquisitions à Bruxelles, ont mis la main sur environ 1,5 million d’euros en petites coupures répartis dans plusieurs sacs et valises. Le juge Claise soupçonne des versements en liquide intervenus en échange de décisions ou prises de position politiques favorables au Qatar et au Maroc au Parlement européen, ce que Doha et Rabat ont fermement nié.

Six suspects inculpés

Au moins six suspects ont été inculpés pour corruption, blanchiment d’argent et participation à une organisation criminelle, dont les eurodéputés socialistes Eva Kaili et Marc Tarabella. Déchue de sa fonction de vice-présidente du Parlement européen (elle comptait parmi les 14 élus ayant ce titre), la Grecque Eva Kaili a passé quatre mois en prison avant d’être assignée à résidence à la mi-avril à Bruxelles. Elle a été autorisée à retirer son bracelet électronique fin mai.

Parmi les autres suspects figure l’ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, le « repenti » du dossier, qui a accepté une peine de prison limitée en échange de déclarations précises sur les participants à cette fraude. Il est le seul encore en détention préventive sous les modalités du bracelet électronique.

En février, Michel Claise avait dû provisoirement se retirer de l’enquête, le temps que soit examinée par la justice une requête en récusation déposée par la défense du Belge Marc Tarabella. Ce dernier, qui comme Kaili nie toute implication, reprochait au juge sa partialité. La requête a été rejetée en mars.