Indigestion numériqueAccusé de tricherie, « AlanFood Challenge » se met à la diète des défis

« AlanFood Challenge » : Accusé de tricherie, « le mangeur fou » se met à la diète des défis

Indigestion numériqueL’homme a été accusé de truquer ses vidéos pour faire semblant d’engloutir le plus de nourriture possible
Web - Alan Food Challenge et le Giga Tacos de trop
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • Suivi par 837.000 abonnés, le youtubeur « AlanFood Challenge » a été accusé par un autre vidéaste de truquer ses vidéos où il se filme en train de manger le plus de nourriture possible.
  • Pointant du doigt un faux « buzz » et un « drama », l’homme a invité sa communauté sur Twitch ce dimanche pour manger en direct deux énormes tacos et répondre aux accusations.
  • Si le direct a été un succès au niveau de son audience, l’homme s’est très maladroitement justifié et n’a pas non plus réussi à finir son challenge. Il a également profité de la vidéo pour prendre sa retraite des challenges.

Sur sa chaîne YouTube suivie par 837.000 abonnés, il se fait appeler « le mangeur fou ». Depuis plus de six ans, Alan alias « AlanFood Challenge » se filme en train de manger des quantités astronomiques de burgers, tacos et autres kebabs. Ne comptez pas sur lui pour se modérer sur la nourriture. Le mot d’ordre ici : l’excès. Du buffet à volonté à finir, à la pizza géante à engloutir, tout en passant par un giga tacos aux six viandes à terminer, etc., tout peut y passer.

Il y a deux ans, l’influenceur food avait même sorti un son J’vais tout graille qui résume bien sa gourmandise poussée à l’extrême. « Le chef croit qu’on est 22, en vrai je n’aurais même pas ma dose », racontent les paroles sur un mauvais son de rap. On y retrouve également son mantra : « On ne bégaye pas ». Devant la nourriture, il faut croire car depuis la fin de semaine dernière, sous les yeux impitoyables des internautes, l’excès s’est vite transformé en accusations de tricherie.

Un montage omniscient

L’affaire commence jeudi dernier sur une vidéo de Théo Malini, suivi par 695.000 abonnés. Face caméra, l’homme revient sur une hypothèse qui commence à tourner dans les bas-fonds d’Internet : Et si tout était faux ? Plusieurs constats permettent d’arriver à cette conclusion. D’abord, comment humainement il est possible de dévorer un plat de dix kilos, sinon plus, d’un seul coup ? Mais aussi, en comparant les premières vidéos d’Alan, on remarque la présence progressive de montage qui n’existait pas auparavant. D’après Théo Malini, il se pourrait bien qu’Alan profite des coupures au montage – les « cuts » – pour mettre la nourriture de côté, sans jamais l’ingurgiter. Il remarque même que sur l’une de ses vidéos, une poubelle est installée à côté de sa table.

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Depuis, la vidéo de Théo Malini est un succès – elle a été vue plus de 760.000 fois ce lundi –, obligeant le vidéaste mis en cause à réagir le lendemain sur ses réseaux sociaux. « Je suis quelqu’un qui a des principes, des "cojones". Je vous donne rendez-vous ce dimanche sur Twitch où je vous ferais une vidéo BAN-GER ».

« Fake news ou bad news »

Rendez-vous donc ce dimanche soir sur son live Twitch – vu 120.000 fois depuis – où Alan, qui n’a pas répondu aux demandes de 20 Minutes, réagit à cette « fake news, bad news, appelez ça comme vous voulez ». L’occasion pour lui de revenir sur le harcèlement qu’il subirait de la part des internautes. D’une part, sur le gaspillage alimentaire qu’il produirait à cause de sa chaîne. D’autre part, sur sa morphologie. « J’étais tout "keus", donc ça les faisait chier. » Il dénonce également les menaces subies auprès de ses proches, notamment son ex-femme et sa fille.

Alors que répondre aux accusations ? Selon le créateur de contenus, seules trois vidéos seraient fausses. « Et pas une de plus. » « Vous le savez, un truc qui pèse 16 kg, c’est difficile. Les challenges deviennent de plus en plus fous, ça montait crescendo. Mais à un moment le corps humain fait que tu ne peux pas en manger plus. » Minutieusement, Alan détaille les raisons pour lesquelles il aurait dû truquer les trois vidéos problématiques. Dans la première, celle des burgers noirs, il raconte avoir été malade. Dans la deuxième des cinq « gigas tacos », il avoue avoir commencé le soir et continué le matin. Et enfin dans celle du kebab maison, celui-ci n’aurait jamais été fini à cause d’une « mauvaise congélation ».

L’équivalent de cinq pizzas en direct

Pendant le direct, le premier temps est donc réservé à justification. « Pour l’histoire des "cuts", quand j’ai commencé YouTube, j’étais un novice. Je me suis formé et j’ai évolué. Ensuite, j’ai rejoint une agence [sans la déclarer]. Mon talent manager m’a appris toute la direction artistique. Nous avons décidé de "cuter" tout ce qui n’est pas important. » Des regards dans le vide, des conversations, sûrement. Des moments où il mange, possiblement aussi. Dans la vidéo, les possibles trucages sont normalisés. « C’est beaucoup de scénarisation, de l’acting. T’aimes, tu regardes. Tu n’aimes pas, tu passes ton chemin. » Avec un peu d’audace et une comparaison mal choisie, le vidéaste finit par justifier une situation de triche moins grave que la mort du jeune Nahel.

Puis vient la preuve par la dégustation. Jamais dans la légèreté, Alan opte ici pour deux gigas tacos, avec cinq viandes dans chaque : poulet, viande hachée, nuggets, cordon-bleu et merguez. « L’équivalent de cinq pizzas », souligne-t-il. Et alors que le premier tacos est avalé en dix-huit minutes, le second est bien plus douloureux. Transpirant, Alan justifie la fin proche du challenge. « Il est un peu "seccos" ce tacos », « c’est trop cuit cette merguez ». « Il ne galère pas, c’est juste qu’il fait 45 degrés », « il gère tranquille », « même moi je suis impressionné », rajoutent ses comparses autour. Et à travers les bouchées, Alan ne perd pas une occasion de s’attaquer à Théo Malini, à son poids et à l’intérêt de ce qu’il appelle « un buzz ». « Il crée surtout du drama », rajoute-t-il une fois de plus.

« Faire du contenu qu’on n’aime pas, ça ne sert à rien »

La fin de la vidéo est encore plus tragique. Le devant du restaurant où il se trouve est pris d’assaut par des jeunes qui interagissent au fond du live. « Des haters », pointe du doigt le « mangeur fou ». Un élément qui perturberait sa vidéo. « Les conditions sont chiantes. » « Je vais faire plaisir à Monsieur Théo, je vais m’arrêter là. Dites ce que vous voulez », laissant un dernier tiers du tacos à l’abandon. Ni une, ni deux, Twitter s’enflamme. Pour de nombreux internautes, l’échec serait un signe qu’une fois de plus, la tricherie pourrait se révéler vraie. Cela expliquerait également pourquoi il y a cinq mois, sur une vidéo d’Inoxtag, l’homme n’avait pas pu finir ses quatre gigas tacos… contrairement à ce qu’il filmait dans ses contenus.

La vidéo est surtout l’occasion pour lui de prendre sa retraite. « Les vidéos challenge, c’est niet. Je n’aime plus ça. Faire du contenu qu’on n’aime pas, ça ne sert à rien. » Devenue la nouvelle risée des réseaux sociaux, Alan compte désormais se consacrer à de nouveaux projets sûrement loin de son O’Tacos habituel. Fort heureusement pour lui, l’homme a pour ambition d’ouvrir un restaurant italien dans le 11e arrondissement de Paris avec une carte promettant des plats XXL et « généreux »