TENSIONSMarche blanche pour Nahel ce jeudi après une nouvelle nuit de violences

Mort de Nahel : Marche blanche ce jeudi à 14 heures après une nouvelle nuit de violences

TENSIONSDans la nuit de mercredi à jeudi, les heurts ont été plus importants que la veille, se propageant en Île-de-France mais aussi dans plusieurs villes comme Toulouse ou encore Lyon
Des policiers lors de violences urbaines à Nanterre, le 29 juin 2023.
Des policiers lors de violences urbaines à Nanterre, le 29 juin 2023. - Christophe Ena/AP / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'essentiel

  • Un policier soupçonné d’avoir tiré sur un automobiliste de 17 ans mardi à Nanterre en raison d’un refus d’obtempérer a été placé en garde à vue après la mort du jeune homme. Dans un premier temps, des sources policières ont affirmé que le véhicule avait foncé sur les forces de l’ordre. Mais une vidéo circulant sur les réseaux sociaux remet en cause cette version.
  • Comme la veille, d’importantes tensions et dégradations ont émaillé la nuit de mercredi à jeudi dans de nombreuses communes de banlieue parisienne, les violences urbaines se propageant dans d’autres villes de France comme Toulouse et Lyon.
  • Alors qu’Emmanuel Macron a évoqué un acte « inexplicable » et « inexcusable », la mère de Nahel a, elle, appelé à une marche blanche ce jeudi à 14 heures devant la préfecture des Hauts-de-Seine, tout près des lieux du tir mortel, en exprimant sa « révolte pour (son) fils »

Pour la deuxième fois consécutive, la nuit de mercredi à jeudi a été particulièrement tendue en banlieue parisienne mais aussi dans d’autres villes de France. A la source des violences : la mort de Nahel, 17 ans, tué à Nanterre mardi par un policier en raison d’un refus d’obtempérer.

Depuis le décès du jeune homme dans les Hauts-de-Seine, les heurts vont crescendo. Dans la nuit de mercredi à jeudi, ils ont ainsi été plus importants que la veille, se propageant dans de nombreuses communes d’Île-de-France mais aussi à Toulouse, Dijon, dans la métropole de Lyon…

La préfecture de police de Paris annonce 77 interpellations

Sur le seul ressort de la préfecture de police de Paris (la capitale et les trois départements de la petite couronne), 77 interpellations avaient été effectuées peu avant 2 heures ce jeudi, contre 31 dans toute la France la nuit précédente.

Plutôt calme en début de soirée, la situation s’est ensuite particulièrement tendue à Nanterre, déjà théâtre d’affrontements entre habitants et forces de l’ordre la nuit précédente. Plus d’une dizaine de voitures et nombre de poubelles ont été incendiées, et des barrières ont été placées sur la route. Les murs d’un immeuble ont été tagués des mots « Justice pour Nahel » et « Police tue ».

Des affrontements se sont poursuivis jusqu’en milieu de nuit dans la cité Pablo-Picasso, avec des jets de pavés auxquels les forces de l’ordre ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène. Le poste de sécurité de l’entrée du domaine de la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, a été attaqué au mortier d’artifice. Les émeutiers n’ont toutefois « pas pénétré dans l’enceinte de la prison », a précisé une source policière.

La situation de la Seine-Saint-Denis a particulièrement marqué les observateurs, avec de nombreuses exactions commises par des groupes d’émeutiers très mobiles. Des sources policières ont fait état de feux multiples de voitures et magasins, de pillages, de commissariats attaqués, de mairies dégradées, d’une médiathèque incendiée… Presque toutes les communes du département ont été touchées.

Dans l’Essonne, un groupe de personnes a détruit par le feu un bus vers 21 heures, après avoir fait descendre les passagers à Viry-Châtillon. Des incidents ont été déplorés également dans plusieurs villes des Hauts-de-Seine. A Clamart, une rame de tramway a été incendiée.

Des véhicules incendiés au Mirail à Toulouse

Ailleurs en France, des heurts ont aussi éclaté peu après 20 heures au Mirail à Toulouse, où plusieurs véhicules ont été incendiés et des policiers et pompiers ont reçu des projectiles. Dans plusieurs quartiers de Dijon, les autorités ont fait état de containers de poubelles incendiés et de tirs de fusées d’artifice.

A Lyon et dans son agglomération, comme à Vénissieux, Bron et Villeurbanne, les forces de l’ordre ont été visées par des mortiers d’artifice. A Vaulx-en-Velin, le commissariat a été pris pour cible. Des tensions ont été recensées à Roubaix, Amiens et Nice. Certains incidents, comme à Saint-Etienne, Lille et Rennes, ont eu lieu en marge de rassemblements de soutien aux Soulèvements de la Terre, mouvement écologiste récemment dissous.

Nombreux appels au calme

Dès mercredi matin, pourtant, la mairie de Nanterre avait supplié de mettre fin à une « spirale destructrice ». Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait pour sa part annoncé la mobilisation pour la soirée de mercredi de 2.000 policiers et gendarmes à Paris et dans sa petite couronne, 800 de plus que la nuit passée.

Les appels au calme ont fusé de toutes parts, et les pouvoirs publics ont multiplié les prises de parole pour prévenir la contagion des violences. Emmanuel Macron a ainsi évoqué un acte « inexplicable » et « inexcusable », des mots qui ont été critiqués par l’extrême droite et les syndicats de policiers. La mère de Nahel a, elle, appelé dans une vidéo à une marche blanche jeudi à 14 heures devant la préfecture des Hauts-de-Seine, tout près des lieux du tir mortel, en exprimant sa « révolte pour (son) fils ».

La garde à vue du policier prolongée

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux a montré qu’un des deux policiers intervenus tenait le jeune conducteur en joue, puis qu’il a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré. Dans la vidéo, on entend « tu vas te prendre une balle dans la tête », sans que l’on puisse attribuer cette phrase à quelqu’un en particulier. Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, a été interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d’une enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre. Sa garde à vue a été prolongée mercredi, dans « la perspective d’une ouverture d’information judiciaire envisagée » ce jeudi, selon le parquet.