EmbrasementLes sapeurs-pompiers face à l’avancée inexorable des feux de forêts

Crise climatique : Les sapeurs-pompiers à bout de souffle face à l’avancée des feux de forêts

EmbrasementMatériel en souffrance, effectif insuffisant… Face au changement climatique et à l’augmentation du nombre d’hectares de forêt détruits, chaque année, par les feux, les sapeurs-pompiers ont de plus en plus de mal à faire face
Crise climatique : La France forcée d'adapter sa stratégie face aux feux de forêt
Emilie Petit

Emilie Petit

L'essentiel

  • Chaque année, le scénario catastrophe des feux de forêt, en France, se rapproche encore un peu plus du point de rupture.
  • Crise climatique oblige, la canicule et les sécheresses qui en découlent sont de plus en plus mortifères pour la végétation, quelle qu’elle soit.
  • Manque de moyens matériels, crise des vocations, dangerosité du métier, les sapeurs-pompiers tirent la langue depuis plusieurs années maintenant.

Il n’y a pas de fumée sans feu. 66.393 hectares* de forêt brûlés en 2022, contre 1.694 en 2008. Chaque année, le scénario catastrophe des feux de forêt, en France, se rapproche encore un peu plus du point de rupture. Crise climatique oblige, la canicule et les sécheresses qui en découlent sont de plus en plus mortifères pour la végétation, quelle qu’elle soit. Et pour les habitations alentour aussi.

« L’année dernière, nous avons échappé de justesse au drame. Malgré les nombreux feux qui se sont déclarés un peu partout dans le pays, nous n’avons déploré aucun mort », souffle Peter Gurruchaga, secrétaire général CGT des Sdis et sapeur-pompier dans le Val-d’Oise.

Pourtant, l’adaptabilité des troupes n’est pas chose facile. Manque de moyens matériels, crise des vocations, dangerosité du métier, les sapeurs-pompiers tirent la langue depuis plusieurs années maintenant. Avec la suppression de 1.000 camions-citernes depuis 2006, et une stratégie nationale difficilement duplicable d’une région à l’autre, pour des raisons géographiques et climatiques notamment, la profession est mise à mal. Alors, l’année 2022 encore bien présente dans les esprits des troupes, la saison estivale est, forcément, très redoutée.

Une extension géographique du risque d’incendie

« Avec le changement climatique, nous sommes désormais obligés d’ajuster la période de surveillance des zones sensibles, explique Peter Gurruchaga. Maintenant, c’est une problématique qui est désormais présente quasiment toute l’année » assure-t-il. Pour preuve, les plus de 20.000 hectares de forêts déjà partis en fumée depuis le début de l’année 2023. Car la stratégie qui consiste en l’attaque massive de feux naissants semble avoir atteint ses limites.

L’année dernière, les sapeurs-pompiers avaient dû faire face à des feux de forêt simultanés, en Gironde et dans l’Aude, entre autres. Et des régions comme la Bretagne, la façade atlantique ou encore le Massif centrale, jusque-là préservées, avaient dû faire face à leurs tout premiers feux de forêt.

« On pensait, jusqu’à maintenant, que la stratégie mise en place à la suite des énormes feux qui ont frappé le sud-est de la France, dans les années 1990, pouvait suffire. Sauf que les camions-citernes ont été délaissés. Et aujourd’hui, on se rend compte qu’ils sont indispensables », déplore le syndicaliste.

En déficit de camions-citernes pour 2023

Alors, pour répondre à une demande pressante de la profession, et à une nécessité pour éviter de voir se perdre les milliers d’hectares de forêt du pays encore debout, le gouvernement a annoncé, en avril dernier, une batterie de mesures visant à renforcer les bataillons. « C’est bien d’annoncer la commande de 1.100 camions-citernes feux forêt, le problème c’est que ça arrive un peu tard. Car avec les difficultés, ces derniers mois, de se procurer certains matériaux, nous en manquerons pour faire face aux feux de cet été », regrette Peter Gurruchaga.

En soutien aux sapeurs-pompiers, l’ONF et Météo-France ont d’ores et déjà mis en place des stations et capteurs supplémentaires permettant de détecter des changements de la pression atmosphérique ou de la fumée avant un départ de feu. Météo-France a également lancé une « météo des forêts » pour alerter sur les risques de départ de feu par départements.

Pour voir l’intégralité de notre entretien avec Peter Gurruchaga, rendez-vous dans la vidéo tout en haut de cet article !

(*) Source : Statista