D’où vient l’expression « mettre de l’eau dans son vin » ?
Français•Si l’idée vous dégoûte, la locution vous est familière et elle est très, très ancienne. Remontons le temps ensemble
Frédéric Henry pour 20 Minutes
L'essentiel
- Mettre de l’eau dans son vin est une pratique qui remonte à l’Antiquité.
- L’expression figurée apparaît au XVIIe siècle.
- Il s’agit au départ de tempérer sa colère, puis ses ambitions.
Couper son vin avec de l’eau ? Quelle horreur… Mais alors, d’où peut bien venir l’expression « mettre de l’eau dans son vin » ? D’une époque où on se livrait à ce mélange abject, pardi.
Une habitude hygiénique
L’idée de mettre de l’eau dans son vin remonte à l’Antiquité. C’est le dieu des boissons alcoolisées, Dionysos, repris par différents auteurs grecs, qui aurait formulé cette proposition. Pourquoi ? Pour limiter les excès liés à l’ivresse, tout simplement.
Au Moyen-Âge, la pratique a perduré, mais cette fois-ci pour des raisons d’hygiène : on diluait le vin avec de l’eau pour une meilleure digestion, et l’eau avec du vin pour un effet présumé purifiant. Dans les campagnes françaises, vous trouverez d’ailleurs encore quelques personnes âgées pour se livrer à ce curieux mélange.
Une expression figurée
C’est au XVIIe siècle que « mettre de l’eau dans son vin » devient une expression figurée. Elle est attestée dès 1636 par le lettré Fleury de Bellingen, puis en 1694 par la toute jeune Académie française. Alors, il s’agit de « modérer son emportement », c’est-à-dire de tempérer sa colère. Si ce sens est encore parfois employé aujourd’hui, c’est de manière assez marginale.
Très vite, la locution évolue : au XVIIIe siècle, Voltaire l’utilise déjà dans le sens de « modérer ses prétentions », « revoir ses ambitions à la baisse ». Désormais, cet usage domine largement. Bref, plus question, en tout cas, de gâcher votre Côte-Rôtie…
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