rebondL’ex-licorne Sigfox peut-elle devenir le phœnix de l’Internet des objets ?

Toulouse : La « licorne » Sigfox, spécialisée dans l’Internet des objets, est-elle sortie d’affaire ?

rebondUn an après le rachat de Sigfox, la pépite toulousaine de l’Internet très bas débit pour les objets connectés (IoT), le nouveau propriétaire UnaBiz, basé à Singapour, se montre rassurant sur l’avenir de la technologie
Sigfox a disparu en tant que société mais UnaBiz, – dont 124 des 224 salariés, sont toujours à Lagège, près de Toulouse – exploite toujours sa technologie.
Sigfox a disparu en tant que société mais UnaBiz, – dont 124 des 224 salariés, sont toujours à Lagège, près de Toulouse – exploite toujours sa technologie.  - H. Ménal / 20 Minutes
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • La start-up toulousaine Sigfox a été une « pépite » de la Tech française et la pionnière de l’Internet des objets connectés avant sa descente aux enfers.
  • Il y a un an, elle a été rachetée par une « petite » boîte singapourienne baptisée UnaBiz.
  • Selon son patron, la technologie Sigfox reste plus que jamais dans la course « du low power ». Et les salariés toulousains sont rassurés.

Votre alarme, votre thermomètre d’intérieur… Vous utilisez peut-être sans le savoir la technologie Sigfox dans un de vos objets connectés. Ce réseau Internet très bas débit, et donc très basse consommation, qui fonctionne via un quadrillage de petites antennes a été développé depuis Toulouse à partir de 2010. Longtemps, la start-up Sigfox a été considérée comme une « pépite » de la Tech française, une « licorne » fonçant tête baissée vers le succès. Mais, en fait, l’entreprise n’est jamais parvenue à l’équilibre financier et le Covid-19 lui a porté le coup de grâce.

Si sa technologie « zéro G » reste opérante dans plus de 11 millions d’objets à travers le monde, Sigfox n’existe plus en tant qu’entreprise. Il faut l’appeler UnaBiz, du nom de la société singapourienne, qui l’a rachetée il y a un an, la sauvant du dépôt de bilan.

La surprise du petit Poucet

Ce petit Poucet venu d’Asie – de 80 salariés à l’époque contre 200 chez Sigfox – a été choisi au détriment de huit repreneurs avec bien plus d’assise, grâce à l’appui des salariés et des clients. L’artisan de cette grosse surprise a été Henri Bong, le patron franco-chinois d’UnaBiz mais surtout un revenant. Il a été de 2014 à 2016, l’unique employé de Sigfox à Singapour, avant de décider de voler de ses propres ailes. En s’affranchissant de la « guerre des protocoles » que Sigfox n’a jamais cessé de livrer avec le LoRa notamment l’autre technologie, américaine, disponible sur le marché des objets connectés. « Il n’y a pas de meilleure technologie, dit Henri Bong, il y a la bonne technologie pour les bons cas d’usage ». Quand Sigfox vendait des réseaux d’antennes à travers le monde à des clients qui devaient investir avant même de savoir pour quel débouché, Henri Bong en Asie partait de l’objet connecté lui-même et proposait une solution parmi toutes celles disponibles pour le mettre au point. C’est comme ça qu’il a décroché un marché pour 850.000 compteurs de gaz intelligents au Japon. C’est donc les 220 brevets de Sigfox qu’il a racheté, et qu’il ajoute à sa palette.

Les « pistes cyclables » de l’Internet

Avec succès, selon le patron d’UnaBiz, qui parle en dollars plutôt qu’en euros. « Sigfox n’est pas mort, assure-t-il (…) En un an, nous n’avons perdu aucun client et nous sommes passés de 9,8 millions de capteurs gérés à 11,4 millions. Sigfox perdait entre 60 à 80 millions de dollars par an, nous serons à moins de 15 millions cette année », assure celui qui prépare une nouvelle levée de fonds et veut « accélérer ».



Une stratégie plutôt bien perçue chez les salariés de Labège, ces ex-sifoxeurs devenus des « bees ». « Nous sommes plutôt heureux du choix qui a été le nôtre, explique Antoine MaIer, le représentant des salariés au moment de la procédure de rachat. Car il y a un vrai projet stratégique, une transparence de la direction ». « Avant, on jouait des coudes pour avoir la plus grosse part d’un gâteau qui n’existait pas vraiment. Maintenant nous sommes heureux d’avoir repris nos activités d’innovations », ajoute-t-il.

Les salariés approuvent « le mix de technologies » proposé par Henri Bong, surtout enthousiasmé par la sobriété de l’IoT. Dans les domaines du tracking, des compteurs ou bâtiments intelligents, de la sécurité, le patron d’UnaBiz croit au marché du « low power ». « Si on veut connecter des milliards d’objets, il ne faut pas seulement des autoroutes, il faut aussi des pistes cyclables », prône-t-il.