SciencesLe « carbone bleu », un espoir pour réduire les gaz à effet de serre ?

Changement climatique : Le « carbone bleu », un espoir pour réduire les gaz à effet de serre ?

SciencesDes chercheurs du monde entier sont réunis dans le Pas-de-Calais pour étudier le phénomène de captation de carbone dans les prés-salés des estuaires picards
Une mangrove naissante, en Guyane, illustre le processus de stockage du carbone.
Une mangrove naissante, en Guyane, illustre le processus de stockage du carbone. - L. Denis / L. Denis
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Une trentaine d’étudiants-chercheurs du monde entier débarquent, lundi, à la station marine de Wimereux, dans le Pas-de-Calais, pour étudier la manière dont les écosystèmes marins et côtiers stockent le carbone.
  • Pendant une semaine, cette unité de l’université de Lille va devenir un laboratoire mondial du « carbone bleu ».
  • Le monde scientifique voit ce carbone bleu comme une solution pour réduire les gaz à effet de serre et atténuer ainsi le changement climatique.

Un rêve bleu. Une trentaine d’étudiants-chercheurs du monde entier débarquent, lundi, à la station marine de Wimereux, dans le Pas-de-Calais, pour étudier la manière dont les écosystèmes marins et côtiers stockent le carbone. Pendant une semaine, cette unité de l’université de Lille va devenir un laboratoire mondial du « carbone bleu » que le monde scientifique voit comme une solution pour réduire les gaz à effet de serre et atténuer ainsi le changement climatique. L’enjeu est donc de taille.

Le carbone bleu, qu’est-ce que c’est ?

Il faut savoir que les océans, qui représentent 70 % de la surface du globe, captent un quart du dioxyde de carbone (CO2) émis dans l’atmosphère. Ainsi, certains écosystèmes comme les mangroves, les champs d’algues ou les prés-salés sont capables de piéger le CO2 par la croissance des végétaux, mais aussi, à la mort de ces végétaux, de l’enfouir en profondeur dans les sédiments.

Le bilan de ce piégeage particulièrement efficace est appelé carbone bleu. « Ce terme est apparu il y a une dizaine d’années, mais le bilan carbone de ces écosystèmes océaniques est étudié depuis les années 70-80 lorsqu'on s’est aperçu que plus il y avait de CO2 dans l’atmosphère, plus les températures augmentaient », souligne Lionel Denis, enseignant-chercheur à la station marine de Wimereux. En 2014, l’Unesco appelait déjà à « promouvoir la recherche » pour créer un marché du carbone bleu.

Pourquoi étudier la zone côtière du Pas-de-Calais ?

Si les mangroves, ces marais qui jouent un rôle important dans les pays tropicaux, ne sont pas légion dans la région Hauts-de-France, en revanche, c’est le cas des prés-salés, emblématiques étendues d’herbes des estuaires picards, lesquels passent leur vie entre ciel et mer. « Cette zone de balancement des marais est très importante dans le processus de stockage du carbone dans notre région », ajoute Lionel Denis.


L'estuaire de la Canche et ses prés-salés, dans le Pas-de-Calais, feront l'objet de beaucoup d'attention de la part de scientifiques du monde entier.
L'estuaire de la Canche et ses prés-salés, dans le Pas-de-Calais, feront l'objet de beaucoup d'attention de la part de scientifiques du monde entier.  - G. Duong

C’est pourquoi une journée d’étude sera organisée dans la baie de Canche, près du Touquet. « Ce sera l’occasion de montrer un système singulier de captation de carbone, mais aussi de comparer avec les méthodes d’analyses que connaissent ces chercheurs qui travaillent aussi bien dans le domaine chimique que biologique », note Lionel Denis.

A quoi ces recherches servent-elles ?

En matière de captage du CO2, l’innovation doit émerger des connaissances scientifiques. Le travail des chercheurs de la station marine de Wimereux permet d’accumuler des données montrant à quel point les écosystèmes de la baie de Somme, d’Authie et de la Canche sont vertueux. « Mais les mesures doivent sans cesse être affinées pour pouvoir comparer le taux de captation du carbone entre les différents estuaires en France », indique le chercheur nordiste.

Ce sera d’ailleurs le principal objectif de recherche des cinq prochaines années dans douze laboratoires français. « Plus les données chiffrées seront précises, plus nous aurons d’argument à faire valoir pour valoriser ces zones et éviter qu’elles ne soient détruites lors d’aménagements », estime Lionel Denis. Les mangroves, par exemple, ont déjà perdu 30 à 50 % de leur surface, selon un rapport de l’Unesco.

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