Pause pipi (3/5)Le pipi à côté de la cuvette a-t-il une explication scientifique ?

Marre des gouttes par terre... Pourquoi les hommes font-ils pipi à côté de la cuvette ?

Pause pipi (3/5)C’est un mystère qui échappe à au moins la moitié de l’humanité
Peut-être que cet homme aux pieds velus s'apprête à essuyer les gouttes de pipi qu'il a laissées au sol après avoir uriné?
Peut-être que cet homme aux pieds velus s'apprête à essuyer les gouttes de pipi qu'il a laissées au sol après avoir uriné? - Richard Hudgins/REX / SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Voilà un geste élémentaire du quotidien : uriner. Indispensable au point qu’à 20 Minutes, on a décidé de se pencher sérieusement sur le sujet.
  • Faire pipi, c’est simple. Mais en pratique, on se heurte à des considérations physiques et psychologiques parfois insoupçonnées, et à des habitudes qui ne sont pas toujours bonnes.
  • Et parmi ces mauvaises habitudes : faire pipi à côté de la cuvette. Ces petites gouttes par terre sont-elles le résultat d’un manque d’attention, ou ont-elles une explication scientifique ? (Explication qui ne dispenserait pas de les nettoyer évidemment). C’est le thème de ce troisième volet de notre série « Pause pipi ».

Quelques gouttes qui peuvent rendre chèvre. Il y a ceux qui passent sous les radars, qui prennent soin d’effacer les traces de leurs méfaits. Et les autres - toujours beaucoup trop nombreux - qui, en plus de ne pas rebaisser la lunette des toilettes derrière eux, laissent quelques gouttes de pipi dans un proche périmètre de la cuvette, provoquant l’ire des personnes qui partagent leur vie. Et leurs toilettes.

Oui, cela s’adresse à vous messieurs : pourquoi diable arrosez-vous tout le secteur quand vous urinez ? Est-ce une manière néandertalienne de marquer votre territoire ? Y a-t-il une explication scientifico-médicale à ce phénomène, qui reste un mystère pour au moins la moitié de l’humanité ?

« Les hommes ne savent-ils pas viser ? »

Alexandra, qui se décrit comme une personne « de bonne humeur en général », sent l’agacement l’envahir dès qu'elle va aux toilettes après son compagnon. « A chaque fois c’est pareil, il y a toujours quelques gouttes par terre. Et en soulevant la lunette, il y en a aussi sur le pourtour de la cuvette, décrit la jeune femme. Ça me rend dingue, et surtout, je ne comprends pas : les hommes ne savent-ils pas viser ? Parce que quelqu’un qui fait pipi debout tient son pénis, donc le jet d’urine est dirigeable, non ? »

Eh bien peut-être pas totalement. « Je ne le fais évidemment pas exprès, mais en urinant debout, il peut m’arriver d’éclabousser un peu malgré moi, confie Aurélien. Je ne saurais pas l’expliquer, mais parfois, c’est comme si ça ne visait pas droit. Comme s’il y avait des soubresauts ou un tressaillement dans mon jet d’urine, comme un tuyau où le jet part un peu à côté, plaisante le jeune homme. Est-ce physiologique ou pas ? Je n’en sais rien ».

« En gardant l’analogie du tuyau d’arrosage, selon la manière dont vous tenez ou pincez la verge, cela peut comprimer l’urètre, au point que le jet peut changer brutalement, explique le Dr Anthony Giwerc, chirurgien-urologue à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. En outre, les secousses qu’on peut créer par impulsions dans le ventre ou le périnée, quand on force un peu pour uriner, vont faire que le tuyau d’arrosage va bouger la plupart du temps. De la même manière, si vous toussez pendant que vous urinez, il y a tout qui tremble, ça fait l’hélicoptère et vous arrosez la cuvette et le sol ».

« Il peut y avoir un jet qui se divise en deux »

Le plus souvent, l’affaire se passe bien, c’est-à-dire proprement. « Si on tient la verge dans la main et qu’on vise, il n’y a pas de problème. En revanche, souligne le Dr Giwerc, il arrive parfois, lorsqu'apparaissent des symptômes urinaires invalidants, dus par exemple à une prostate qui grossit et qui peut gêner à la miction, que le jet se divise en deux, comme lorsque vous pincez un tuyau d’arrosage », décrit le chirurgien urologue.

Et si vous n’avez pas uriné depuis un moment, « l’urètre peut être sec et collabé. Dès que le premier jet part, il va en quelque sorte déboucher l’urètre et au passage faire un petit effet de pression qui va envoyer l’urine à côté, poursuit le chirurgien urologue. Et pareil, à la fin de la miction, on peut contracter le périnée pour vidanger, ce qu’on appelle les gouttes retardataires et que les hommes connaissent bien. Ce sont de petites gouttes qui arrivent en fin de miction et qui peuvent être invalidantes parce qu’elles vont non seulement tacher la cuvette, mais parfois aussi le slip, ajoute-t-il. Cela peut être quelques gouttes, mais chez certains, c’est même un deuxième jet donnant l’impression qu’il y a encore une miction, et on se retrouve à refaire pipi alors qu’on pensait avoir terminé ».

Le phénomène a donc bien une cause scientifique. Mais là où la science n’explique ni ne dédouane de rien, c’est quand on ne nettoie pas sa production. Ce qui n’est pas le cas d’Aurélien, qui, lui, fait le plus souvent pipi assis. « Je préfère, c'est plus pratique et ça évite d’en mettre à côté ! Mais pour les fois où j’urine debout et que quelques gouttes atterrissent au sol, j’essuie avec du papier toilette et je passe un coup de lingette désinfectante ». Beaucoup devraient en prendre de la graine !