en tête à terreLes Vandame contre la bétonisation de leurs terres agricoles

Grand Paris Express : Les Vandame contre la bétonisation de leurs terres agricoles

en tête à terreDepuis 2011, Emmanuel Vandame et sa femme, Cristiana, luttent contre l’artificialisation de leurs terres et le passage d’une partie de la ligne de métro 18 dans leurs champs
Les Vandame contre la bétonisation de leurs terres agricoles.
Emilie Petit

Emilie Petit

L'essentiel

  • Dans la série « En tête à Terre », « 20 Minutes » part à la rencontre de militants écologistes du quotidien.
  • Agriculteur sur le plateau de Saclay à Villiers-le-Bâcle, en Ile-de-France, Emmanuel Vandame lutte depuis 2011 contre l’artificialisation des terres agricoles qu’ils cultivent en bio.
  • Depuis le début des années 2000, une partie de son terrain est menacée par le passage de la ligne de métro 18 du Grand Paris Express, initialement prévue en souterrain et finalement devenue en partie aérienne.

C’est une histoire vieille comme le monde. Celle d’un paysan qui se bat pour sauver ses champs menacés par le béton. Agriculteur sur le plateau de Saclay à Villiers-le-Bâcle, en Ile-de-France, Emmanuel Vandame lutte depuis 2011 contre l’artificialisation des terres agricoles qu’ils cultivent en bio. Car, depuis plus de dix ans, une partie de son terrain est menacée par le passage de la ligne de métro 18 du Grand Paris Express, initialement prévue en souterrain et finalement devenue en partie aérienne.

Mais après une décennie de lutte acharnée pour faire valoir ses droits et son travail, l’agriculteur a finalement dû faire le deuil de 14 hectares de terres agricoles qu’il exploitait depuis de nombreuses années. « Tous les jours, dans les médias, on nous parle de sécurité alimentaire et de préservation des terres. Et là, il n’y a rien à faire. C’est hallucinant ! », s’emporte-t-il. Le 5 juin dernier, après un peu plus de deux ans « d’occupation », la quelque dizaine de militants écologistes qui occupait une partie de son terrain pour faire barrage aux pelleteuses de la Société du Grans Paris (SGP) a dû quitter les lieux, sur ordre de la préfecture et de la gendarmerie. « Ils ont été super forts, les étudiants qui étaient là-bas. Mais bon… On n’y est pas arrivés », reconnaît Emmanuel Vandame, les larmes aux yeux, évoquant les militants avec qui lui et sa femme avaient créé des liens très forts.

« Nous avons clairement été expropriés »

L’histoire de ces bouts de terre qu’ont essayés, coûte que coûte, de sauver Emmanuel Vandame et sa femme, commence il y a vingt ans. Au début des années 2000, les propriétaires d’une partie des terres agricoles exploitées (plus de 180 hectares) par les Vandame, décident de vendre. Le couple, alors locataire de ces terres, n’a malheureusement pas les moyens de les racheter. A cette époque, l’humoriste et imitateur, Yves Lecoq, propriétaire du château de Villiers-le-Bâcle situé juste à côté, propose alors d’en faire l’acquisition pour préserver l’environnement de sa bâtisse. Mais l’ancienne voix des Guignols de l’info ne réussira à sauver qu’une petite partie des terres agricoles. Le reste étant tout simplement « avalé » par l’Agence des espaces verts, puis revendu par petits bouts. Pour finir sous les dalles de béton.

Les années passant, les Vandame se voient petit à petit amputés de plusieurs hectares. Pour finalement voir se construire, à la place, une route, puis se poser les rails du métro. « Nous avons clairement été expropriés, s’indigne l’agriculteur. Ils ont déclaré ce chantier "opération d’intérêt national", et là, salut les agriculteurs ! Au revoir ! On n’a pas du tout eu le choix ».


Un bout de cabane en bois floqué d'un slogan sur la ZAD de Saclay, le 1er juin 2023, à Villiers-le-Bâcle.
Un bout de cabane en bois floqué d'un slogan sur la ZAD de Saclay, le 1er juin 2023, à Villiers-le-Bâcle. - Emilie Petit

Aujourd’hui, alors que l’Etat a décidé de sonner le glas de la lutte contre le passage de la ligne 18, Emmanuel Vandame avoue ne pas avoir mesuré tous les risques qu’il prenait en acceptant l’installation de cette ZAD sur ses terres. Mais il ne regrette rien pour autant. « Oui, on a subi ce qu’on peut appeler des pressions. Et lorsque l’avocat nous a fait le listing de ce que nous risquions, nous avons pris peur. Mais nous avons fait tout ce que nous pouvions », estime celui qui, à l’heure de la retraite, cherche, aujourd’hui, un successeur pour reprendre sa ferme.

Pour découvrir notre reportage vidéo sur l’affaire du métro de la ligne 18 sur le plateau de Saclay et la ferme des Vandame, rendez-vous en haut de cet article.

Sujets liés