enqueteCe que l’on sait du policier auteur du tir mortel sur Nahel à Nanterre

Mort de Nahel : Agent « aguerri », « quelqu’un de très posé »… Ce que l’on sait du policier auteur du tir mortel

enqueteLe brigadier de police suspecté d’avoir tué Nahel, 17 ans, mardi à Nanterre (Hauts-de-Seine), est présenté comme « un fonctionnaire exemplaire » qui s’est illustré à plusieurs reprises au cours de sa carrière
Florian M. était motard  au sein de la compagnie territoriale de la sécurité routière des Hauts-de-Seine depuis septembre 2022 (illustration)
Florian M. était motard au sein de la compagnie territoriale de la sécurité routière des Hauts-de-Seine depuis septembre 2022 (illustration) - Jérôme Gicquel  / 20 Minutes
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Une information judiciaire a été ouverte ce jeudi à l’encontre du policier auteur du coup de feu lors d’un contrôle routier ayant conduit à la mort de Nahel, à Nanterre (Hauts-de-Seine), mardi matin.
  • Ce motard, âgé de 38 ans, a été présenté dans la journée à deux magistrats instructeurs. Il est désormais mis en examen pour homicide volontaire et a été placé en détention provisoire.
  • Au sein de la police, il est décrit comme un agent « aguerri », « un fonctionnaire exemplaire », « quelqu’un de très posé ». Il a reçu, au cours de sa carrière, plusieurs médailles et lettres de félicitation.

Les collègues motards de Florian M. sont « hallucinés qu’il se retrouve dans cette situation ». Ce policier est connu, au sein de la compagnie territoriale de la Sécurité routière des Hauts-de-Seine, comme étant « quelqu’un de très posé », qui n’est « pas un chien fou ». « C’était un fonctionnaire exemplaire », glisse une source proche du dossier. « C’est un brigadier de police aguerri, qui avait la confiance de sa hiérarchie », a de son côté affirmé le préfet de police, Laurent Nuñez, sur CNews. Le fonctionnaire de 38 ans a été mis en examen ce jeudi pour homicide volontaire par deux juges d’instruction de Nanterre, et placé en détention provisoire. Il lui est reproché d’avoir ouvert le feu, mardi, sur Nahel, un adolescent de 17 ans lors d’un contrôle routier. La victime est décédée malgré l’intervention du Samu, qui lui a prodigué un massage cardiaque sur place.

Le procureur de la République de Nanterre, Pascal Prache, est revenu ce jeudi sur le fil des événements. Après avoir pris son service, Florian M. et son collègue motard ont repéré une Mercedes Classe A jaune immatriculée en Pologne qui circulait à vive allure « sur une voie de bus ». Ils ont fait signe au conducteur de s’arrêter à un feu rouge, mais celui-ci a redémarré. La voiture « a poursuivi sa route », suivie par les deux motards, avant de se retrouver coincée dans les embouteillages. Les deux policiers ont alors mis pied à terre et « crié au conducteur de s’arrêter » en se positionnant « sur le côté gauche » de la voiture, « l’un au niveau de la portière du conducteur, l’autre près de l’aile avant gauche ».

Huit lettres de félicitations

Lors de leurs auditions devant les enquêteurs de l’IGPN, la police des polices, ils ont déclaré « avoir tous deux sorti leur arme » et les avoir « pointées sur le conducteur pour le dissuader de redémarrer », a expliqué le magistrat. « Au moment où le véhicule a redémarré, le policier situé près de l’aile du véhicule a tiré une fois sur le conducteur. » Selon sa version, il se serait « senti menacé en voyant le conducteur redémarrer, se trouvant à proximité d’un mur », et aurait redouté que « quelqu’un soit renversé » ou que son collègue soit blessé. La balle a « traversé le bras gauche et le thorax de gauche à droite » de Nahel. La voiture a fini sa course quelques dizaines de mètres plus loin, encastrée dans un poteau.



Marié et père d’un enfant, Florian M. a été « très choqué par ce drame », a indiqué le préfet de police sur BFMTV. Avant d’intégrer la police, il s’était engagé dans l’armée en 2004 et servait au sein du 35e régiment d’infanterie, à Belfort. Après un passage par le centre de formation des motocyclistes de la police nationale de Sens, il a été affecté à Paris. Originaire du Sud-Ouest, il travaillait dans les Hauts-de-Seine depuis septembre dernier et n’avait jamais fait de vague. Bien au contraire. Selon nos informations, Florian M. a reçu au cours de sa carrière huit lettres de félicitations, une médaille de la sécurité intérieure et deux médailles de bronze pour actes de courage et de dévouement. La première pour son travail au moment du mouvement des « gilets jaune », la deuxième pour avoir interpellé l’auteur d’un vol avec séquestration dans le Val-d’Oise.

Suspension administrative

Sa carrière de policier pourrait donc s’arrêter brutalement. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a « demandé au préfet de police de suspendre administrativement » le motard. Alors que le drame a suscité une vive émotion dans le pays, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-FO - dont Florian M. est adhérent –, appelle « au respect de la présomption d’innocence ». Il faut attendre, dit-elle, le résultat des investigations pour comprendre quelle est sa « responsabilité dans les faits ».

L’enquête de l’IGPN permettra de remettre les choses « dans leur contexte ». « Il y a eu une poursuite d’une vingtaine de minutes, avec des feux grillés », souligne-t-elle. Cela a pu entraîner un sentiment de « panique » chez cet agent qui a « eu peur de se retrouver coincé contre le mur ».

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