BRAS DE FERAvant un sommet crucial de la Cedeao, Niamey s’en prend à la France

Coup d’Etat au Niger : Avant un sommet crucial de la Cedeao, Niamey s’en prend à la France

BRAS DE FERLes militaires au pouvoir à Niamey accusent Paris, qui dément, d’avoir libéré des djihadistes et violé l’espace aérien du Niger
Des membres de la junte qui a pris le pouvoir au Niger, lors d'un rassemblement dans un stade à Niamey, le 6 août 2023.
Des membres de la junte qui a pris le pouvoir au Niger, lors d'un rassemblement dans un stade à Niamey, le 6 août 2023. - AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les choses s’enveniment encore un peu plus entre Paris et Niamey. Les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger ont accusé mercredi la France d’avoir libéré des djihadistes et violé l’espace aérien du pays, à la veille d’un important sommet sur la crise.

Les dirigeants des pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), opposés au coup d’Etat, donnent toujours la priorité à la diplomatie, tout en maintenant la menace d’intervention armée. Ils doivent se réunir ce jeudi lors d’un sommet à Abuja, capitale du Nigeria, pour évaluer la situation.

La junte enchaîne les signes de défiance

Mardi, une délégation conjointe de la Cedeao, de l’Union africaine et de l’ONU n’avait pu se rendre à Niamey, sa mission ayant été annulée par les militaires pour des raisons de « sécurité », face à la « colère » des « populations ». Le report de cette visite s’ajoute à un autre signe de défiance des nouveaux dirigeants nigériens : la nomination lundi d’un Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, qui semble être la première étape vers un gouvernement de transition.

S’envolant pour Abuja mercredi soir, le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo a lancé : « Le seul président que nous reconnaissons (au Niger), c’est (le président renversé Mohamed) Bazoum ». « Si vous ne voulez pas d’un gouvernement ou d’un président, sanctionnez-le par les urnes (…) Les coups d’Etat doivent être bannis », a-t-il ajouté, estimant que la Cedeao, dont son pays et le Niger font partie, jouait son existence après les putschs dans trois autres Etats membres (Mali, Guinée, Burkina Faso) depuis 2020.

Les Etats-Unis ont en outre exprimé mercredi leur inquiétude à propos des conditions de détention du président Bazoum, détenu depuis le coup d’Etat du 26 juillet dans sa résidence présidentielle. « Nous sommes fortement inquiets pour sa santé et sa sécurité ainsi que celle de sa famille », a déclaré le département, à la suite d’un appel entre le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et Mohamed Bazoum. Le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) de Mohamed Bazoum a pour sa part affirmé qu’il était séquestré sans eau ni électricité et vivait sur des réserves.

Un vol « autorisé », selon Paris

La tension continue donc de monter avant le sommet de ce jeudi. Mercredi, le régime militaire a ainsi accusé la France d’avoir violé dans la matinée l’espace aérien nigérien, fermé depuis dimanche, avec un avion de l’armée française venu du Tchad, et d’avoir « libéré des terroristes ». Sans faire de lien direct avec cette « libération », mais dans un même communiqué, le régime nigérien a annoncé que, mercredi matin, « la position de la garde nationale de Boukou », dans la zone des trois frontières entre Niger, Burkina Faso et Mali, « a fait l’objet d’une attaque » dont « le bilan n’est pas encore établi ».

Des accusations aussitôt démenties par Paris. « Le vol effectué ce matin (mercredi) a été autorisé et coordonné avec l’armée nigérienne », a indiqué une source gouvernementale française. « Et aucun terroriste n’a été libéré par les forces françaises ».