fake offGare à ces vidéos de soldats ukrainiens qui dénoncent la France

Guerre en Ukraine : Gare à ces vidéos de soldats ukrainiens qui dénoncent la France

fake offLe ministère de la défense russe et des médias russes ont relayé des vidéos dans lesquelles des hommes, présentés comme des prisonniers de guerre ukrainiens, dénoncent la qualité de la formation militaire qu’ils auraient reçue en France
Ce récit d'un homme présenté comme un prisonnier de guerre ukrainien a été diffusé par le ministère de la Défense russe.
Ce récit d'un homme présenté comme un prisonnier de guerre ukrainien a été diffusé par le ministère de la Défense russe. - Capture d'écran Facebook / Capture d'écran Facebook
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Le ministère de la Défense russe et des médias russes ont relayé en début de semaine trois vidéos, dans lesquelles des hommes présentés comme des prisonniers de guerre ukrainiens pointent du doigt la formation militaire qu’ils auraient reçue en France.
  • Aucune indication n’est donnée sur le contexte de ces vidéos : ni quand et où elles ont été tournées, ni dans quelles conditions. Si ces hommes sont des soldats ukrainiens faits prisonniers par des Russes, difficile d’imaginer que leur parole dans ces vidéos soit libre.
  • Contacté par 20 Minutes, le ministère français des armées apporte un démenti aux affirmations contenues dans ces vidéos.

La guerre se joue aussi sur le terrain informationnel, comme le démontrent trois vidéos publiées lundi par le ministère de la Défense russe. On y voit des hommes en uniforme, présentés comme des prisonniers de guerre ukrainiens, déplorant la qualité de l’entraînement militaire qu’ils disent avoir reçu en France et encourageant de futurs volontaires à ne pas s’engager dans l’armée ukrainienne.

Deux hommes indiquent qu’on leur a donné des « pilules » en France. L’un d’eux dit que son comportement s’en est trouvé modifié. « On n’a rien appris », lance un des hommes, seulement de la « théorie », comme « démonter et monter » une arme. Les hommes affirment qu’on leur a appris à détester la Russie pendant ces formations et encouragent à ne pas s’engager dans l’armée ukrainienne.

Aucun contexte pour ces vidéos

Aucune indication n’est donnée sur le contexte de ces vidéos : ni quand et où elles ont été tournées, ni dans quelles conditions. Si ces hommes sont des soldats ukrainiens faits prisonniers par des Russes, difficile d’imaginer que leur parole dans ces vidéos soit libre. Aucun récit de distribution de « pilules » à des soldats ukrainiens n’a été rapporté de source indépendante. Quand un soldat est malade, il est examiné par le service de santé des armées françaises, la procédure ne prévoit pas la distribution de « pilules ».

Contacté par 20 Minutes, le ministère français des Armées apporte un démenti aux affirmations contenues dans ces vidéos. En revanche, la France a bien participé à la formation de soldats ukrainiens. En octobre, Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, avait annoncé que la France allait former 2.000 soldats ukrainiens. Ces formations devaient porter sur trois niveaux, avait expliqué le ministre : « la formation généraliste du combattant », « ensuite, sur des besoins spécifiques signalés par les Ukrainiens, comme la logistique », et « un troisième niveau de formation sur les matériels fournis ». En mai, Emmanuel Macron avait réaffirmé publiquement ce soutien à l’Ukraine, en indiquant dans une déclaration commune avec Volodymyr Zelensky que la France « formera et équipera plusieurs bataillons [ukrainiens] avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10RC ». Pour des raisons de sécurité, l’armée française n’a pas précisé où et quand ont eu lieu ou auront lieu ces formations.

Très probablement destinés à soutenir l’effort de guerre côté russe, les propos tenus dans les vidéos ont été relayés sur des sites russes. Lundi, une des principales agences de presse russes, Ria novosti, a ainsi relayé ces accusations.

Ces vidéos ont trouvé un écho moindre en France. Le ministère de la Défense russe en avait publié une version sous-titrée en anglais sur Telegram. Une vidéo d’un des soldats, sous-titrée en français, a été relayée sur Twitter, elle n’a pas reçu une importante visibilité. Sur Facebook, Valérie Laupies, une élue Patriotes, le parti de Florian Philippot, l’a également publiée sur son compte, obtenant moins de cent partages en quarante-huit heures.

Le ministère de la Défense russe a continué mercredi son offensive en ligne contre les troupes ukrainiennes et les forces alliées qui les forment en publiant deux vidéos d’hommes, là aussi présentés comme des prisonniers de guerre ukrainiens. Cette fois-ci, c’est la qualité de leur formation reçue en Slovénie qui est pointée du doigt. Le même narratif est déroulé : ces hommes « ont déclaré n’avoir reçu aucune formation pratique » en Europe. « En revanche, en Slovénie, ils ont travaillé activement avec des psychologues qui appelaient à la haine contre les Russes et implantaient ouvertement des idées misanthropes », écrit le ministère de la Défense russe sur Telegram. Le rejet supposé de la Russie et de sa culture par Kiev et les pays occidentaux est un leitmotiv des autorités russes, qui accusent depuis des années ces capitales de s’en rendre coupable.

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