RÉCAP'Ce qu’il faut retenir des annonces du procureur sur la mort de Nahel

Mort de Nahel : Circonstances du drame, information judiciaire… Les annonces du procureur de Nanterre

RÉCAP'Pascal Prache a notamment annoncé avoir requis le placement en détention provisoire du policier mis en cause et sa présentation devant deux juges d’instruction aux fins de mise en examen
Deux policiers interrogent un conducteur, l'un d'eux pointant une arme vers la fenêtre d'une voiture jaune, à Nanterre, France, mardi 27 juin 2023.
Deux policiers interrogent un conducteur, l'un d'eux pointant une arme vers la fenêtre d'une voiture jaune, à Nanterre, France, mardi 27 juin 2023. - /AP/SIPA / /SIPA
Cécile De Sèze

C.d.S avec AFP

Ces annonces pourront-elles faire redescendre les tensions dans la rue ? Alors que des violences urbaines ont une nouvelle fois éclaté mercredi soir dans plusieurs villes de France à la suite de la mort de Nahel, tué par un tir de la police, l’enquête suit son cours. Le procureur de la République de Nanterre a livré plusieurs éléments de contexte sur le drame, jeudi devant la presse. Pascal Prache a par ailleurs requis le placement en détention provisoire du policier suspecté dans l’affaire. Le point sur ses déclarations.

Les circonstances du drame

Lors de sa conférence de presse, Pascal Prache a détaillé les circonstances du drame, grâce aux « premières informations immédiatement recueillies sur place » par « des auditions de témoins, dont celle du passager qui a été retrouvé, d’exploitations d’images de vidéosurveillance et de vidéos amateur diffusées sur les réseaux sociaux […] et des déclarations des policiers impliqués qui ont été entendus à plusieurs reprises, y compris dans le cadre d’une confrontation », a-t-il précisé.

Selon les premiers éléments de l’enquête, les deux policiers à moto ont voulu contrôler la voiture qui circulait à vive allure mardi matin « sur une voie de bus » à Nanterre et « au regard du jeune âge apparent des occupants du véhicule », a-t-il décrit. Ils ont fait signe au conducteur de s’arrêter à un feu rouge, mais celui-ci a redémarré « en grillant le feu rouge ». « Plusieurs éléments permettent de constater plusieurs infractions au Code de la route notamment des traversées de passages piétons mettant en danger un piéton et un cycliste », a souligné le procureur. La voiture, avec trois occupants à l’intérieur, « a poursuivi sa route » suivie par les deux motards, avant de se retrouver coincée dans les embouteillages, selon le magistrat. Les deux policiers ont alors mis pied à terre et « crié au conducteur de s’arrêter » en se positionnant « sur le côté gauche » de la voiture, « l’un au niveau de la portière du conducteur, l’autre près de l’aile avant gauche », selon le procureur.

Lors de leurs auditions, ils ont déclaré « avoir tous deux sorti leur arme » et les avoir « pointées sur le conducteur pour le dissuader de redémarrer en lui demandant de couper le contact », a-t-il indiqué. « Au moment où le véhicule a redémarré, le policier situé près de l’aile du véhicule a tiré une fois sur le conducteur », le touchant mortellement. « Le véhicule a poursuivi sa route […] avant de s’encastrer dans un élément de mobilier urbain à 8h19 ». Selon Pascal Prache, le fonctionnaire auteur du tir a prodigué les premiers secours au conducteur avant l’arrivée des pompiers. « Malgré ces efforts, le décès a été constaté à 9h15. »

Deux enquêtes ouvertes

Deux enquêtes « pour flagrance » ont été ouvertes par le parquet de Nanterre. La première, pour refus d’obtempérer et pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique, concerne le jeune homme de 17 ans et a été confiée au commissariat de Nanterre et à la sécurité territoriale des Hauts-de-Seine. La seconde, ouverte simultanément pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique, vise, celle-ci, le policier mis en cause. Cette enquête a été confiée à l’IGPN.

« L’objectif de ces deux enquêtes distinctes est d’objectiver l’ensemble des circonstances qui ont conduit au décès du jeune conducteur du véhicule, ces qualifications ont d’ailleurs été retenues initialement par le parquet », a précisé le magistrat.

Le profil de la victime

Nahel, 17 ans, était né en 2006 et était « connu des services de la justice pour des faits de refus d’obtempérer, a assuré le procureur. Les derniers ayant donné lieu à une présentation du mineur devant le parquet de Nanterre dimanche 25 juin en vue d’une convocation devant le tribunal pour enfants en septembre 2023 ».

Notre dossier sur la mort de Nanterre

L’accompagnement par l’association d’aide aux victimes des Hauts-de-Seine a été demandé par le parquet pour accompagner les proches du défunt « qui traversent des moments dramatiques », a ajouté Pascal Prache. Le rapport de l’autopsie réalisée le 28 juin au matin « fait état d’un décès dû à un tir unique ayant traversé le bras gauche et le thorax de gauche à droite », a-t-il précisé. Aucun stupéfiant ou objet dangereux n’a été retrouvé dans le véhicule.

Placement en détention du policier demandé

Dès l’ouverture des enquêtes, le « policier tireur a remis son arme de service, a été transporté à l’hôpital puis conduit dans les locaux de l’IGPN pour être entendu sur les faits », a poursuivi le procureur de Nanterre, avant d’annoncer l’ouverture d’une information judiciaire pour homicide volontaire visant le policier auteur du coup de feu et requis son placement en détention.

« Le parquet considère que les conditions légales d’usage de l’arme [par le policier] ne sont pas réunies », a estimé devant la presse le magistrat, Pascal Prache, ajoutant que le policier était présenté devant deux juges d’instruction aux fins de mise en examen. « Au regard des faits et de la nécessité de préserver les investigations, le parquet a requis son placement en détention provisoire », a souligné le procureur.