Cyclisme154e de l’étape mais sur le podium… Adrien Petit plus fort que la douleur

Tour de France 2023 : 154e de l’étape mais sur le podium… Adrien Petit plus fort que la douleur

CyclismeSérieusement blessé samedi, le coureur d’Intermarché-Circus-Wanty a encore galéré ce dimanche dans la 15e étape. Son courage lui a valu de gagner le prix de la combativité
Adrien Petit reçoit le prix de la combativité ce dimanche à l'issue de la 15e étape du Tour de France entre Les Gets et Saint-Gervais Mont-Blanc.
Adrien Petit reçoit le prix de la combativité ce dimanche à l'issue de la 15e étape du Tour de France entre Les Gets et Saint-Gervais Mont-Blanc. - Thomas Samson / AFP / AFP
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • Très loin du duel entre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar pour la victoire, Adrien Petit se bat pour terminer ce Tour de France.
  • Gravement blessé samedi dans une chute collective, le Nordiste d’Intermarché-Circus-Wanty a reçu le prix de la combativité ce dimanche à l’issue de l’étape entre Les Gets et Saint-Gervais Mont-Blanc.
  • Il espère se requinquer lundi lors de la journée de repos, puis mardi pendant le chrono entre Passy et Combloux, pour préparer la terrible dernière étape dans les Alpes, mercredi entre Saint-Gervais Mont-Blanc et Courchevel.

De notre envoyé spécial à Saint-Gervais,

19h25 ce dimanche à Saint-Gervais, sur le pont qui relie la cossue cité haut-savoyarde à la télécabine montant vers le plateau du Bettex, à 1.400 mètres d’altitude, où Wout Poels a remporté 1h15 plus tôt cette 16e étape du Tour de France. Le flot de cyclistes amateurs (l’immense majorité des pros sont passés depuis longtemps) et de piétons, jusque-là ininterrompu, commence à se tarir un peu. Les cars des équipes du peloton sont presque tous partis, parfois à grands coups de klaxons pour se frayer un chemin à travers la foule compacte.

Seuls restent une poignée de véhicules, dont ceux d’UAE Team Emirates, l’écurie de Tadej Pogacar, et d’Intermarché-Circus-Wanty. La formation belge attend Adrien Petit. Justement, le Bison d’Arras débarque à ce moment-là, bien amoché. Trois journalistes, dont votre serviteur, espèrent quelques mots du lauréat du prix de la combativité du jour, 154e sur 157 concurrents arrivés, 35 minutes et 48 secondes derrière Poels.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Mais le Nordiste de 32 ans, qui boite bas une fois descendu du vélo, ne s’arrête pas. « Il est crevé, déjà hier soir [samedi], il était au bout de sa vie », l’excuse l’attachée de presse de l’équipe, après avoir tenté de le faire changer d’avis. La veille donc, Petit avait bouclé l’étape Annemasse - Morzine en dernière position, 38 minutes et 6 secondes après le vainqueur Carlos Rodriguez, la fesse droite nue et entaillée, le tibia de la même jambe pas loin d’être en miettes. Les conséquences d’une chute collective impressionnante dès le 5e kilomètre, qui a entraîné une rare neutralisation de la course pendant une grosse vingtaine de minutes, et laissé au total cinq coureurs sur le carreau, dont son coéquipier sud-africain Louis Meintjes, 13e du général.

« J’ai vécu un calvaire »

Après une nuit très compliquée et des doutes matinaux, l’Arrageois a pris le départ ce dimanche matin aux Gets, avec la journée de repos de lundi comme lueur d’espoir au bout de l’enfer. Sans point de suture pour recoudre le chantier, à cause des chairs brûlées qui rendent l’affaire impossible, mais avec un filet de protection pour tenir les pansements. « J’ai vécu un calvaire aujourd’hui [dimanche], que je ne souhaiterais même pas à mon pire ennemi, a-t-il tout de même eu le temps de répondre à France 2 après l'arrivée. C’est dommage de dire ça, mais la première chute m’a sauvé la mise, sinon, j’étais à la maison. »

Le bras d’un spectateur inconscient a donc à la fois déséquilibré Sepp Kuss après une cinquantaine de bornes, ce qui a débouché sur une réaction en série, et permis à Petit, en apnée dès la première micro-montée, de recoller. « J’ai tellement été soutenu par le public… Une fois que j’ai repris le gruppetto, il fallait que j’insiste. Toutes les équipes m’encourageaient, donc c’était top. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n’hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton« J’accepte pour aujourd’hui » dans le bandeau ci-dessous.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Et c’est ainsi que le jury du prix de la combativité (composé de Thierry Gouvenou d’ASO, de Laurent Jalabert et de trois journalistes) a sacré l’un des derniers de l’étape, alors que la récompense revient en principe au principal animateur de la journée. « C’est dommage de devoir tomber pour monter sur le podium, mais c’est toujours une belle reconnaissance », s’amuse l’intéressé, très malheureux depuis le début de l’année : une clavicule laissée du côté de Majorque en janvier, puis une fracture d’un doigt une semaine après sa reprise deux mois plus tard, suivie de deux forfaits pour le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, ses courses de prédilections.

« Survivre » à la journée de mercredi pour voir les Champs

L’histoire a des airs de remake du Vélo de Ghislain Lambert, avec Benoît Poelvoorde, et on ne serait pas surpris de la retrouver dans la deuxième saison de la saga Netflix consacrée au Tour. Maintenant, il faut forcément une « happy end » (à la différence du film de Poelvoorde) et une arrivée sous les hourras dimanche sur les Champs-Elysées.

La journée de repos de lundi et le chrono de mardi, où Petit va pouvoir se mettre en mode tranquillou, pourraient contribuer à ce joli scénario. « Il y a encore une étape avec 5.000 mètres de dénivelé », rétorque le 145e du classement général (à 4h17'20'' du leader Jonas Vingegaard), en référence au mercredi de malades entre Saint-Gervais - Mont-Blanc et Courchevel.

On imagine déjà le Chti serrer les dents et le reste dans la montée du col de la Loze (2.304 mètres), la montée hors catégorie du jour. Le point culminant de ce Tour décidera sans doute du vainqueur du duel étouffant entre Vingegaard et Tadej Pogacar. Mais cette compétition ne concerne que le duo d’extraterrestres et surtout pas Petit, Axel Zingle et Tony Gallopin, collègues de galère dominicale avec Michael Morkov, Danois comme « Vingi », mais dernier de l’étape et du général.