TENDANCEFace au manque d’eau, le retour en force des oyas dans les jardins

Sécheresse : « On arrose moins, et mieux ! » Dans les jardins, le retour en force des oyas

TENDANCECes petits pots en terre cuite remportent un franc succès auprès des particuliers qui souhaitent économiser l’eau, sans négliger leur potager
Enterré, l'oya permet d'irriguer son potager de façon autonome
Enterré, l'oya permet d'irriguer son potager de façon autonome - J. Urbach / 20 Minutes / 20 Minutes
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Technique ancestrale, l’utilisation de l’oya fait son grand retour depuis quelques années, à la même vitesse que la sécheresse progresse dans le pays
  • Enterrées près des plantes, ces petites jarres à couvercle en argile, que l’on remplit d’eau, libèrent progressivement l’humidité nécessaire.
  • Les fabricants de ces petits objets font face à une demande grandissante de la part des particuliers, jardineries et collectivités.

Comme tout débutant qui se respecte, il en avait installé un ou deux dans son potager, et a rapidement vu que « ça marchait pas mal ». Aujourd’hui, Clément en compte une bonne dizaine, enterrés dans le sol de son petit jardin, dans l’Ain. Eux, ce sont les oyas (ou ollas), ces petits pots en terre cuite qui permettent d’irriguer facilement les cultures, et qui rencontrent un succès grandissant chez ceux qui souhaitent faire pousser leurs fleurs ou leurs légumes tout en économisant l’eau. « Le gros avantage, c’est que l’on arrose moins, mieux, et moins souvent, résume le jardinier, créateur du site Internet Potager sur pied. Du coup, on peut partir un week-end l’esprit tranquille ! Même pendant la canicule où la terre s’assèche très vite, je sais que mes plants de tomates ou de courgettes ne seront pas morts à mon retour. »

Technique ancestrale, l’utilisation de l’oya fait son grand retour depuis quelques années, à la même vitesse que la sécheresse progresse dans le pays. Enterrées jusqu’au col près des plantes, ces petites jarres à couvercle en argile microporeux, que l’on remplit d’eau, libèrent ensuite progressivement l’humidité nécessaire, directement dans les racines des végétaux qui les entourent. Un apport sans excès, donc, qui permettrait une économie de la ressource en moyenne « de 50 à 70 % », et un arrosage « trois fois moins fréquent », revendique par exemple le fabricant Oyas Environnement, installé dans l’Hérault. L’objet, qui existe en différentes tailles, peut aussi s’utiliser dans les jardinières et pots, en extérieur ou en intérieur, grâce à ses modèles « à planter » souvent colorés.


Il faut enterrer l'oya avant le remplir d'eau
Il faut enterrer l'oya avant le remplir d'eau - J. Urbach / 20 Minutes

Une très forte demande

Si l’on en croit ses adeptes, les avantages ne s’arrêtent pas là. « C’est un bon moyen d’éviter l’eau stagnante dans le jardin et donc les moustiques qui vont avec », note Clément, dans l’Ain. Pour Patrice Jeaud, l’utilisation des oyas permet enfin de « réduire le stress des plantes », tout comme le risque de maladies parfois causé par l’arrosage des feuilles, comme le milidou. Autant d’arguments qui semblent en tout cas convaincre ses clients, toujours plus nombreux à passer commande auprès de la poterie Lutton, en Vendée, qui vit une deuxième jeunesse grâce à ce regain d’intérêt soudain.

Il y a cinq ans, cette entreprise familiale, briqueterie à l’origine, s’est reconvertie dans la fabrication de ces objets, et ne le regrette pas. « On sort 200 à 300 pièces par jour mais ce n’est pas encore assez, sourit Patrice Jeaud, le co-gérant de l’entreprise qui compte désormais une dizaine de salariés. La demande est forte chez les particuliers, les jardineries, mais aussi les collectivités. Aujourd’hui, on livre partout en France et en Belgique ! Le problème, c’est le manque de potiers en France. »



Oublier « le jardin de papy »

Dans son petit atelier en Bretagne, Cécile Cathala voit aussi les commandes affluer, et notamment pour le modèle de 3 litres, idéal pour irriguer tranquillement quatre pieds de tomates, et vendu au prix de 25 euros. « Le mieux est de mettre l’oya au centre et planter tout autour, recommande la céramiste, qui ne fabrique que ce type d’objets. Après, c’est sûr que tout le monde n’est pas encore prêt à changer ses habitudes, car il faut oublier le jardin de papy, au cordeau ! Et mettre beaucoup de paillage, pour éviter l’évaporation trop rapide en surface. »

Pour se lancer, d’autres choisissent aussi l’un des nombreux tutos que l’on trouve sur Internet pour en fabriquer soi-même, notamment avec de vieux pots dont il faut boucher le trou d’évacuation. Attention cependant à ce qu’ils soient ni trop étanches ni trop poreux, afin que la diffusion de l’eau par capillarité soit réellement efficace, et que vos plantes ne meurent pas de soif.

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