FAITS DIVERSL’affaire de la « disparue du Vatican » rebondit vers la piste familiale

Nouveau rebondissement dans l’affaire de la « disparue du Vatican »

FAITS DIVERSQuarante ans après la disparition d’Emanuela Orlandi, La7 fait état d’échanges épistolaires entre deux prélats et sous-entend que l’oncle de l’adolescente pourrait être impliqué dans l’affaire. Plusieurs proches d’Emanuela refusent d’y croire
Le 27 mai 2012, un portrait d'Emanuela Orlandi, « la disparue du Vatican », est brandi lors d'un rassemblement en son honneur, place Saint-Pierre.
Le 27 mai 2012, un portrait d'Emanuela Orlandi, « la disparue du Vatican », est brandi lors d'un rassemblement en son honneur, place Saint-Pierre.  - FILIPPO MONTEFORTE / AFP / AFP
Fabien Randanne

F.R. avec AFP

Rebondissement dans l’affaire Orlandi : l’enquête pourrait s’orienter vers le drame familial. Cela fait quarante ans que l’énigme judiciaire travaille l’inconscient collectif italien. En France, le dossier est surtout connu des passionnés de faits divers ou grâce à La Disparue du Vatican, le documentaire mis en ligne sur Netflix cet automne. Cette série, construite autour des témoignages de proches d’Emanuela Orlandi, de journalistes, et de personnes disant avoir participé à l’enlèvement, relatait les différentes hypothèses établies pour élucider le mystère.

Le 22 juin 1983, Emanuela Orlandi, 15 ans, citoyenne du Vatican, était aperçue pour la dernière fois au centre de Rome, après un cours de musique. Depuis, cette affaire a donné lieu à d’innombrables spéculations sur fond de théories du complot mettant en cause les services secrets, la mafia, les hautes autorités vaticanes ou la franc-maçonnerie.

Echange épistolaire

Désormais, les regards sont braqués sur la piste familiale. Selon la chaîne télévisée privée italienne La7, le procureur du Vatican a récemment remis à son homologue romain un échange épistolaire entre le secrétaire d’Etat Agostino Casaroli, numéro deux du Vatican, et un prêtre, ancien conseiller spirituel de la famille Orlandi, en septembre 1983.

Son objet : avoir la confirmation que Natalina, la sœur aînée de la disparue, a été abusée sexuellement par leur oncle, Mario Meneguzzi, aujourd’hui décédé. Le confesseur reconnaît que la jeune fille lui avait confié les faits. Elle avait interdiction de parler sous peine de perdre son poste à la Chambre des députés où son oncle, qui tenait la buvette, l’avait embauchée quelque temps auparavant. Ces faits étaient connus des enquêteurs de l’époque puisqu’ils avaient été confirmés par le témoignage direct de Natalina Orlandi, selon La7.

Les proches d’Emanuela accusent le Saint-Siège

Mario Meneguzzi était proche des services de sécurité intérieure de l’époque, avait répondu à certains appels anonymes reçus par la famille Orlandi et échappé à une filature dont il avait connaissance sans que les enquêteurs ne sachent comment, ont rapporté mardi les médias italiens. Enfin, le portrait-robot de l’homme vu avec Emanuela Orlandi, le 22 juin 1983, le jour de sa disparition, est ressemblant.

Cependant, le frère d’Emanuela, Pietro, sa sœur Natalina et leur avocate, Laura Segro, sous la pression desquels le Vatican puis le parquet de Rome ont rouvert le dossier en 2023, n’y croient pas. Ils accusent le Saint-Siège de vouloir « s’exonérer » de sa responsabilité supposée dans cette affaire. Ils doivent donner une conférence de presse ce mardi après-midi à Rome.