CyclismeA 83 et 79 ans, ils sillonnent la France pour soutenir Guillaume Martin

Tour de France 2023 : A 83 et 79 ans, ce couple sillonne la France pour soutenir Guillaume Martin

CyclismeBasé en Normandie, le club des supporters du leader de la Cofidis compte des représentants qui ne comptent pas leurs kilomètres pour soutenir leur champion
Partout où il se déplace sur le Tour de France, comme ici à Pau le 5 juillet, Guillaume Martin peut compter sur son club de supporters. Claude et Jocelyne sont à droite.
Partout où il se déplace sur le Tour de France, comme ici à Pau le 5 juillet, Guillaume Martin peut compter sur son club de supporters. Claude et Jocelyne sont à droite. - Thomas Samson / AFP / AFP
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • Alors que Cofidis a déjà gagné deux étapes du Tour de France cette année après 15 ans de disette, avec Victor Lafay et Ion Izagirre, son leader Guillaume Martin espère toujours finir dans le top 10.
  • Le Normand peut compter sur le soutien de son club de supporters, dont on a retrouvé trois membres à Culoz.
  • Entre accrochages de pancartes et distribution de photos, Claude, Jocelyne et Didier font la promotion de leur protégé et voisin.

De notre envoyé spécial au Grand Colombier,

Autant vous l’avouer, on errait vendredi à la mi-journée dans Culoz, au pied du Grand Colombier, à la recherche de drapeaux bleu-blanc-rouge. Après tout, pourquoi ne pas pondre un sujet 14-juillet bien classique, bien cocardier avec des témoignages de fans qui espèrent sans trop y croire un successeur à Warren Barguil, dernier Français vainqueur le jour de la fête nationale, il y a déjà six ans à Foix ?

Mais on a surtout vu que le Conseil départemental de l’Ain avait bien fait le boulot en essaimant ses oriflammes partout, pour cette étape 100 % « Zéro-Un ». Et puis, en suivant le flot des cyclistes amateurs lancés à la conquête du géant du Bugey sous le cagnard, quelques heures avant les pros, on est tombé sur de multiples affichettes à l’effigie de Guillaume Martin, pendues au mobilier urbain.

Une pancarte à la gloire de Guillaume Martin, ce vendredi dans le centre de Culoz, au pied du Grand Colombier.
Une pancarte à la gloire de Guillaume Martin, ce vendredi dans le centre de Culoz, au pied du Grand Colombier. - Nicolas Stival / 20 Minutes

Le leader de Cofidis n’est pourtant pas un garçon du cru, à la différence du sprinter Christophe Lemaitre, qui a donné son nom au gymnase posé à côté des premiers lacets du Grand Colombier, à 17 bornes du sommet. Il est Normand, comme Claude (83 ans), Jocelyne (79 ans) et leur ami Didier (63 ans), dont le fourgon aménagé est justement posé depuis la veille en face dudit gymnase. Aux t-shirts qu’ils arborent et à la décoration du véhicule, on devine rapidement qu’on a trouvé nos poseurs de pancartes.

Présents même quand Martin n’est plus là

« On les enlève à la fin de chaque étape, cette année, on ne s’en est pas fait piquer, observe le trio, membre du club des supporters de Guillaume Martin, fort de quelque 120 adhérents et basé à Sainte-Honorine-la-Chardonne, le fief de leur champion peuplé de quelque 700 âmes. L’an passé, on en mettait même quand il n’était plus en course. » Positif au Covid, l’Ornais avait en effet dû plier bagage avant le départ de la 9e étape à Aigle, en Suisse.

« Cette fois, il peut encore terminer premier Français », espère Claude. Comme en 2020 (11e au final) et en 2021 (8e) donc… Pour l’heure, Martin occupe la 15e place au général, derrière David Gaudu (9e), Thibaut Pinot (11e) et Romain Bardet (12e). Ce vendredi, il a été lâché du groupe maillot jaune à 6,5 km du sommet du géant du Bugey. Pas une surprise pour l’octogénaire. « Il avait beaucoup travaillé hier [jeudi] et avait bien manoeuvré pour permettre la victoire de son coéquipier Ion Izaguirre. »

Le couple composé de Jocelyne et Claude encadrent leur ami Didier. Tous sont membres du club des supporters de Guillaume Martin
Le couple composé de Jocelyne et Claude encadrent leur ami Didier. Tous sont membres du club des supporters de Guillaume Martin - Nicolas Stival / 20 Minutes

Le couple parcourt depuis une vingtaine d’années la France chaque mois de juillet. Mais désormais, avec Didier, ils se mettent au service de leur « compatriote ». « On l’a connu à ces débuts dans le cyclisme », expliquent-ils. Bayonne, Dax, Pau, Cauterets, Puy-de-Dôme, Vulcania, Clermont et donc maintenant Culoz… Alors que la majorité de leurs copains du club regardent leur protégé à la télé, depuis la Normandie, ces fans n’ont pas raté grand-chose de l’édition 2023, en attendant de définir la suite de leur programme.

« Cela nous permet de voir du pays et de constater combien la France est belle », soulignent-ils. Un discours de circonstance pour ce 14-juillet, en l’honneur duquel ils avaient accroché dès potron-minet plusieurs petits drapeaux tricolores aux barrières qui séparent le trottoir de la route. « Il n’en reste que deux, donc cela signifie que cette date représente quelque chose pour les gens », s’amuse Claude.

Des photos et des livres à signer

Mais ce que le trio aime surtout distribuer, lorsqu’il se trouve dans une ville-départ, ce sont des photos de Martin, pour que des gamins obtiennent son autographe. « Certaines personnes viennent même lui faire signer ses livres », remarque le plus bavard des trois. Pour ceux qui n’ont pas suivi le cyclisme ces cinq dernières années, le meilleur grimpeur de la Vuelta 2020, titulaire d’un master de philosophie, est l’auteur de Socrate à vélo et de La société du peloton. D’où la présence d’un bouquin et d’une jolie plume d’oie sur le tee-shirt de son fan-club, à côté d’un portrait auréolé d’une roue de bicyclette.

Malgré une personnalité riche et la régularité de ses excellents résultats, le Marc-Aurèle de la Grande Boucle, âgé de 30 ans, souffre d’un déficit de notoriété certain par rapport aux Pinot, Alaphilippe ou Bardet, voire à son coéquipier Victor Lafay, vainqueur cette année dès la deuxième journée à Saint-Sébastien. Parce que le grimpeur n’a jamais remporté une étape du Tour, juge de paix pour le grand public ? Ou à cause de son peu d’attraits pour les trompettes de la renommée ? « On entend certains dire qu’il est trop gentil, lâche le couple. Mais d’abord, on n’est jamais trop gentil et ensuite, il a une certaine réserve. Il ne parle pas pour ne rien dire. Et il ne cherche pas les médias. »

En revanche, Martin court toujours après un nouveau top 10 dans le Tour. « Je sais que les étapes de demain [samedi, vers Morzine] et après-demain [dimanche, jusqu’à Saint-Gervais Mont-Blanc] vont beaucoup compter et seront décisives, assénait-il vendredi soir. Et malgré la fatigue, j’aborde ces deux prochaines étapes en étant relativement confiant. » Ses aînés et admirateurs le sont tout autant.