#20MinuitBarcelone a un protocole unique pour protéger les femmes des agressions

Barcelone : Au cœur du protocole unique « No Callem » qui protège les femmes en soirée

#20Minuit« No Callem », protocole unique à la ville de Barcelone, vise à mieux former les équipes accueillant du public face aux agressions et violences sexuelles
Un protocole a été mis en place à Barcelone pour protéger les femmes des agressions et violences sexuelles dans les lieux publics.
Un protocole a été mis en place à Barcelone pour protéger les femmes des agressions et violences sexuelles dans les lieux publics.  - Lucie Tollon / 20 Minutes
Lucie Tollon

Lucie Tollon

L'essentiel

  • Pour la plus courte nuit de l’année, 20 Minutes est passé en mode #20Minuit et est allé à la rencontre de ceux qui vivent, travaillent, dansent ou transpirent la nuit. #20Minuit, c’est une série d’articles, de vidéos, podcast ou quiz à lire, à regarder ou à écouter de jour comme de nuit.
  • Dans le monde de la nuit à Barcelone, et ce depuis 2018, une volonté émerge : protéger les victimes de violences et agressions sexuelles grâce au protocole « No Callem ».
  • Celui-ci est unique au monde et s’étale sur une quarantaine de lieux publics barcelonais. 20 Minutes s’est rendu sur place pour en savoir plus.

De notre envoyée spéciale à Barcelone,

« No Callem ». Deux mots pour un message fort. Celui de ne plus se taire face aux agressions sexuelles subies en majorité par des femmes et des membres de la communauté LGBT+ dans des bars et boîtes de nuit. Ces deux mots, c’est un protocole mis en place par la capitale catalane dès 2018 pour lutter contre les violences sexuelles dans les lieux publics. Il permet la formation du personnel des établissements de nuit pour adopter les bons réflexes lorsqu’une agression est commise. À Barcelone, ce sont donc les responsables des bars, des boîtes de nuit, des festivals mais aussi du Stade olympique et des lieux culturels qui ont pu être formés par la police espagnole et la municipalité. De la prise en charge de la victime à la captation de l’agresseur.

« Tous nos managers ont été formés. Derrière, ils nous expliquent le protocole mis en place. Nous avons une fiche dans notre salle qui détaille ce que nous devons faire. Donner de l’eau et rassurer la victime, appeler la police, retenir l’agresseur jusqu’à les forces de l’ordre arrivent. Garder des preuves et également prouver les faits grâce aux caméras de vidéosurveillance », explique Miguel-Jesus, du bar Osaña, place Reial. « Les policiers viennent pour nous expliquer le "No Callem" et on peut assister également à d’autres formations plus approfondies », ajoute Frederico du bar Sidecar. Selon la Ville, une quarantaine de lieux de l’espace public ont mis pleinement en vigueur ce protocole. Un besoin nécessaire puisque selon l’enquête sur la violence sexuelle en Catalogne, en 2019, 33,4 % des violences subies par les femmes se sont produites dans les espaces publics. Un phénomène grave que souhaite endiguer Barcelone.

L’affaire Alves, preuve de la nécessité d’un tel protocole

Et ce protocole a pu déjà prouver son utilité dans l’affaire du footballeur Dani Alves. Dans la nuit du 30 au 31 décembre 2022 au Sutton, une boîte de nuit barcelonaise, une femme de 23 ans accuse l’ex-joueur du Barça et du PSG de viol. Le Brésilien aurait forcé la jeune femme à lui faire une fellation dans les toilettes d’un salon VIP de la boîte de nuit. Puis il aurait pénétré la jeune femme et éjaculé, sans protection. Grâce au protocole « No Callem », la victime a été crue et prise en charge immédiatement par l’équipe de la boîte de nuit et la police. Les employés du Sutton ont empêché l’accès aux toilettes VIP, lieu présumé de l’agression, et ils ont remis les bandes de vidéosurveillance à la police. La version de la victime a ainsi pu être jugée crédible. Trois semaines après les faits, le footballeur a été convoqué au commissariat de Barcelone puis placé en garde à vue pour « délit présumé d’agression sexuelle ». Il est, encore actuellement, en prison.



« C’est un véritable gain de temps », estime Estela, policière à Barcelone. « Avoir l’appui des équipes [des lieux de sortie] pour avancer dans l’affaire change beaucoup de choses. On peut appréhender l’agresseur plus facilement et surtout, les victimes ont moins peur de parler », estime la jeune femme.

Car, c’est le dessein de ce protocole et de cette campagne plus large : croire les victimes et dénoncer les agresseurs. « On peut interdire la venue de l’agresseur dans notre établissement ensuite. On est également capable de détecter un comportement problématique. Ici, c’est un lieu de fête, Barcelone est une ville festive. Elle ne doit pas être une ville de peur pour une majorité de la population », renchérit Frederico du bar Sidecar, place Reial.


La police rode toute la nuit dans Barcelone.
La police rode toute la nuit dans Barcelone.  - Lucie Tollon

En ce début d’été, dans la capitale catalane, non loin des Ramblas, la fête bat son plein, l’alcool coule à flots et la chaleur enivre touristes et fêtards avec cette sécurité bien locale. Une sécurité nécessaire quand on sait que 400.000 femmes espagnoles auraient subi une agression sexuelle en 2021 selon l’université de Barcelone.


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« Ça peut rassurer celles qui n’osent plus sortir »

« Je n’ai jamais rien subi de grave ici mais c’est sûr que ce protocole nous donne l’impression d’une vraie solidarité entre les barmans, la police et les victimes. On voit un peu partout – notamment sur les réseaux – que notre parole est toujours remise en question. C’est un petit pas en avant », rapporte Carmen, une étudiante de Gérone venue voir des amis. « Mais je trouve qu’il n’est pas assez mis en avant. On ne connaît pas toutes ce protocole et ça pourrait aider, ça pourrait rassurer certaines qui n’osent plus sortir à cause de ces violences et de ces agressions », déplore-t-elle. Autour de la jeune brune un peu éméchée, une foule festive et une police qui rôde « pour la sécurité de tous. Notre ville vit à travers le tourisme. Nous n’avons pas envie d’avoir une réputation de destination dangereuse », révèle un collègue en uniforme d’Estela.


Notre dossier #20minuit

« J’espère surtout que ça fait peur aux agresseurs, qu’ils ne se sentent plus libres de faire du mal et de s’en sortir… On ne se tait plus mais la peur doit définitivement changer de camp », assène Coline, une touriste française qui attend la même chose de l’autre côté des Pyrénées : « A Paris, on a des comptes pour #balancetonbar, on a une communauté de filles très solidaires. On se prévient des dangers mais ce n’est pas à nous de faire tout le travail. On voudrait aussi se sentir protéger en France quand on sort. »