recap'Après la mort de Nahel, nuit de violences de Nantes à Annecy

Mort de Nahel : De Nantes à Annecy, des voitures brûlées et des écoles incendiées

recap'De nombreuses villes de région parisienne et de province se sont réveillées vendredi avec les stigmates d’une nouvelle nuit de violences, la troisième depuis la mort mardi à Nanterre de Nahel, 17 ans tué par un policier
A Nantes, parmi les bâtiments incendiés dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin 2023, un magasin Centrakor du quartier Bottière.
A Nantes, parmi les bâtiments incendiés dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin 2023, un magasin Centrakor du quartier Bottière. - J. Urbach/ 20 Minutes / 20 Minutes
Rédactions de « 20 Minutes » en régions et AFP

Rédactions de « 20 Minutes » en régions et AFP

L'essentiel

  • Saisi par une vidéo amateur, le tir à bout portant d’un motard de la police mardi matin sur Nahel, jeune homme de 17 ans, lors d’un contrôle routier à Nanterre, continue à embraser de nombreux quartiers populaires du pays.
  • Cela a été le cas dans le cœur de Paris, aux Halles et dans la rue de Rivoli qui mène au Louvre, mais aussi en banlieue parisienne, dans l’agglomération de Rouen, à Nantes et à Brest, où le sous-préfet Jean-Philippe Setbon a décrit à l’AFP « beaucoup d’affrontements entre policiers et petits groupes très mobiles ».
  • Dans la nuit de jeudi à vendredi, les forces de l’ordre ont procédé à 667 interpellations, a annoncé dans un tweet Gérald Darmanin, qui a évoqué « une rare violence ». Côté forces de l’ordre, au total, 249 policiers et gendarmes ont été blessés dans la nuit.

De nouvelles violences urbaines ont émaillé la nuit de jeudi à vendredi à Lyon, Nantes, Saint-Etienne ou Annecy, mais aussi des villes plus petites, après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir de police à Nanterre mardi. Pour endiguer une « généralisation » des violences urbaines, les autorités avaient mobilisé 40.000 policiers et gendarmes, ainsi que des unités d’intervention d’élite comme le Raid (police) ou le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN).

Un déploiement massif n’a pas empêché les bus incendiés, les trams caillassés, les voitures incendiées, les mairies ou les écoles visées, etc. 20 Minutes revient sur cette nuit de violences, de pillages et de saccages, avec ses rédactions en régions, alors qu’Emmanuel Macron a fait savoir ce vendredi matin qu’il était prêt à adapter le dispositif de maintien de l’ordre « sans tabou ».

En Ile-de-France

En Seine-Saint-Denis, « quasiment toutes les communes » ont été touchées, selon une source policière. De nombreux supermarchés ont été pillés notamment à Montreuil et Epinay-sur-Seine. A Drancy, des émeutiers ont utilisé un camion pour forcer l’entrée d’un centre commercial qui a été en partie pillé et incendié, indique une source policière. La cité Pablo-Picasso à Nanterre, dont Nahel était originaire, a connu elle aussi une troisième nuit de violences soutenues avec des voitures incendiées, des tirs de mortiers d’artifice et de grenades artisanales, a constaté une journaliste de l’AFP. Une agence bancaire du Crédit mutuel a été incendiée. Nanterre est « l’épicentre » et concentre la « majorité » des incidents des Hauts-de-Seine, selon la police, qui note une « dispersion dans d’autres villes calmes jusqu’à présent », comme Châtillon et Sèvres.

A Strasbourg

A Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin a recensé « 74 véhicules incendiés au cours de la nuit », après déjà 66 la nuit précédente, selon un syndicaliste policier. « Deux établissements scolaires ont subi des dégradations significatives. Il s’agit du collège Sophie-Germain et de l’école primaire Marguerite-Perey », où la préfète s’est rendue dans la matinée. « D’autres bâtiments publics ont subi des dégradations plus légères, dont la mairie de quartier au Neuhof », précise encore la préfecture, notant qu’il n’y a pas eu de blessés dans le département. Le Raid avait là aussi été déployé pour appuyer la police dans les quartiers de la Meinau et de Cronenbourg, selon la même source.

En Lorraine

La Lorraine a vécu une nouvelle nuit de violences au cours de laquelle de nombreuses dégradations ont été commises, avec notamment deux mairies de quartier incendiées à Metz. « Les mairies de quartier de Borny et de Bellecroix ont été incendiées la nuit dernière ainsi que le hall de la Boîte à musique », la salle de musique et de spectacle construite au cœur du quartier de Borny, a déclaré le maire (ex-LR) François Grosdidier, qui a passé une partie de la nuit au centre de commandement de la police municipale pour suivre les événements.

A Woippy, si le commissariat lui-même, protégé par des grilles, n’a pas été incendié, l’environnement autour a été détruit, « les voyous s’en sont pris à l’Ecole de la deuxième chance, des services destinés à la population », a encore déploré l’élu. « Le contraste était extrêmement frappant entre le centre-ville messin, serein, et les quartiers autour, comme si on était dans deux mondes parallèles », a ajouté François Grosdidier. La préfecture de Moselle a fait état de 48 véhicules incendiés durant la nuit dans le département.

En Meurthe-et-Moselle, le Raid a été engagé à Mont-Saint-Martin, selon la préfecture. Sur Twitter, le maire de Nancy, Mathieu Klein (PS), a indiqué que « la mairie de quartier du Haut-du-Lièvre est partie en fumée ».

A Bordeaux

Dans le quartier de La Benauge à Bordeaux, « une femme chauffeur de bus a été extraite de son véhicule jeudi soir, qui a fait ensuite l’objet d’une tentative d’incendie, provoquant l’interruption du trafic », a annoncé ce vendredi matin la préfecture de la Gironde. Le bilan matériel de la nuit fait état à ce stade d’une cinquantaine de feux sur la voie publique, de véhicules incendiés, et de bâtiments dégradés ou ayant fait l’objet de tentatives de dégradation, comme le centre des impôts et une banque à Cenon, la façade du bâtiment de la police municipale de la Châtaigneraie à Pessac, la mairie de quartier du Grand Parc à Bordeaux et un collège au Haillan. Les forces de l’ordre ont procédé à 13 interpellations.

A Nantes

La nuit de jeudi à vendredi a été marquée par de gros dégâts à Nantes, et ce dans différents quartiers populaires de la ville. Au nord de la ville, une mairie-annexe a été endommagée par un incendie. Plusieurs commerces ont été détruits, dont un magasin de décoration quasiment neuf de l’enseigne Centrakor. Au sud, un double-bus électrique (busway) a été ravagé par les flammes. Les émeutiers ont préalablement ordonné aux passagers de descendre avant de mettre à feu le véhicule. Quartier Bellevue, à l’ouest de Nantes, le supermarché Lidl et le McDonald’s voisins ont été saccagés et pillés. Les images de la voiture bélier défonçant le Lidl, entourée de nombreux jeunes, tournent énormément sur les réseaux sociaux. A Saint-Herblain, en périphérie nantaise, une agence postale et un immeuble de services ont été mis à feu. Plusieurs voitures ont également été incendiées dans l’agglomération.

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A Lille et à Roubaix

De l’avœu soulagé de la maire de Lille, Martine Aubry, sa ville a été relativement épargnée par les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel. Le premier soir, rien, ou presque, juste quelques feux de poubelles et de véhicules. La donne n’a pas été la même au cours de la nuit de jeudi à vendredi, essentiellement dans les quartiers populaires de Wazemmes et Moulins. Les plus gros dégâts concernent l’école élémentaire François-Launay, partiellement incendiée par des tirs de mortiers d’artifice. Une autre école du secteur a essuyé un début d’incendie.



Trois mairies de quartiers ont été la cible des émeutiers, la plus touchée étant celle de Wazemmes dont le rez-de-chaussée a été détruit par les flammes. Toujours à Wazemmes, quatre commerces ont été pillés, deux opticiens, un supermarché et un bar-tabac dans lequel les émeutiers ont volé des cigarettes et des jeux à gratter.

A Roubaix, la nuit a été particulièrement agitée dans la plupart des quartiers de la ville. A l’Epeule, la salle de spectacle le Colisée a été attaquée par des individus qui ont brisé les vitres et ravagé le hall d’entrée sans toutefois déclencher d’incendie. Dans le quartier de l’Alma, un bâtiment abritant plusieurs entreprises, dont un centre d’appel employant près de 500 personnes, à été entièrement détruit par un incendie. A noter encore l’attaque de plusieurs commerces, dont un centre commercial du centre-ville et la destruction du centre social du quartier du Pile. Non loin de Roubaix, à Halluin, c’est notamment l’hôtel de ville qui a été gravement endommagé par un incendie. Et dans toutes les communes touchées, on ne compte plus les dégradations sur le mobilier urbain.

A Amiens

Des bâtiments publics ont été pris pour cibles, comme à Amiens où une école maternelle a été en partie incendiée et l’accueil des enfants était impossible vendredi matin, selon la préfecture.

A Pau

Le bureau de police situé au pôle Laherrère à Pau a été visé par un cocktail Molotov, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.

A Albi

Les émeutes ont gagné dans la nuit de jeudi à vendredi, le quartier populaire de Cantepau à Albi (Tarn) où les premiers incidents ont éclaté vers 1 heure du matin. Plusieurs tentatives d’intrusion dans des bâtiments publics sont à déplorer, avec l’incendie d’une salle de réunion, des locaux saccagés et l’incendie de véhicules de fonction. Des jets de pierres ont brisé une vitre de l’école Saint-Exupéry et une dizaine de poubelles ont été brûlées.

A Toulouse

A Toulouse, des épisodes de violence ont touché les quartiers de La Reynerie et de Bagatelle au Mirail, mais aussi, et c’est nouveau, le quartier des Izards. Les forces de polices, appuyées par le Raid et le GIGN, ont procédé selon la préfecture à 11 interpellations. On compte sept véhicules incendiés et une grue à La Reynerie. Le bilan de la nuit ? Vingt-sept interpellations, 18 voitures et deux autocars brûlés, deux semi-remorques et une camionnette. Un fonctionnaire de police a été légèrement blessé.

A Marseille

Dans le centre-ville de Marseille, c’est la devanture de la bibliothèque municipale de l’Alcazar qui a été endommagée. A quelques encablures de là, sur le Vieux-Port, des échauffourées ont opposé les forces de l’ordre à un groupe de 100 à 150 personnes qui auraient tenté de monter des barricades. Arrête préfectoral d interdiction de rassemblement

La préfecture de police a annoncé mener des contrôle et fouilles de véhicules dès cet après-midi. Selon La Provence deux policiers hors services qui circulaient en voiture ont été reconnus et passés à tabac cette nuit aux alentours de 3 heures du matin. L’un d’eux souffre d’une fracture de la mâchoire. Selon notre journaliste surplace, les transports en commun s’arrêteront ce soir dès 19 heures, tandis que le maire de Marseille, Benoît Payan, a appelé vendredi « à l’unité et au calme ».

En Bretagne

Même si les violences ont été moindres qu’ailleurs, les villes bretonnes ont également été le théâtre d’émeutes dans la nuit de jeudi à vendredi. C’est à Brest que les tensions ont été les plus fortes. Après une première nuit très agitée dans le quartier de l’Europe mercredi soir, les violences ont cette fois eu lieu dans le centre-ville. Venues des différents quartiers de la ville, des bandes de jeunes ont démoli des abribus et du mobilier urbain, mis le feu à des poubelles et pillé un magasin Jott. Le sous-préfet Jean-Philippe Setbon a décrit « beaucoup d’affrontements entre policiers et petits groupes très mobiles ».

A Rennes, les violences se sont concentrées dans le quartier du Blosne, dans le sud de la ville, avec des affrontements entre les forces de l’ordre et des bandes de jeunes à coups de gaz lacrymogènes et de mortiers d’artifice. Un engin de chantier a également été volé et utilisé pour détruire un lampadaire.

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A Saint-Brieuc enfin, la MJC du Plateau a été en partie détruite par un incendie. Lors d’une intervention, un pompier a également été blessé par un tesson de bouteille.

A Lyon et dans sa région

Dans la métropole de Lyon, les dégradations constatées sur le réseau des transports en commun sont nombreuses : un bus de la ligne C17 a été incendié à Bron jeudi soir, quatre rames de tramways ont été « lourdement dégradées » et cinq stations « vandalisées ». « Quatre conducteurs en état de choc au regard de la violence des événements ont été conduits à l’hôpital », indique ce vendredi en fin de matinée, le Sytral. Par conséquent, la circulation des bus et des tramways sera interrompue à partir de 20 heures ce vendredi soir. Une décision prise en concertation avec la Préfecture du Rhône qui indique que la « situation sera étudiée conjointement chaque matin ».

« Un important dispositif humain sera déployé sur le terrain afin d’assurer la sécurité des voyageurs et des personnels du réseau métro qui circulera jusqu’à 2 heures si les circonstances le permettent », informe encore le Sytral. Seule la station de métro Hôtel-de- Ville sera fermée à 20 heures, elle aussi, en raison de la manifestation contre les violences policières prévue dans le secteur.


Un employé municipal travaille devant des véhicules incendiés dans une rue de Lyon, dans le sud-est de la France, le 30 juin 2023.
Un employé municipal travaille devant des véhicules incendiés dans une rue de Lyon, dans le sud-est de la France, le 30 juin 2023. - JEFF PACHOUD / AFP

Les premières tensions ont débuté en début de soirée dans l’est lyonnais. À Vénissieux, un tramway a été caillassé et a dû être abandonné après une tentative d’incendie et à Bron, un bus incendié « par un petit groupe », a indiqué Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la métropole en charge des déplacements. Des images du bus incendié ont vite circulé sur les réseaux sociaux. A Vaulx-en-Velin, le poste de police municipale a été dégradé, à Rilleux-la-Pape, une crèche et une médiathèque ont aussi subi des dégâts, selon la préfecture qui fait état de 12 interpellations et 43 blessés légers dans les rangs de force de l’ordre. Des tensions ont notamment éclaté dans le 8e arrondissement de Lyon où le Raid a été dépêché, selon une source policière.

Le bilan ? Seize personnes ont été interpellées depuis mercredi, selon un bilan communiqué ce vendredi à 20 Minutes par la préfecture du Rhône. Des incidents ont émaillé dans dix communes de la métropole de Lyon. Quatre personnes ont été légèrement blessées dans l’incendie de leur immeuble, mercredi soir à Villeurbanne. Des jeunes auraient tiré des mortiers au niveau d’une station de tramway. Mais lorsqu’un riverain leur aurait demandé d’arrêter, ils auraient volontairement visé l’immeuble, d’après BFM.

A Annecy

Les pompiers sont également intervenus toute la soirée et une partie de la nuit pour éteindre des « feux de poubelles et de mobiliers urbains » à Annecy, en Haute-Savoie, ont-ils indiqué à l’AFP. Les tensions sont apparues dans le quartier des Teppes, selon des images du quotidien régional Le Dauphiné Libéré montrant un groupe de personnes tentant de forcer l’entrée d’un centre commercial.

Tout sur la mort de Nahel

Et ailleurs aussi

En Saône-et-Loire, Mâcon, Le Creusot, Montceau-les-Mines et Chalon-sur-Saône ont vu des « affrontements entre forces de l’ordre et fauteurs de troubles, qui ont mis le feu à des poubelles et à des véhicules », a indiqué la préfecture dans un communiqué. « Des établissements publics ont été visés », notamment une école maternelle à Mâcon et la mairie de Sanvignes-les-Mines », un bourg de 4.000 habitants, selon la même source. En Isère, des feux ont notamment visé un bureau de la police municipale à Villefontaine, une cour d’école à Bourgoin-Jallieu et une salle de spectacle à Fontaine, selon les pompiers. Saint-Etienne et Clermont-Ferrand ont également connu une nuit marquée d’incidents, avec feux d’artifice, feux de poubelles, et voitures incendiées, selon la presse locale.

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