INFO « 20 Minutes »Ce que contient le nouveau « Code de la rue » parisien

Paris : Chasse aux deux-roues trop bruyants et passeport vélo, ce que contient le nouveau « Code de la rue »

INFO « 20 Minutes »Voici ce que contient le texte censé « repenser et clarifier les règles de partage de l’espace public parisien », qui doit être voté lors du prochain Conseil de Paris, jeudi 6 juillet
Un cycliste à Vélib', à Paris (7e), le 1er avril 2019.
Un cycliste à Vélib', à Paris (7e), le 1er avril 2019. - Clément Follain / 20 Minutes / Clément Follain / 20 Minutes
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • «Nous allons régler les problèmes. » En janvier, la maire de Paris, Anne Hidalgo, annonçait vouloir créer un nouveau « code de la rue » pour lutter contre les comportements dangereux devenus monnaie courante dans les rues de Paris.
  • Après plusieurs mois de travail d’une Assemblée citoyenne chargée de plancher dessus, et de nombreuses concertations, le texte s’apprête à être voté en Conseil de Paris, la semaine prochaine.
  • Ce code de la rue ne vise pas à créer de nouvelles règles mais annonce tout de même un « passeport vélo » et un renforcement en ce sens des missions de la police municipale.

«Sensibilisation, aménagement, sanctions », voici les trois axes du nouveau code de la rue, qui devrait être adopté jeudi 6 juillet en Conseil de Paris, selon un document que 20 Minutes s’est procuré. Annoncé par Anne Hidalgo en janvier 2023, le texte contient quelques propositions novatrices ou radicales, comme la création d’un « passeport vélo » ou l’exclusion des grosses cylindrées de deux-roues motorisés, mais se borne pour beaucoup à essayer de faire appliquer les règles existantes.

« Ne pas prendre son véhicule en cas d’ébriété », « Ne klaxonner qu’en cas de danger immédiat », « Stationner son véhicule uniquement sur les places autorisées »… Le code de la rue a édicté 12 « règles essentielles », qui ressemblent pour beaucoup au… Code de la route, et aux règles déjà existantes. Le texte le reconnaît : « Le code de la rue parisien ne vise pas à créer de nouvelles règles mais à leur redonner leur sens. » « Le code de la rue c’est une priorisation des règles qui nous permettent de vivre ensemble », résume l’adjoint à la sécurité Nicolas Nordman.

Un « passeport vélo » et des actions dans 340 écoles

D’où la « mobilisation générale » réclamée par le texte, qui s’appuie sur une montée en puissance de la police municipale parisienne (qui a franchi le cap des 1.000 agents, comme nous vous le dévoilons). « L’action de la police municipale va se renforcer par des contrôles vers tous les usagers » énonce le texte. Les capacités de vidéoverbalisation seront doublées, comme l’a déjà annoncé l’exécutif, et nouveauté, les agents de la ville seront équipés de jumelles radars et de sonomètres pour « lutter contre la vitesse excessive et le bruit routier ».

« Nous n’avions pas de jumelles radars, nous en avons expérimenté quelques-unes ces derniers mois, et nous allons en acquérir de nouvelles, au moins une pour chacune des 17 divisions, pour faire respecter la limitation à 30 km/h. S’agissant des sonomètres, ils permettent de contrôler la conformité du deux-roues avec ce qui est indiqué comme bruit maximal autorisé sur la carte grise, or il y a souvent des motos débridées, et c’est là où l’on peut verbaliser », explique à 20 Minutes Nicolas Nordman. La mairie promet aussi des actions à la rentrée scolaire où les infractions mettant en danger les enfants seront verbalisées de manière plus systématique.

Les enfants sont d’ailleurs l’une des cibles du code de la rue, qui promet de protéger davantage les personnes vulnérables : « Un premier objectif est de redonner leur place aux enfants et aux familles avec enfants en très bas âge ou poussette dans l’espace public ». Pour cela, il semblait impératif à l’exécutif de mieux former les jeunes qui roulent à vélo, en déployant le programme national « Savoir rouler à vélo », un cours de dix heures destiné aux enfants de 6 à 11 ans pour leur apprendre les rudiments du Code de la route et la maîtrise des fondamentaux du vélo. La ville promet dès l’an prochain la participation de 340 écoles sur les 355 que compte la ville à ce programme, avec à terme 100 % des écoles (actuellement, seulement 40 classes y ont participé). Le contenu de ce programme sera résumé et enrichi dans un « passeport vélo ».

L’exécutif rappelle enfin son objectif d’aménager 100 « rues aux écoles » d’ici la fin de la mandature, soit la piétonnisation des rues en face des écoles de manière pérenne ou aux heures d’entrée et de sortie des écoles.

Fini les pistes cyclables passant sur les trottoirs

Pour faciliter la vie des piétons, qui sont affichés comme la « priorité numéro 1 » de ce texte, la ville « s’engage dans un objectif de tolérance zéro vis-à-vis de l’empiètement sur les trottoirs » et demandera une évolution législative au gouvernement pour autoriser les communes à enlever les véhicules non immatriculés sur les trottoirs. Elle procédera aussi à des expérimentations pour sécuriser la traversée telles que « peinture au sol de couleur, éclairage coloré au niveau des passages piétons, feu avec des comptes de temps pour informer du temps restant au piéton pour traverser ».

La ville veut aussi faire appliquer une disposition de la loi d’orientation des mobilités selon laquelle aucun emplacement de stationnement ne peut être aménagé sur la chaussée cinq mètres en amont des passages piétons. Enfin, les nouvelles pistes cyclables ne seront plus aménagées sur les trottoirs (actuellement, elles peuvent parfois les traverser), les piétons ayant du mal à s’habituer à ces aménagements selon la ville, qui créent un sentiment d’insécurité.



Des dispositifs pour sécuriser les angles morts

Toujours dans une perspective d’amélioration de la sécurité, la ville promet de s’attaquer à un facteur important de mortalité au volant : les angles morts. L’ensemble des poids lourds de la direction de la propreté vont être équipés de dispositifs de sécurisation d’ici 2026, anticipant une réglementation européenne qui impose des détecteurs de présence dans les angles morts pour les véhicules neufs seulement et dans des délais plus longs.

Plus radical, la ville souhaite à terme aller vers « l’exclusion des grosses cylindrées de deux-roues motorisés », tant pour des raisons de sécurité que de niveau sonore. Selon le Centre d’information sur le bruit, les nuisances sonores générées par les deux-roues à moteur sont le premier motif de plainte des maires s’agissant du bruit. « Nous n’avons pas les outils juridiques pour interdire les grosses cylindrées, en revanche avec le contrôle du bruit et de la pollution, quand vous avez une grosse cylindrée qui fait beaucoup de bruit, elle pourra être verbalisée par la police municipale », explique Nicolas Nordman. La ville compte également plaider pour aller en deçà des 105 décibels autorisés par la législation, un niveau sonore supérieur à celui d’un marteau-piqueur.

Ce texte arrivera-t-il à pacifier les relations entre piétons, cyclistes, trottinettes et conducteurs en tous genres ? Toujours est-il qu’il arrive des années après des demandes en ce sens. Dès 2007, l’écologiste Denis Baupin et le président de la Fédération française des usagers de la bicyclette Christophe Raverdy avaient plaidé pour un tel code auprès du ministre de l’écologie de l’époque, Jean-Louis Borloo. « On demande cela depuis 2019 » nous explique aussi Rudolph Granier, élu du groupe Changer Paris (LR). La proposition avait été mise en 2021 au menu des discussions de travail de l’Assemblée citoyenne instaurée par la Ville de Paris, qui a accepté de livrer une feuille de route en ce sens. Reste à savoir si le résultat sera à la hauteur des espérances.


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