ClimatComment les climatosceptiques tentent de semer le doute sur la canicule

Canicule : Les climatosceptiques tentent de semer le doute avec #secheressemoncul

ClimatLe hashtag #secheressemoncul a abondamment été relayé ces dernières heures par des internautes qui contestent le réchauffement climatique
Photo illustration de la température en cette période de canicule.
Photo illustration de la température en cette période de canicule. - Mourad ALLILI/SIPA / /SIPA
Hakima Bounemoura

H. B.

L'essentiel

  • Le hashtag #secheressemoncul a abondamment été relayé ces dernières heures, se classant ce mardi dans le top 5 des tendances françaises sur Twitter.
  • Certains comptes climatosceptiques basent leur argumentaire sur le fait que les cartes météorologiques seraient mensongères, et artificiellement rougies afin de provoquer la panique chez les gens.
  • D’autres internautes expliquent quant à eux qu’il n’y a pas de sécheresse, car il a beaucoup plu chez eux ces dernières semaines.

Le mercure continue inexorablement de grimper. L’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord souffrent d’une chaleur extrême depuis quelques jours. De la Californie à la Chine, plusieurs régions ont dû être placées en alerte rouge. « Mensonges », « distorsion de la réalité » ou encore « données trompeuses », rétorquent sur les réseaux sociaux certains internautes, mettant en doute la parole des scientifiques. Preuves à l’appui, ces comptes affirment que le réchauffement climatique et la sécheresse actuelle en Europe seraient complètement « bidons ».

Le hashtag #secheressemoncul a ainsi abondamment été relayé ces dernières heures, se classant ce mardi dans le top 5 des tendances françaises sur Twitter. Des milliers de messages, avec photos et vidéos en illustration, expliquent que les températures actuelles sont à tout à fait normales, et dénoncent « une consigne afin de parler de canicule internationale ».

Des cartes météorologiques de plus en plus « rouges » ?

Ces comptes climatosceptiques basent notamment leur argumentaire sur le fait que les cartes météorologiques seraient mensongères, et artificiellement rougies afin de provoquer la panique chez les gens. Ils expliquent ainsi que les températures n’auraient pas augmenté, mais que ce sont les cartes des prévisions météo qui seraient aujourd’hui « de plus en plus rouges ».

Plusieurs posts avançant cette théorie ont été massivement retweetés, comme une carte allemande montrant deux images provenant de bulletins météorologiques, l’une en verte datant de 2017 avec des températures allant de 20 à 37°, et l’autre en rouge datant de 2022 avec un thermomètre allant de 19 à 32°. Il n’y a bien sûr aucune manipulation, comme l’ont démontré certains sites de fact-checking. L’émission allemande qui a diffusé ces cartes « dispose de deux formats de carte pour afficher la météo : l’un qui utilise des nuances de rouge et se concentre uniquement sur la température, et l’autre qui utilise du vert pour une prévision générale ».

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D’autres internautes climatosceptiques, plus terre à terre, expliquent quant à eux qu’il n’y a pas de sécheresse, car il a beaucoup plu chez eux ces dernières semaines. « Mon récupérateur d’eau de pluie de 85 litres plein malgré la #sécheresse asymptomatique », a ainsi tweeté un internaute, photo à l’appui. D’autres ont également posté des photos de fleuves ou rivières bien remplis. « Voici le fleuve Aude qui passe dans ma commune. Habituellement, en cette période de l’année, il est trois fois plus bas et nous voyons le fond et les poissons », s’interroge cet autre internaute, pour qui la sécheresse actuelle est une pure invention. Là aussi, de nombreux scientifiques ont démontré pourquoi cet argumentaire ne tenait pas la route. « Les climatosceptiques jouent sur deux définitions : la sécheresse agricole, et la sécheresse des nappes phréatiques », explique notamment sur Twitter Serge Zaka, agro-climatologue spécialisé sur l’impact du dérèglement climatique.

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Des spécialistes du climat « pris pour cible »

Comme lui, de nombreux météorologues et spécialistes du climat tentent quotidiennement de répondre à ces fausses affirmations, mais les commentaires complotistes sont chaque jour plus nombreux. Et les échanges tournent rapidement au harcèlement en ligne, aux insultes et aux menaces. « Après avoir reçu (littéralement) des milliers d’insultes de comptes peu scrupuleux de la science, la prévision des modèles prononcée il y a deux jours s’est révélée parfaitement exacte. Encore une fois. Merci aux scientifiques qui tiennent bon sur ce réseau », explique Serge Zaka, systématiquement pris pour cible depuis le début de la vague de chaleur, comme beaucoup de ses collègues. Pour éviter de s’exposer, certains préfèrent désormais ne plus s’exprimer sur les réseaux sociaux.

Les comptes climatosceptiques prennent de plus d’ampleur sur les réseaux sociaux. D’après une étude du CNRS parue en mars 2023, ces réseaux climatosceptiques sont bien organisés, et particulièrement actifs depuis quelques mois sur Twitter. « Leur objectif est de semer le doute sur la réalité du changement climatique, et de ralentir toutes les actions visant à réduire l’empreinte de l’humanité sur le climat », explique l’étude, qui a identifié « environ 10.000 comptes Twitter » problématiques. Parmi eux, de très nombreux comptes automatisés, des « bots » avec un taux « près de trois fois supérieur à celui des autres communautés ».