TRANSPORTPourquoi le prix du Pass Navigo va-t-il (encore) augmenter ?

Ile-de-France : Pourquoi le prix du Pass Navigo va-t-il (encore) augmenter ?

TRANSPORTMardi, Ile-de-France Mobilités a voté une nouvelle hausse des prix des transports pour l’année 2024
Une carte de transports Navigo. Illustration
Une carte de transports Navigo. Illustration  - NICOLAS MESSYASZ / SIPA / SIPA
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • Lors de son conseil d’administration qui s’est tenu ce mardi, l’autorité des transports franciliens a adopté un vœu dans lequel se profile une hausse des tarifs pour l’année 2024.
  • Une augmentation liée aux besoins de financement d’Ile-de-France Mobilités lors de cette année particulière.
  • Desserte exceptionnelle pendant les JO, ouverture de nouvelles lignes de métro… Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette hausse.

De quoi ravir les Franciliens. Après avoir vu leurs conditions de transports se dégrader allègrement ces derniers mois, ils vont devoir s’apprêter à amortir une nouvelle hausse du prix du Pass Navigo en 2024. Ce mardi matin, Ile-de-France Mobilités (IDFM) a annoncé la nouvelle dans un vœu adopté par son conseil d’administration. Si le prix exact n’a pas encore été fixé, il devrait être voté en décembre prochain par ce même conseil d’administration. Ce n’est pas une surprise pour Marc Pélissier, président de l’Association des usagers des transports (AUT).

« Dans le contexte actuel, il est certain qu’il y aura une hausse des prix des transports, estime-t-il. La question ne se pose même pas. » Reste à savoir à combien sera établie cette augmentation. « Dans le pire des scénarios, on pouvait imaginer une augmentation du prix à 100 euros par mois dès l’année prochaine, poursuit-il. Mais on semble s’éloigner de ce scénario. » Mais qu’est-ce qui pousse la région à augmenter de nouveau le prix du Pass Navigo ?

L’ouverture des plusieurs nouvelles lignes

En 2024, les extensions de plusieurs lignes, notamment les lignes 11 et 14 du métro, ou encore du RER E, devraient enfin être mises en service. Une offre de service supplémentaire qui se traduit par une augmentation des coûts pour la région. Et, par extension, pour les usagers. Valérie Pécresse assure avoir besoin d’un financement de 800 millions d’euros pour l’année à venir. Plus de 500 millions, selon l’AUT. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une somme importante, qui s’ajoute à la dette préexistante d’IDFM.

L’offre de services devrait être d’autant plus importante l’année prochaine que la capitale accueille les JO, et les seize millions de visiteurs attendus pour l’évènement. Pour l’occasion, une desserte exceptionnelle, bien plus importante, est prévue. De quoi faire grimper en flèche les dépenses d’IDFM. La présidente de la région Île-de-France réaffirme néanmoins « son souci de modérer au maximum les hausses de tarifs pour les Franciliens », évoquant plutôt une tarification spécifique pour les visiteurs lors des JO.

L’absence de plan de financement sur le long terme

« Pendant ces cinq dernières années, les prix du Pass Navigo ont été gelés mais, avant 2015, ils augmentaient déjà chaque année, explique le président de l’AUT. Sur le principe, ce n’est pas forcément choquant dès lors que de nouvelles lignes sont créées et qu’il y a une offre de meilleure qualité. » Ce qui inquiète les représentants de l’association d’usagers, c’est que l’augmentation du prix dépasse l’inflation. « En fait, il nous faudrait un plan de financement sur plusieurs années pour éviter qu’il n’y ait de psychodrame entre l’Etat et la région chaque année », poursuit-il. Ce dernier dénonce le manque de visibilité financière à long terme sur un sujet d’intérêt public.

Le gouvernement accepte en effet de financer les transports franciliens à hauteur de 52,5 %, mais tient à ce que le reste soit pris en charge par les collectivités et les usagers. Une position qui ne satisfait pas François Durovray, président du département de l’Essonne et administrateur d’IDFM. Pour lui, le gouvernement « veut imposer aux collectivités territoriales les conséquences de sa mauvaise gestion ». Il « serre le collet des collectivités mais ne donne pas de recettes fiscales, ce n’est pas tenable ». L’élu local souhaite surtout trouver un accord global avec l’Etat et éviter une « politique de gribouilles » où « tout se fait sur un coin de table ». Il reste six mois pour y parvenir.