Malgré quelques poches de tension à Lyon et Marseille, la situation est globalement plus calme que jeudi. Le bilan de la nuit est à lire ici, et on se retrouve dès 8 heures pour la suite de notre couverture. Bonne fin de nuit à toutes et à tous.

En déplacement à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le ministre de l'Intérieur a annoncé vers 02H30 des violences d'une «intensité moindre» avec 471 interpellations au niveau national, et des poches de tensions notamment à Marseille et Lyon.

Seulement quelques escarmouches et des poubelles brûlées. La nuit n'a rien à voir avec la précédente à Bordeaux, pendant laquelle la métropole de 820.000 habitants avait connu ses violences urbaines les plus intenses depuis la mort de Nahel.

Pour éviter de nouveaux débordements, le préfet de Nouvelle-Aquitaine, Etienne Guyot, a notamment interdit les défilés et rassemblements non déclarés dans le centre-ville. Malgré cela, quelques centaines de personnes sont réunies en début de soirée place de la Bourse, en plein coeur de Bordeaux «en hommage à Nahel» et pour «lutter contre les violences racistes de l'Etat et les violences policières».

Après dispersion du cortège, une centaine de manifestants allument des feux de poubelles et essayent de casser une vitrine dans la très commerçante rue Sainte-Catherine. Des feux d'artifice sont également tirés en direction des forces de l'ordre. La plupart des manifestants sont vêtus en noir et cagoulés. Leur profil est similaire à celui observé lors des manifestations contre les retraites en début d'année.

Vers minuit, en centre-ville, les gens continuent à boire en terrasse, presque comme un vendredi classique, même s'il y a moins de monde en raison de la fermeture des transports à 21H00 et des restaurants qui «ferment plus tôt, à cause des émeutes», selon une serveuse du quartier chic des Grands hommes.

Dans la cité des Aubiers, dans le nord de la ville, comme dans le quartier du Grand Parc, la situation est également très calme par rapport à la veille, constatent des journalistes de l'AFP. Seuls sont visibles les dégâts de la nuit précédente: voitures calcinées, abribus cassés.

A 1h30, il y avait déjà 341 interpellations, selon une estimation de l'entourage de Gérald Darmanin,dont 88 à Marseille, où des CRS sont arrivés il y a 30 minutes en renfort.

«A Marseille, les scènes de pillages et de violence sont inacceptables. Je condamne avec une totale fermeté ces actes de vandalisme et demande à l'État l'envoi immédiat de forces de maintien de l'ordre supplémentaires», a tweeté le maire de gauche Benoît Payan.

Une compagnie de CRS doit arriver dans la nuit, a indiqué à l'AFP une source policière. Le ministère de l'Intérieur avait lui annoncé l'arrivée d'un avion de surveillance des forces spéciales du RAID un peu plus tôt.

A Lyon, des groupes de jeunes, certains cagoulés, certains armés de mortiers d'artifice ou de barres de fer, ont pillé plusieurs magasins dans les rues piétonnes du centre-ville et allumé des feux de poubelle, se dispersant rapidement dans les rues en cas d'annonce d'approche des forces de l'ordre Plusieurs dizaines ont embarqué des jeux vidéos, des bouteilles, des sous-vêtements, des chaussures après avoir brisé des vitrines.

Dans le 4e arrondissement, près du centre-ville, un poste de dépôt de plainte «a fait l'objet d'une intrusion et de dégradations», selon la préfecture. Des tirs de mortiers d'artifice ont ponctuellement illuminé la ville pendant plusieurs heures, parfois dans des fumées de lacrymogènes.

A Vénissieux, au sud de Lyon, les CRS ont été pris à partie par des dizaines de personnes, et les affrontements ont aussi gagné Villeurbanne aux portes de Lyon, selon la préfecture, qui faisait état de 31 interpellations en milieu de soirée dans l'agglomération.

Dans le même temps à Grenoble, des centaines de jeunes encagoulés ont pu dévaliser de nombreux magasins du centre-ville, notamment de vêtements et de téléphonie, avant une intervention tardive des forces de l'ordre, a constaté une journaliste de l'AFP. Un peu plus tôt, des voitures avaient été incendiées dans la proche banlieue d'Echirolles, où les heurts ont été parfois violents, selon des images du quotidien régional Le Dauphiné.

Dans le centre de St-Etienne, plusieurs centaines de jeunes, dont beaucoup portant un masque chirurgical, ont brisé des vitrines de magasins à coup de pierre ou d'objets en métal, et pénétré dans plusieurs boutiques de vêtements, d'optique et de bijoux pour les piller, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les médias du monde entier couvrent les émeutes et tentent de comprendre ce mal français de l'intégration, avec des violences en 2005 et aujourd'hui. Et certains personnalités commencent à afficher leur solidarité avec Nahel, notamment le rappeur américain Meek Hill. « RIP (Repose en paix), Nahel M. », a écrit le rappeur de Philly sur Twitter.

Ce chiffre prend en compte les dernières interpellations du quartier du Merlan, avec un Quick et un Carrefour saccagés.

Le capitaine de l'équipe de France a publié un communiqué sur Twitter: « Evidemment nous ne pouvons rester insensibles aux circonstances dans lesquelles ce décès inacceptable a eu lieu (...) Nous assistons à l'expression d'une colère populaire dont nous ne pouvons cautionner la forme », dit le communiqué, qui dénonce « l'autodestruction » en cours. « Ce sont vos biens que vous détruisez, vos villes (...) Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction .»

Avec 120 policiers et gendarmes mobilisés à Poitiers et Châtellerault, qui avaient connu des violences la nuit dernière.

C'est le dernier chiffre en provenance de la cité phocéenne, de source policière.

Les responsables des principales religions en France ont lancé vendredi un appel commun « au dialogue et à la paix », « en ces heures si éprouvantes pour nos quartiers et notre pays », écrivent-ils dans un communiqué.

« Nous partageons la douleur de la famille de Nahel et prions pour elle, tout spécialement pour sa maman » et « nous entendons les souffrances et les colères qui s’expriment », mais « nous affirmons aussi d’une seule voix que la violence n’est jamais un bon chemin », est-il écrit.

« Dans ces moments difficiles », les membres de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) appellent « à la sauvegarde et la consolidation du lien de confiance nécessaire entre la population et les forces de l’ordre qui ont tant donné lors des épreuves que notre pays a traversées ». « En ces heures si éprouvantes pour nos quartiers et notre pays, nous voulons en appeler ensemble au dialogue et à la paix », écrivent-ils.

Une source policière confirme à 20 Minutes que parmi les commerces pillés dans le centre de Marseille, l'un est une armurerie. Plusieurs armes de chasse auraient été dérobées, mais pas de munitions, selon cette source. Un individu a été interpellé peu après avec un fusil de chasse qui provenait sans doute du magasin pillé. Le Raid est déployé dans le centre de Marseille.

La préfecture du Val-de-Marne annonce que le festival Yardland prévu au parc départemental de Choisy samedi et dimanche, avec 17.500 personnes attendues, n'aura pas lieu.

Des violences continuent en centre-ville, avec 2 policiers légèrement blessés ce soir et 49 interpellations.

Après les violences déclenchées par la mort de Nahel, la fébrilité commence à gagner commerçants, hôteliers et restaurateurs, certains disant être confrontés à des annulations de réservations, d'autres dénonçant un «pillage» de leur établissement.

« Nos adhérents hôteliers subissent une vague d'annulations de leurs réservations sur tous les territoires touchés par les dégradations et affrontements», s'est indigné vendredi Thierry Marx, président de l'Umih, le principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration. Le chef étoilé dit recevoir chaque jour des alertes de professionnels ayant subi «des attaques, des pillages et des destructions de commerces, dont certains restaurants et de leurs terrasses». Dans un communiqué, il juge «injustifiables (...) l'attaque, la dégradation voire la destruction d'un restaurant ou d'un bar».

«Ils ont été battus par terre comme des chiens, il n'y a pas d'autres mot», a réagi de son côté le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur TF1 qui dit «penser» à eux. Alliance, l'un des principaux syndicats de police a de son côté estimé sur Twitter qu'ils ont été «lynchés par des sauvages» quand le syndicat des commissaires (SCPN) a exprimé dans un tweet son «soutien» ajoutant : «l'un d'eux aurait pu perdre la vie ».

Une enquête pour tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique a été ouverte vendredi à Marseille après l'agression de deux policiers en civil dans la nuit, en marge des tensions consécutives à la mort de Nahel, a annoncé le parquet.

«Bloqués par un incendie de poubelles», vers 03h20 du matin vendredi, ces deux policiers ont été «pris à partie par un groupe d'une vingtaine d'individus», a précisé le communiqué du parquet, qui souligne que «l'un d'eux a été reconnu en sa qualité de policier».

Après être sortis de leur véhicule, les deux hommes ont été «violemment frappés», l'un présentant une fracture au niveau d'un oeil et une «estafilade» d'un coup de couteau au poignet, l'autre un traumatisme crânien pour lequel il était encore hospitalisé vendredi après-midi. Il a été à nouveau placé en observation après avoir été pris de malaise à l'issue de son examen par l'unité médicale judiciaire.

Le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé «notamment les plus jeunes» à «ne pas toucher» aux écoles, aux bibliothèques ou aux gymnases, notre «bien commun», vendredi soir après les trois nuits d'émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel.

«Jamais les Insoumis n'ont été pour la violence», a insisté l'ex candidat à la présidentielle dans une vidéo sur les réseaux sociaux. «L'école, il ne faut pas y toucher, la bibliothèque, le gymnase, tout ce qui est à nous tous, qui est notre bien commun».