CyclismeBien sûr que ça existe ! On a trouvé des supporteurs de Jonas Vingegaard

Tour de France 2023 : « Il n’est pas arrogant, c’est de la timidité »… On a trouvé des supporteurs de Jonas Vingegaard

CyclismeTrès discret et peu charismatique, le maillot jaune danois peut compter sur le soutien de compatriotes venus le supporter sur les routes du Tour
Jonas Vingegaard sur le podium de la 14e étape du Tour de France entre Annemasse et Morzine, samedi.
Jonas Vingegaard sur le podium de la 14e étape du Tour de France entre Annemasse et Morzine, samedi. - jeep.vidon / Sipa / Sipa
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar se sont de nouveau livrés un duel épique samedi entre Annemasse et Morzine, lors de la 14e étape du Tour de France.
  • Le maillot jaune et lauréat de l’an dernier souffre d’un déficit de popularité par rapport à son grand rival, vainqueur en 2020 et 2021.
  • Nous avons interrogé des Danois présents sur le Tour au sujet de leur compatriote, leader de la Jumbo-Visma.

De notre envoyé spécial à Morzine,

A son arrivée à Morzine, samedi en fin de journée, Jonas Vingegaard a bien sûr été applaudi, à l’issue d’une formidable première étape alpestre qui lui aura permis d’ajouter une seconde qui fait 10 à sa mince avance sur Tadej Pogacar. Mais bien moins que son dauphin slovène, acclamé par des « Pogi », « Pogi », qui n’ont pas adouci sa frustration née du désormais fameux « motogate », et surtout moins que Carlos Rodriguez, le vainqueur du jour, porté par la bruyante colonie espagnole.

Dans ce Tour de France, le Danois de 26 ans suscite le respect, mais clairement pas la passion, loin de l’accueil de rock star qui lui avait été réservé à Copenhague à son retour l’an dernier, après son premier sacre sur les Champs-Elysées. Pour trouver des fans du secret leader de la Jumbo-Visma, mieux vaut donc chercher des compatriotes. « Certaines personnes pensent qu’il est arrogant, alors que c’est juste de la timidité, assure Tobias, 25 ans, croisé avec sa compagne Helene dans les pentes du col de Joux Plane, en face d’un camping-car slovène forcément acquis à la cause du rival. Ses parents sont pareils. »

Tobias et Helene, deux jeunes Danois dans la montée du col de Joux Plane, samedi en Haute-Savoie.
Tobias et Helene, deux jeunes Danois dans la montée du col de Joux Plane, samedi en Haute-Savoie. - Nicolas Stival / 20 Minutes

Le jeune couple, qui avoue être là autant pour humer l’ambiance du Tour que pour soutenir leur champion, habite « à une heure » de celui-ci, dans le Jutland. « Pour nous, c’est une fierté », assène Helene.

Vingegaard est originaire d’Hillerslev, un village de 370 habitants au nord-ouest de cette péninsule qui constitue la partie continentale du pays. « Dans cette région, les gens sont très calmes, très discrets, ce n’est pas comme à Copenhague, confie en riant Troels Kildemoes d’Odense, dans le sud du Danemark, croisé vendredi à Culoz au pied du Grand Colombier, qu’il s’apprêtait à escalader en partie à pied avec sa « tribu » (12 personnes, avec son frère, sa sœur, leurs conjoints et les enfants). Mais c’est une star, on espère l’accompagner jusqu’à Paris. Il paraît qu’hier soir [jeudi], ses parents étaient dans le même camping que nous. En tout cas, personne ne les a vus. »

La famille avant tout

« C’est un gars de la campagne, acquiesce Nicolai, originaire justement de la capitale danoise, qui a posé sa quarantaine sereine samedi dans le col de Joux Plane. C’est quelqu’un de très famille. » En anglais, cela donne : un « family guy ». L’expression est revenue dans la bouche de tous nos témoins, que l’on a alpagués en évoquant « Jonasse Vinnguegarde » (accent du sud-ouest oblige) et qui nous ont parlé de « Yonass Vinngueugôr », la prononciation officielle. Enfin, à peu près…

Troels (deuxième en partant de la gauche) et sa grande famille, vendredi à Culoz, sur les premières pentes du Grand Colombier.
Troels (deuxième en partant de la gauche) et sa grande famille, vendredi à Culoz, sur les premières pentes du Grand Colombier. - Nicolas Stival / 20 Minutes

Le leader de la Jumbo-Visma n’est jamais longtemps séparé de sa femme Trine et de leur fille de bientôt trois ans. Samedi soir encore à Morzine, derrière la zone mixte où les coureurs sont censés venir rencontrer la presse, on a aperçu en coulisses le leader du Tour avec sa petite Frida dans les bras, qui jouait avec le lion en peluche décerné au maillot jaune. Une image devenue rituelle. Vingegaard assume parfaitement cette étiquette de « gars simple », au large rictus énigmatique, à des années-lumière des blagues et des clins d’œil d’un Pogacar, capable de se transformer en cliché de Français, baguette de pain incluse, lors de la première journée de repos à Clermont-Ferrand.

« Je ne pensais pas qu’il gagnerait le Tour »

A vrai dire, les quelques Danois que l’on a pu croiser, certains vêtus du maillot de l’équipe nationale de foot, étaient aussi plutôt calmes. Si les drapeaux du pays sont bien sûr de sortie (attention à ne pas confondre dans le coin avec l’emblème savoyard), nos interlocuteurs n’étaient pas du genre à courir derrière les coureurs ou à carburer au houblon dès 8 heures du matin, comme certains de leurs voisins de col. Ils soutiennent « Vingi » comme il est, en respectant son intimité.

Son ancien collègue Emil Vinjebo nous aide à en savoir un peu plus. Le cycliste de 29 ans, aujourd’hui membre de la Leopard Togt Pro Cycling, une équipe continentale (la 2e division du circuit), a évolué au côté de Vingegaard en 2018. Ils portaient tous les deux les couleurs de la petite formation ColoQuick, qui a embauché le futur lauréat de la Grande Boucle alors qu’il travaillait dans une poissonnerie. « On savait qu’il avait un gros talent physique mais quand je roulais avec lui, je ne pensais pas qu’il gagnerait le Tour, avoue le coureur de 29 ans, consultant pour la chaîne danoise TV2, croisé à Culoz. Il s’est vraiment développé depuis trois ou quatre ans, avec une progression régulière. »

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Vinjebo dresse d’abord le portrait attendu : « Beaucoup de gens le connaissent maintenant, mais il ne se montre pas beaucoup en public. Quand il n’est pas au milieu de la folie du Tour, il est tranquille, chez lui. On ne le voit pas. » Jusqu’à un certain point : « Non, il n’est pas timide. Il est introverti, mais quand on le connaît, c’est un mec sympa. Il est même drôle quand il se trouve dans sa "zone de sécurité" ». Et celle-ci ne peut contenir qu’un nombre limité de personnes.

Le grimpeur issu d’un plat pays

L’an passé, après son sacre en mondiovision et le bain de foule au pays, Vingegaard avait évoqué sur une télé danoise « une sorte d’explosion mentale ». « C’est très difficile de parler aux médias et aux fans tous les jours. C’est génial, mais aussi très fatigant. » La fatigue, lui et Pogacar doivent logiquement commencer à la ressentir à force de se tirer la bourre quasiment tous les jours depuis le 1er juillet. A une semaine de l’arrivée, nos témoins votent logiquement pour leur compatriote, mais sans confiance excessive.

« Pogacar sera dur à battre mais je pense qu’en fin de compte, Jonas gagnera, estime le spécialiste Emil Vinjebo. A Courchevel, il larguera Pogacar. » Rendez-vous mercredi donc pour la dernière étape alpestre. D’ici là, on n’aura sûrement pas percé un autre mystère attaché au Danois, et soulevé par Merete, la compagne de Nicolai, samedi dans la montée du col de Joux Plane : « C’est fou qu’il soit aussi fort en montagne alors qu’on vient d’un pays très plat ! »