à l’attaqueGaudu, Bardet, Martin… Et si on arrêtait avec la fable du général ?

Tour de France 2023 : Gaudu, Bardet, Martin… Et si on arrêtait avec la fable du classement général ?

à l’attaqueEn retrait au général, les Français pourraient (devraient ?) se rabattre sur la chasse aux étapes
Romain Bardet dans l'ascension du Puy de Dôme.
Romain Bardet dans l'ascension du Puy de Dôme. - Goding Images//SIPA / SIPA
Quentin Ballue

Quentin Ballue

L'essentiel

  • Le 110e Tour de France entre dans sa deuxième semaine ce mardi. Au lendemain de la journée de repos, la 10e étape conduira les coureurs de Vulcania à Issoire, sur 167 kilomètres.
  • Les ambitions de David Gaudu (8e) et Romain Bardet (10e), cités parmi les prétendants au podium, ont pris un sacré coup puisque les deux hommes affichent déjà un retard conséquent sur le troisième, Jai Hindley.
  • Si la Groupama-FDJ a annoncé qu’elle ne comptait pas lâcher, Romain Bardet devrait redéfinir son cap et partir à la chasse aux étapes, comme Guillaume Martin (17e). Avant que la course n’oblige définitivement Gaudu à en faire de même ?

Le maillot jaune ? On oublie. Le podium à Paris ? Avec le maillot à pois ou le prix du super combatif, pourquoi pas. En revanche, il faudra très certainement patienter pour voir un coureur français succéder à Romain Bardet, le dernier à être monté sur la boîte en tant que troisième du classement général en 2017. La première semaine du Tour a sérieusement égratigné les espoirs de podium tricolore. Alors qu’il pointait au cinquième rang, à 21 secondes du troisième, au même stade l’an passé, David Gaudu occupe la huitième place, déjà à 3'21" de Jai Hindley. Un retard qui grimpe à 4'18" pour Romain Bardet, dixième du classement. Pour l’instant, force est de constater qu’à la pédale, le Breton et l’Auvergnat sont loin de prétendre aux ambitions qu’ils pouvaient nourrir avant le Grand Départ.

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« Le couvercle a sauté »

Arrivé à Laruns dans le groupe de Tadej Pogacar, Carlos Rodriguez et des frères Yates lors du premier opus pyrénéen, Gaudu a craqué le lendemain lors de l’arrivée au sommet à Cauterets-Cambasque, où il a perdu du temps sur Hindley, Rodriguez et les Yates (c’est-à-dire tous ses rivaux les plus sérieux pour la troisième place). Bis repetita dans l’ascension du Puy de Dôme où le Breton, maillot grand ouvert, a même fini derrière Sepp Kuss, Felix Gall ou Pello Bilbao. Bardet, lui, a franchi la ligne 17 secondes après son compatriote. « La vitesse au pied avec la chaleur, ça nous a complètement asphyxiés. La marmite a surchauffé, le couvercle a sauté, expliquait le leader de la DSM-Firmenich. Il n’y a pas eu de secret, les meilleurs étaient devant. »

Le constat est implacable. Jusqu’à présent, les Français ne sont que spectateurs de la course au podium. « Ils sont à leur place. Il n’y a pas eu de coup de trafalgar, ça s’est fait à la pédale, à part Hindley qui a su saisir sa chance sur l’étape de Marie Blanque », note Pierre Rolland. Quatrième l’an passé, Gaudu est resté droit dans ses bottes ce lundi en maintenant l’objectif du général, affirmant n’avoir « pas du tout réfléchi » à un changement de cap. « La route du Tour est encore longue, comme on le répète souvent, tempérait Thibaut Pinot, qui a tracté Gaudu tant bien que mal dimanche. Le podium reste jouable et sinon, le top 5, ce n’est pas ridicule. Dans un Tour de France aussi rapide, il ne faut pas cracher dessus. » Evidemment, un bon classement général a de la valeur. Mais à côté d’une victoire d’étape ?

Tempête sous un crâne

Demandez donc à Luc Leblanc. « En 1996, tout le monde se souvient de l’étape des Arcs, moins de ma sixième place au général. Ça a plus d’impact », explique l’ancien coureur, qui vient de sortir son autobiographie « Moi, Lucho » (Solar). Surtout que les vainqueurs français ne sont plus légion. Sur les 64 dernières étapes du Tour, seulement trois ont fini dans une besace tricolore : Julian Alaphilippe à Landerneau (2021), Christophe Laporte à Cahors (2022) et Victor Lafay à San Sebastian (2023). « Les gens me parlent de mes victoires, pas de ma huitième place au Tour ou de ma quatrième place sur le Giro, embraye Rolland. Finir quatrième du Giro, c’était important personnellement, c’est énorme de jouer le podium d’un Grand Tour, mais avec du recul, je l’échangerais contre une étape. »

Pour l’ancien coureur d’Europcar, voir Gaudu se hisser sur la boîte « paraît compliqué », d’autant que « Carlos Rodriguez monte en pression et Jai Hindley ne va pas se faire décrocher comme ça ». Luc Leblanc est plus catégorique : « On a vu les limites de Gaudu. J’espère me tromper mais à mon avis, le classement général, c’est foutu. Il faut qu’il se concentre sur les victoires d’étapes. » Difficile à imaginer selon Rolland, hormis énorme défaillance : « Il ne bifurquera pas, à moins qu’il prenne un éclat. Dans sa situation, ils ne le laisseront pas partir. J’ai souvent été dans ce cas de figure : je pouvais difficilement faire mieux que 7, 8 ou 10, mais j’étais trop près pour avoir un bon de sortie. En 2015, j’étais onzième du Tour, j’ai pris l’échappée, et l’équipe du dixième a roulé sur moi. Il faut être assez loin pour ne plus déranger. »

Pas l’choix, faut y aller

Romain Bardet aura moins de questions à se poser, lui qui a accumulé les places d’honneur - 2e en 2016, 3e en 2017, 6e en 2014, 2018 et 2022, 9e en 2015. Le natif de Brioude a déjà remporté trois étapes sur le Tour, mais la dernière remonte à 2017. « Il peut faire entre 5 et 10 du général, mais est-ce que ce ne serait pas plus intéressant de se relever et d’aller chercher une étape ? Au Puy de Dôme, chez lui, il aurait pu être devant et se faire plaisir dans l’échappée s’il avait été loin au classement. Quand on a déjà fait des top 10, qu’on n’a pas de bon de sortie et qu’on ne peut pas battre les meilleurs à la pédale, il faut se poser la question », poursuit l’Orléanais.

« Tout le monde se souviendra de Woods qui gagne pour le retour du Puy de Dôme. Ça aurait pu être Gaudu ou Bardet, reprend Leblanc. Il ne faut pas jouer petit bras pour faire huitième ou neuvième du Tour. Il faut partir de loin, aller dans une échappée. On regarde qui en fait partie et s’il s’avère que ça ne vaut pas le coup d’y être, on se relève, mais il faut passer à l’attaque. »

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Guillaume Martin compte prendre cette direction, mais en gardant le général en tête. Le leader de la formation Cofidis est coutumier du fait : en 2021, il s’était hissé jusqu’au deuxième rang du général au soir de la 14e étape, avant de prendre la huitième place finale, son meilleur résultat sur la Grande Boucle. Le Normand pointe actuellement au-delà du top 15 après neuf étapes, avec un débours supérieur à quatre minutes par rapport au dixième.

« Je vais retrouver un tempérament plus agressif. Avec des échappées et les grosses étapes de montagne, il y aura de gros écarts. Rien n’est rédhibitoire pour le classement général, glisse-t-il à Ouest-France. Après, si les jambes ne reviennent pas, j’abandonnerai totalement l’idée du général et je viserai une étape. » Le Grand Colombier attend les Français ce vendredi 14 juillet. Malgré le retard à l’allumage, on ne dira pas non à un feu d’artifice.