INFO « 20 MINUTES »Les Français prêts à réduire leur impact numérique si ce n'est pas gênant

Impact du numérique : Les Français prêts au changement à condition de ne pas faire trop d'efforts

INFO « 20 MINUTES »Orange et make.org ont mené une vaste consultation citoyenne qui a abouti à 6.000 propositions pour réduire l’impact du numérique
Vos propositions pour réduire notre impact lié au numérique
Christophe Séfrin

Christophe Séfrin

L'essentiel

  • Face aux défis environnementaux, Orange a voulu collecter les propositions des Français autour de la réduction de notre impact numérique.
  • Près de 170.000 personnes ont ainsi été questionnées par l’organisme make.org, et plus de 6.000 propositions ont été formulées.
  • Beaucoup concernent la lutte contre l’obsolescence programmée, mais il apparaît aussi que les citoyens ne sont pas forcément disposés à changer leurs habitudes…

Réduire l’impact environnemental du numérique ? A l’heure où nos smartphones, les réseaux sociaux ou le streaming vidéo occupent une partie croissante de notre quotidien, le numérique serait responsable de 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, et de 2,5 % de l’empreinte carbone nationale (source : Arcep). Si rien n’est fait, elle pourrait augmenter de +60 % d’ici à 2040 et représenter jusqu’à 6,7 % des GES en France ! Il est donc urgent d’agir.

Face à ce vaste chantier, Orange a lancé une vaste consultation avec make.org. L’opérateur a ainsi voulu recueillir l’ensemble des idées et propositions des citoyens, les soumettre ensuite à un vote collectif, puis lancer enfin des actions concrètes pour nous aider à réduire notre empreinte numérique. 20 Minutes dévoile en exclusivité les résultats de cette enquête, rendus publics ce mardi 27 juin.

Plus de 2,6 millions de votants

169.421 participants ; 6.050 propositions déposées ; 2.635.695 votes sur l’ensemble des propositions : les Français se sont impliqués massivement autour de la consultation sur la réduction de l’impact environnemental du numérique lancée par Orange avec make.org*, organisation neutre et indépendante spécialisée dans les consultations citoyennes participatives.

Halte à l’obsolescence programmée

D’emblée, un sentiment de fond se dégage à la lecture de l’étude. Et on pourrait le résumer en une phrase : « Halte à l’obsolescence programmée » ! 92 % des citoyens estiment qu’il faut « combattre l’obsolescence programmée qui contraint le consommateur à racheter régulièrement ». Selon eux (84 %), « un téléphone vraiment écologique est un téléphone qui dure au moins 8 ans ». Avec un taux de renouvellement actuellement tous les deux ans environ, on est loin du compte… D’où des propositions concrètes : « améliorer la réparabilité des smartphones (des ordinateurs et des TV) pour pouvoir les garder dix ans » (pour 92 % des personnes) ; « pouvoir réparer sans que cela coûte plus cher que le rééquipement à neuf » (95 %).


89% des citoyens souhaiteraient retrouver des smatphones à la batterie amovible.
89% des citoyens souhaiteraient retrouver des smatphones à la batterie amovible. - Ecosystem

Ou encore : « que les industries récréent des téléphones avec batterie amovible car bien souvent, c’est ça qui nous force à racheter » (89 %).

Vers une prise universelle

Notons aussi que 86 % des personnes réclament « la valorisation monétairement de la reprise de l’ancien appareil pour aider au rachat d’un nouveau téléphone ». Mais aussi, à 83 %, la standardisation d’un chargeur européen pour les connexions des mobiles, PC, box, etc. ». Rappelons que suite à la mise en application d’une directive européenne, l’USB-C deviendra la norme pour nombre d’appareils** d’ici à fin 2024 (et au plus tard en 2026 pour les ordinateurs).

Orange et make.org constatent ainsi le « très fort consensus autour de l’augmentation de la durée de vie des produits numériques ». « Plus de la moitié des propositions plébiscitées tendent vers cet objectif », constate l’opérateur qui, après la mise en vente de smartphones reconditionnés depuis janvier 2022, veut aller plus loin et annonce la vente de smartphones reconditionnés, uniquement labellisés RECQ (pour REConditionnement de Qualité) dans ses boutiques et en ligne, dès le 28 juin.

Stop aux mails publicitaires

91 % de citoyens souhaiteraient « rendre les sites Internet plus sobres en évitant les vidéos qui se lancent automatiquement ». Mails et spams préoccupent également les sondés d’Orange. A 89 %, ils réclament l’arrêt du « démarchage commercial par SMS et mails, dont 80 % vont à la poubelle ». Plus radical : « il faut taxer les milliards de mails publicitaires et spams imbéciles qui transitent par les data centers, gros consommateurs d’énergie », préconisent 90 % des citoyens. De même, l’idée de limiter les publicités qui « polluent les pages Internet, consomment des datas et gênent la lecture » fait consensus à 90 % parmi les participants à l’étude.

Lesquels se montrent cependant moins unanimes si on leur suggère, par exemple, que leur fournisseur d’accès ou leur opérateur supprime les e-mails stockés au bout d’une année (41 % sont pour ; 43 % sont contre ; 14 % restent neutres).


89% des citoyens réclament l'arrêt du démarchage commercial et par mail.
89% des citoyens réclament l'arrêt du démarchage commercial et par mail. - Acer



Orange en retire malgré tout ce constat : « Les e-mails publicitaires et le démarchage téléphonique sont vécus comme de véritables irritants par les citoyens et comme un gaspillage inutile d’énergie et de capacité de stockage ».

Conséquence : l’opérateur annonce élargir prochainement la distribution de son application de filtrage d’appel (Orange Téléphone). En analysant les données de trafic et les signalements des utilisateurs, celle-ci signale en temps réel les appels de démarchage téléphonique.

Deux poids, deux mesures…

Reste que si les citoyens consultés par Orange et make.org effectuent des constats souvent pertinents et ne manquent pas d’idées, il semble plus délicat de leur voir changer leurs propres habitudes.

Seuls 39 % des sondés adhèrent à la perspective de « limiter l’achat d’équipements numériques au sein d’un même foyer et de les partager » (37 % contre) ; 42 % disent « oui » au concept de proposer des « téléphones limités aux seules fonctions essentielles » (39 % contre). Ils sont également à 35 % à proposer que l’on « renonce à la 5G » (38 % contre).

L’idée consistant à faire payer les consommations réelles des utilisateurs, « car sans limite, on ne se limite pas soi-même » est loin de faire l’unanimité. 44 % sont pour ; 34 % contre, tandis que 21 % restent neutres.

La fin des forfaits illimités ?

En débat, la fin des forfaits illimités. Peu de citoyens la jugent crédible, mais 50 % d’entre eux voudraient quand même les adapter aux besoins individuels (33 % contre, et 15 % neutres). Selon les défenseurs de cette proposition, le fait que les forfaits illimités véhiculent trop l’idée que « l’énergie est un bien illimité ».

« Les citoyens préfèrent ne pas trop bouleverser leurs habitudes, ou en tout cas, que le changement de ces habitudes reste optionnel », constate Orange qui lancera d’ici à fin 2023 un Observatoire des usages numériques durable. L’opérateur note ainsi que « les propositions visant à réduire l’utilisation d’Internet, des réseaux sociaux ou du streaming vidéo ont suscité un important clivage parmi les votants ». Bref, la partie n’est pas gagnée. Une nouvelle illustration de la formule bien connue : « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais » ?

* En ligne, du 16 janvier et 13 mars 2023.

** Pour les téléphones portables, tablettes, liseuses, appareils photos numériques, consoles de jeux vidéo, casques d’écoute, écouteurs intra-auriculaires, haut-parleurs portatifs, les souris et de claviers sans-fil ainsi que de systèmes de navigation portables.