L’époque a changéLes zones bleues de stationnement en voie de disparition en ville

Stationnement : « C’est la tendance dans les grandes villes… » Les zones bleues en voie de disparition

L’époque a changéPlébiscitée par les commerçants, la zone bleue, qui permet de se garer gratuitement avec un disque, est progressivement remplacée par des emplacements payants
Des stationnements en zone bleue, avec leur marquage bleu spécifique, en Loire-Atlantique.
Des stationnements en zone bleue, avec leur marquage bleu spécifique, en Loire-Atlantique. - F.Brenon/20Minutes / 20 Minutes
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Reconnaissables à leur marquage au sol bleu, les zones bleues permettent de se stationner gratuitement pour un temps court et limité.
  • Ce dispositif, très apprécié des commerçants, permet de lutter contre les voitures ventouses.
  • Ces zones bleues sont aujourd’hui pointées du doigt car elles encouragent les déplacements automobiles.

Elles font partie du paysage des villes françaises depuis les années 1960. Les zones bleues, reconnaissables avec leur marquage au sol et leurs panneaux spécifiques, permettent aux automobilistes de se stationner sur un temps court (généralement 1h30) sans débourser un centime. Il suffit pour cela de se munir d’un disque horaire à afficher derrière son pare-brise. Installés pour leur capacité à lutter contre les voitures ventouses à proximité des magasins ou écoles, ces emplacements gratuits tendent pourtant, depuis quelques années, à disparaître petit à petit, remplacés par du parking payant traditionnel.

« C’est la tendance dans les grandes villes, confirme Philippe Nozière, président de l’association 40 Millions d’automobilistes. Paris n’a plus de zone bleue depuis longtemps à ma connaissance. Et je ne pense pas que le mouvement va s’arrêter car il y a une vraie volonté politique derrière. » Dernier exemple en date : Nantes. Le périmètre de stationnement payant s’est étendu au 1er juin, avalant du même coup les places de zones bleues situées dans des quartiers éloignés du centre-ville. Au grand dam des commerçants qui, pour la plupart, défendent bec et ongle le dispositif.

« En attirant des visiteurs, elles participent à la saturation du trafic »

« On a du mal à comprendre. La zone bleue est la solution idéale pour celui qui a une course à faire, un rendez-vous à honorer, et va repartir rapidement. Elle est utilisée aussi bien par des riverains un peu éloignés que par des automobilistes en transit. Croyez-vous que ces clients iront, demain, payer leur horodateur ou se déplacer en bus pour une simple baguette de pain ? » s’interroge Jérôme Caillé, président de l’Union nantaise du commerce de détail (Unacod). Le porte-parole des commerçants déplore qu’on « applique aux quartiers périphériques les mêmes règles qu’au centre-ville alors que les transports en commun y sont nettement moins développés. Avec ce type d’approche on favorise les grands centres commerciaux. Nous, on veut sauver la vie de quartier, on veut sauver les commerces de proximité ».

Dans certaines communes, des pétitions sont lancées pour sauver les zones bleues, en vain. Les municipalités se montrent généralement inflexibles. Et font de la pédagogie. « Lorsqu’on touche à des habitudes, je comprends que ça crée de l’angoisse, justifie Denis Tallédec (PS), conseiller municipal de la ville de Nantes. Mais notre objectif il est clair, c’est d’inviter les automobilistes à se garer à l’extérieur. Réduire les flux automobiles, c’est un enjeu environnemental et de santé publique. Les zones bleues, elles, poussent à l’inverse. Elles facilitent le stationnement des visiteurs extérieurs au détriment des résidents. Et en attirant des visiteurs en voiture, elles participent à la saturation de la circulation. »

« Ceux qui sont le plus embêtés votent dans une autre commune »

Certains clients nantais, notamment des riverains, comprennent la démarche. « L'époque a changé. Renoncer le plus possible à la voiture, c'est notre intérêt collectif, même si c'est moins confortable », commente Eric, qui habite à deux pas des anciennes places gratuites. Nettement moins convaincus, malgré une phase de concertation, d'autres clients suggèrent l’idée que les zones bleues sont surtout sacrifiées car elles ne rapportent pas d’argent aux collectivités, contrairement aux parcmètres.

« Pas du tout, assure l’élu Denis Tallédec. Il y a longtemps, on considérait le stationnement comme une cagnotte. Ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Il s’agit surtout d’accompagner l’évolution des comportements au profit des mobilités douces. Si on avait vraiment une approche mercantile, on n’aurait pas mis en place de tarification solidaire, comme c’est le cas à Nantes depuis le 1er avril. »


Le président de 40 Millions d’automobilistes connaît ces arguments. « On peut difficilement se battre contre des politiques un peu extrémistes, comme à Paris, Lyon ou Grenoble, juge Philippe Nozière. La chasse à l’automobiliste est un mouvement général qui crée beaucoup de contestation mais on a du mal à faire bouger les lignes. Il faut dire que ce n’est pas vraiment aux habitants qui vivent à l’intérieur de la ville que ça pose problème, ceux-là n’ont pas forcément besoin de leur voiture. Ce sont ceux qui viennent de plus loin qui sont le plus embêtés. Et, eux, votent dans une autre commune. »

Les zones bleues n’ont toutefois pas encore dit leur denier mot en France. Certaines villes moyennes, à l’image de Chamonix, Lannion, Nevers, Tourcoing ou Givors ont, pour simplifier leur gestion administrative, remplacé des stationnements payants par des zones bleues ces dernières années.

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