toujours plusDes injections de botox pour ne plus transpirer, une drôle idée ?

Se faire injecter du botox pour ne plus transpirer, drôle d’idée ?

toujours plusPour ne plus suer à grosses gouttes, certaines personnes choisissent de se faire injecter du botox sur certaines parties du corps. Une pratique de plus en plus répandue qui pose question
Quinze piqûres de botox sous les bras et adios la transpi.
Quinze piqûres de botox sous les bras et adios la transpi.  - Canva / Canva
Lise Abou Mansour

Lise Abou Mansour

L'essentiel

  • De plus en plus de personnes se font injecter du botox sous les aisselles, sur le visage, les pieds ou les mains afin de s’empêcher de transpirer.
  • « C’est une demande très fréquente », explique Taliah Schmitt, chirurgienne esthétique.
  • Cette intervention est-elle dangereuse pour la santé ? 20 Minutes a posé la question à deux chirurgiens.

On connaissait l’utilisation du botox pour combler les rides du visage. Beaucoup moins son usage sous… les aisselles. L’idée semble pour le moins saugrenue. Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’obtenir les dessous-de-bras d’une jeune femme de 18 ans, mais de supprimer sa transpiration (si tant est que ça vous rassure…). Ces injections de toxine botulique peuvent également être réalisées sur le visage, les mains et les pieds, souvent pour « des personnes ayant des complexes depuis des années », nous dit Benjamin Sarfati, chirurgien esthétique et plastique. Le professionnel voit de plus en plus d’hommes et de femmes, jeunes pour la plupart, franchir la porte de son cabinet pour dire adieu à leur transpiration.

« C’est une demande très fréquente et qui l’est de plus en plus, souligne Taliah Schmitt, chirurgienne esthétique. Pour certains, c’est devenu une routine de beauté. » Une routine qui n’est pas réservée qu’aux 1 à 3 % de la population souffrant d’hyperhidrose, une transpiration excessive. « Beaucoup de patients viennent en amont d’une occasion spéciale », ajoute la spécialiste. La peur de voir apparaître de grosses auréoles sous leurs bras sur leur photo de mariage, ou une goutte de sueur qui perle sur leur front pendant un entretien d’embauche poussent ainsi certaines personnes à se laisser tenter par l’aiguille.

Bloquer les glandes sudoripares

« Il s’agit du même botox que pour les rides, mais dilué différemment », explique Benjamin Sarfati. Lors de la séance, de multiples injections sont faites sur la zone à traiter, afin de répartir le produit. « L’injection de toxine botulique vient bloquer le neurotransmetteur responsable des glandes sudoripares, qui sécrètent la sueur », précise la médecin. Ces glandes étant plus nombreuses au niveau des aisselles, des mains, des pieds, du visage et de l’aine (bref, là où l’on transpire le plus), les demandes concernent majoritairement ces parties du corps.

Pour dire adieu à ses gouttes de sueur, il faudra compter une vingtaine de minutes, et débourser entre 500 et 900 euros selon la zone concernée. Les injections montrent leur efficacité au bout de dix jours. Mais l’action ne dure que quatre à huit mois, et les piqûres doivent donc être renouvelées régulièrement si la personne veut définitivement se débarrasser de sa transpiration.

Quelques effets secondaires mineurs

Après tout, est-ce bien sain de bloquer sa transpiration ? Car la sueur n’est pas là pour faire joli (ou moche, selon votre vision des choses). Elle permet notamment d’évacuer des toxines et des déchets du métabolisme tels que l’urée, l’ammoniac ou l’acide urique. « La bloquer n’est absolument pas délétère, tempère le chirurgien. L’intervention se fait sur une zone très réduite. On ne supprime pas la sudation dans tout le corps. Le seul risque, c’est que ce ne soit pas efficace. »

Mais si elle ne sort plus par les aisselles, la sueur sera-t-elle doublement évacuée par le front ou les pieds ? Une théorie répandue que balaie d’un revers de main le chirurgien. « C’est une légende urbaine, considère Benjamin Sarfati. C’est le cas avec des opérations ayant le même but, telles que l’ablation chirurgicale des glandes sudoripares ou la coupe des voies nerveuses s’occupant de la sudation, mais pas avec des injections de botox. »

Une intervention pas délétère, donc, mais avec de possibles effets secondaires. L’intervention peut d’abord être douloureuse, notamment lorsqu’elle est réalisée au niveau des mains ou des pieds. « Sur ces zones, on a beaucoup de muscles sous la peau, ajoute Taliah Schmitt. Les injections peuvent facilement entraîner des faiblesses musculaires. » Les professionnels vont donc utiliser des doses plus faibles que pour les aisselles. Parce que c’est bien beau de ne plus transpirer, mais si c’est pour ne plus pouvoir marcher, ce n’était peut-être finalement pas la peine de se faire piquer…