PréventionComment prévenir la prééclampsie, la maladie qui a emporté Tori Bowie ?

Grossesse : Comment reconnaître et surmonter la prééclampsie, la maladie à laquelle a succombé l'athlète Tori Bowie ?

PréventionL’Américaine de 32 ans est décédée à huit mois de grossesse
La prééclampsie doit être dépistée précocement pour prévenir les complications liée à cette maladie de la grossesse.
La prééclampsie doit être dépistée précocement pour prévenir les complications liée à cette maladie de la grossesse. - SERGE POUZET/SIPA / SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • L’athlète américaine Tori Bowie est décédée début mai des suites d’une complication survenant en cas de prééclampsie, une maladie liée à la grossesse.
  • En France, 1 à 2 % des grossesses s’accompagnent de prééclampsie.
  • Une maladie qui doit être dépistée précocement pour prévenir ses complications.

Elle n’avait que 32 ans et s’apprêtait à devenir maman. La sprinteuse américaine Tori Bowie, vice-championne olympique du 100 mètres en 2016 à Rio puis championne du monde en 2017, est décédée début mai à huit mois de grossesse, alors que le travail avait déjà commencé. Selon le rapport d’autopsie dévoilé il y a quelques jours par plusieurs médias américains, la jeune femme aurait succombé à une éclampsie, qui se traduit par des crises convulsives, potentiellement fatales, associées à une hypertension artérielle.

Rarissime, l’éclampsie est une complication survenant en cas de prééclampsie, une affection beaucoup plus fréquente qui se manifeste par un ensemble de symptômes et doit être prise en charge le plus précocement possible. Mais comment ?


L'athlète Tori Bowie.
L'athlète Tori Bowie.  - Alastair Grant

Quels sont les facteurs de risque de la prééclampsie ?

« Les femmes enceintes les plus à risque de prééclampsie sont celles qui ont une grossesse multiple ou encore une procréation médicalement assistée avec don de sperme », détaille l’Assurance maladie. Il existe d’autres facteurs, tels qu'« un antécédent de prééclampsie, une hypertension chronique, une pathologie rénale ou encore un diabète, des antécédents familiaux de prééclampsie (mère, grand-mère…), un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), une maladie auto-immune, un changement de partenaire sexuel ou une insuffisance à l’exposition du sperme de son partenaire (port prolongé du préservatif) », ajoute l’Inserm.

Et « les femmes nullipares [n'ayant pas d'enfant] sont plus à risque que les autres, elles représentent 70 à 75 % des cas de prééclampsie, complète le Dr Odile Bagot, gynécologue et autrice du blog Mam gynéco. L’âge – avoir plus de 40 ans ou moins de 18 ans, ainsi qu’une obésité avec IMC supérieure à 30, sont des facteurs de haut risque de prééclampsie ».

Si les causes précises de cette affection ne sont à ce jour pas identifiées, d’autres facteurs, sociaux, pourraient favoriser sa survenue. Aux Etats-Unis, pays de l’athlète Tori Bowie, une étude publiée en 2021 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) démontre qu’outre-Atlantique, les femmes noires nées dans le pays ont un risque plus élevé de souffrir de prééclampsie que les femmes noires originaires d’autres pays qui ont émigré sur le territoire américain. « Les déterminants sociaux de la santé jouent également un rôle dans la santé maternelle, et des études récentes ont impliqué l’instabilité du logement et l’insécurité alimentaire dans les troubles de la tension artérielle et d’autres complications de la grossesse, relevait alors le New York Times. Les disparités dans l’accès aux services de soins de santé [dont sont statistiquement plus victimes les femmes noires aux Etats-Unis] peuvent également jouer un rôle ».

Quels sont les symptômes de la maladie ?

« La prééclampsie, ou dysgravidie sévère, est une hypertension de grossesse, qui survient chez des femmes n’en ayant jamais eu auparavant, qui en général débute au début du troisième trimestre de la grossesse », expose le Dr Bagot. Elle se manifeste « par des problèmes métaboliques : céphalées importantes, signes d’hypertension artérielle, œdèmes importants avec l’impression de gonfler d’un coup et une prise de poids très subite. Et, plus grave, des douleurs abdominales sous les côtes, signe imminent de complication », énumère le Pr Françoise Coux, gynécologue obstétricienne.

Dans ce cas, « on relève aussi une présence de protéines - l’albumine - dans les urines, poursuit le Dr Bagot, que l’on peut doser avec des bandelettes urinaires. Et les patientes témoignent fréquemment de phosphènes, des petits points lumineux devant les yeux ».

Comment prévenir et prendre en charge la prééclampsie ?

« A ce jour, la prééclampsie est bien diagnostiquée en France, il est donc rarissime qu’elle évolue en éclampsie. La disparition de cette athlète est donc d’autant plus surprenante. En revanche, il n’existe aucun traitement, indique le Dr Bagot. Ainsi, la prévention de la maladie et ses complications passe par un dépistage de la dysgravidie au plus tôt, avec un examen mensuel tout au long de la grossesse avec prise de tension et contrôle de la protéinurie dans les urines ».

Lorsque le diagnostic est posé, « la future mère est hospitalisée et surveillée comme le lait sur le feu. La prise en charge doit être extrêmement rapide et nécessite de mettre un terme à la grossesse, rappelle la gynécologue obstétricienne. Le seul traitement consiste à déclencher l’accouchement, voire, en cas de prééclampsie sévère, à procéder à une césarienne en urgence ».

En France, « 1 à 2 % des grossesses s’accompagnent de prééclampsie, précise l’Assurance maladie. Dans 10 % des cas, elle évolue vers une forme sévère ».